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La Rhodanienne de 27 ans, originaire de Saint-Romain-en-Popey, est
accusée d'avoir participé à un trafic de drogue puisqu'elle avait été
arrêtée en 2011 à l'aéroport de l'Ile Maurice en possession de 1680
cachets de Subutex. Aurore clame depuis trois ans son innocence,
expliquant avoir été piégée par son ex-petit ami resté en France et qui
lui avait préparé son sac.
Le procès doit se terminer vendredi et Aurore, qui a déjà fait trois
années de détention préventive, risque jusqu'à 60 ans de prison.
Le collectif de soutien d'Aurore a cosigné avec sa mère et son père une lettre ouverte que LyonMag reproduit ce mercredi :
Chers Tous,
En ce jour de reprise du procès aux assises d'Aurore Gros-Coissy, qui crie de façon constante son innocence, alors même qu'elle est victime d'une détention injustifiée dans des conditions inacceptables à l'Ile Maurice ;
Nous tenions à remercier les mauriciens et les français qui se sont mobilisés ainsi que les différents médias pour le travail de conscientisation et de sensibilisation. Nous sommes très fiers du soutien unanime de l'opinion !
Nous regrettons que les justices mauriciennes et françaises ne se posent pas les bonnes questions pour rechercher la vérité !
Grâce à la diffusion de nombreux reportages et articles, nous avons reçu des informations et des témoignages crédibles de nombreuses personnes qui étayent la version d'Aurore, si besoin est ! Ces témoins-clés s'étaient pourtant manifestés spontanément dès 2011 auprès d'hôtels de police, y compris le plus célèbre de France, sans qu'il y ait des suites !
Pour éviter tout risque d'erreur judiciaire flagrant il serait sage que la justice examine ces informations, pour que la vérité soit faite !
POURQUOI UNE TELLE SITUATION EN FRANCE ET À MAURICE ?
Suite aux débats publics qui consistent à renvoyer l'hypocrisie de l'un sur l'hypocrisie de l'autre, nous voulons dire ceci:
OÙ EST LA GRANDE HYPOCRISIE: Quand les détenus et leurs familles sont abandonnés et culpabilisés, sans aide administrative et soutien psychologique des deux États ?
OÙ EST LA GRANDE HYPOCRISIE: Quand les deux États peuvent mettre fin au trafic de Subutex du jour au lendemain et que rien n'est fait ?
OÙ EST LA GRANDE HYPOCRISIE: Quand une véritable coopération policière et judiciaire, rapide, efficace tarde à se mettre en place ?
OÙ EST LA GRANDE HYPOCRISIE: Quand des trous abyssaux sont constatés dans le rapport de la police mauricienne, qui sert de base pour le procès d'Aurore (par exemple l'absence des empreintes digitales relevées sur le paquet de biscuits et le cadena de la valise), à tel point que les témoins à charge s'enfoncent dans leurs contradictions ?
OÙ EST LA GRANDE HYPOCRISIE: Quand des services sous l'autorité des deux ministères de la santé, multiplient les décisions faisant exploser le trafic de Subutex ou de médicaments ? Des nouvelles mesures, défiant le sens commun, seront encore appliquées pour le prochain trimestre ?
OÙ EST LA GRANDE HYPOCRISIE: Quand Tinsley Cornell le principal suspect et ses complices ne sont pas retracés par les autorités policières et Interpol ?
OÙ EST LA GRANDE HYPOCRISIE: Quand aucune information judiciaire n'est logée pour retracer les véritables auteurs du trafic, via les références des médicaments obtenues très difficilement ; Les administrations concernées préférant évoquer une forme d'impossibilité, alors que nous avons la preuve de la faisabilité de l'enquête ?
OÙ EST LA GRANDE HYPOCRISIE: Quand le gouvernement mauricien refuse l'introduction d'une molécule nettement moins trafiquable que Subutex ?
OÙ EST LA GRANDE HYPOCRISIE: Quand le gouvernement français facilite le mésusage de cinq nouveaux génériques du Subutex qui alimenteront d'autant plus le trafic au lieu de prendre des mesures pour limiter ce problème ?
OÙ EST LA GRANDE HYPOCRISIE: Quand les familles des détenues sont exposées à des pseudo bons samaritains mauriciens qui facturent des prestations ou des frais disproportionnés, sous couvert d'assistance humanitaire, développant ainsi une forme d'instabilité et d'insécurité ?
NOUS NOUS INTERROGEONS BEAUCOUP ! MAIS COMME NOUS AVONS LE SENS DE L'INTERET GÉNÉRAL, NOUS VOULONS VOUS DONNER NOS PREMIERES PROPOSITIONS DE RECADRAGE !
En France, pourquoi nous demandons un nombre limité de médecins prescripteurs de Subutex par villes ou secteurs définis, tout simplement, pour gérer durablement le nomadisme, leur rôle sera de réduire progressivement mais rapidement les dosages du Subutex chez les patients jusqu'au sevrage définitif. Ensuite, afin de s'assurer qu'à long terme, il n'y aura pas de risques de rechute, les médecins de villes pourront eux, initier le Suboxone, traitement qui ne posera pas les soucis de mésusages et de trafic observés actuellement avec le Subutex !
POUR QUE DEMAIN SOIT SANS DERIVE ET SANS TRAFIC: Nous demandons des sérieux changements du cadre de prise en charge globale des usagers de drogue substitués aux Subutex ou à son générique !
Le Subutex (buprénorphine haut dosage ou BHD) est commercialisé depuis 1996 dans le traitement de la dépendance majeure aux opiacés. Dès sa commercialisation, des effets pervers sont apparus progressivement et remettent en question l’intérêt de ce traitement.
On les répertorie en 3 points :
- Le trafic de Subutex
- Les décès liés aux co-consommations et mésusages
- L’entrée de la toxicomanie par le Subutex
Visiblement les pratiques ont évolué plus vite que les règlements
Les bonnes pratiques de prescriptions mises en place et révisées depuis 1996 étaient sous forme de « RECOMMANDATIONS », un cadre de prescriptions « OBLIGATOIRE » nous apparaît dorénavant essentiel !
On a décrié l’usage du Néo-codion en auto-substitution (2 à 3 boîtes par jour/patient) et une campagne commerciale initiée par le laboratoire de l'époque Shering Plough fut mise en place pour lutter contre cette substitution sauvage.
Qu’apporte le Subutex de plus que le Néo-codion si ce n’est un fidèle client au médecin ? L’auto-substitution au Néo-codion est-elle plus dangereuse que la dépendance au Subutex ?
A partir du moment où l’usager doit débourser pour sa substitution, n’est-il pas confronté à devoir se limiter ? Subutex est un médicament remboursé le plus souvent à 100%
Les prescriptions BAS SEUIL (sans contrôle) permettent de toute évidence les dérives ! Une ordonnance prescrite d’emblée 28 jours à délivrer en 1 seule fois sont à proscrire.
Le médecin, comme trop souvent, ne doit plus se cantonner à un rôle de prescripteur mais doit intégrer la prise en charge globale en commençant par vérifier l’authenticité de la dépendance aux opiacés.
Limiter la prescription de Subutex à quelques médecins uniquement par ville ou par secteurs déterminés afin d’éviter les multi-prescriptions.
Limiter le nombre de pharmacies qui délivrent le Subutex à une ou deux par ville ou secteurs définis (idem pour les autres stupéfiants).
Les visiteurs médicaux du laboratoire Schering Plough avaient pour mission d’identifier les médecins prescripteurs de stupéfiants, benzodiazépines et autres auprès des médecins inspecteurs DDASS, des médecins chargés du dossier toxicomanie à la Sécurité Sociale ainsi qu’auprès des pharmaciens. Ces interlocuteurs devenaient ainsi sources d'information pour la commercialisation du Subutex.
Dorénavant un interlocuteur à la Sécurité Sociale sur chaque département devra tenir un rôle de contrôleur de toutes les ordonnances prescrites de Subutex sur son secteur. Il pourra ainsi s’assurer du suivi de l’usager au long cours et si dérives, il y a, les intercepter !
Pourquoi pas un contrôle régulier de l’usager auprès du médecin de la sécurité sociale ? (rendez -vous mis en place par le contrôleur ?)
S’assurer qu’il n’y a pas de co-prescriptions de benzodiazépines ou autres qui peuvent provoquer une dépression respiratoire.
Stabilisation du traitement de Subutex longue durée mais avec réduction progressive des dosages et sevrage à envisager.
Suite à des pseudo enquêtes rémunérées aux médecins, la divulgation des dossiers médicaux des usagers de drogues se retrouvaient dans les mains de visiteurs médicaux et des laboratoires. Nous demandons à ce que la violation des dossiers médicaux soit formellement interdite et sévèrement condamnée si tel est le cas !
EXIGENCES LEGALES:
Ordonnances sécurisées délivrées tamponnées recueillies spécifiquement par un interlocuteur précis à la sécurité sociale
Ordonnances datées et signées + cachet du médecin
Doivent apparaître le nom, le prénom, l’âge, le sexe et l’adresse du patient sur l’ordonnance
Ecrire en toutes lettres la posologie qui ne devra pas excéder 16 mg (dosage maximum)
Rythme de délivrance ne devant pas excéder 7 jours.
Pas de chevauchement d’ordonnances.
Prise de contact obligatoire entre le médecin et le pharmacien avant la première prescription..
Indiquer systématiquement le nom de la pharmacie sur l’ordonnance
La formation concernant ce produit devant être dorénavant assurée par le ministère de la santé ou un organisme rattaché.
Toute étude clinique d’évaluation ou autres doivent être mises en place par le ministère de la santé ou organisme rattaché. Les études cliniques à l’initiative des laboratoires étant très souvent faussées.
Nous sommes une organisation qui œuvre pour la défense des victimes des mésusages des médicaments. Notre objectif étant dans un premier temps de prévenir des risques judiciaires et des risques de santé publiques en essayant d'améliorer le cadre de prescription de médicaments et stupéfiants pour éviter dérives et trafics. Nous avons soumis des propositions notamment au laboratoire et au ministère de la santé.
Désormais le temps des omissions et des démissions est révolu ! Les conditions sont réunies pour que chacun prenne ses responsabilités et que des mesures concrètes soient prises, au plus haut niveau, pour remédier à cette situation inadmissible !
Séline et André Gros-Coissy
Farid Dekhli, porte parole de l'ONG
Victimes du Détournement de Médicaments et Stupéfiants