Les sénateurs étant élus par des élus et des délégués d'élus, c'est à une représentation révélatrice de notre paysage politique rhodanien qu'on assiste dans ce qui est pourtant la moins passionnante des élections. Un suffrage qui est parangon de gérontocratie, dans lequel un esprit original aurait plus de mal à se faire une place qu'un bouddhiste d'être élu à la tête de l'ISIS
Dans le Rhône, où 7 places à la chambre haute étaient en jeu, le PCF perd son siège, qu'il détenait jusqu'ici grâce à des listes d'union de la gauche. L'UDI en perd 1 et en garde 1, l'UMP récupérant ces deux places et portant son total de sénateurs à 4. Quand au PS, malgré les prophéties sombres qu'on lui faisait, il garde les 2 sièges dont il disposait auparavant.
Les communistes, malgré le talent incontestable de Martial Passi, prennent à plein leur cavalier seul et surtout leurs défaites à Vaulx-en-Velin, à Pierre-Bénite et à Grigny. A l'exception de quelques élus de la majorité du Grand Lyon autour de Thérèse Rabatel, ils n'ont réussi à fédérer officiellement personne en dehors de leurs troupes. C'est donc une nouvelle étape dans le recul du PCF et de ses alliés dans le département. Recul qui pourrait être confirmé encore si jamais l'élection municipale de Vénissieux devait se rejouer dans les mois qui viennent suite à une annulation. Le socialiste Lotfi Ben Khelifa est prêt à en découdre et à proposer une nouvelle route aux habitants de ce bastion rouge vif.
Les écologistes, eux ne jouaient pas grand chose et leurs élus n'ont pas réussi (ont-ils réellement essayé ?) à convaincre grand monde de leur apporter des suffrages.
A gauche toujours, le PS est le seul à obtenir des sénateurs en les personnes de Gérard Collomb et Annie Guillemot. Deux sénateurs, soit autant qu'aux élections précédentes, qui se déroulaient dans des circonstances autrement plus favorables pour les socialistes. La gauche de Rillieux la Pape n'avait pas encore prouvé sa stupidité manifeste en laissant les clés à d'autres, Saint-Priest, Décines et d'autres n'étaient pas à l'époque, peintes en bleues. Un résultat qui fait mentir certains mauvais pronostics et plus que sauver les meubles.
A droite l'UMP garde ses deux sièges et récupère en plus celui occupé auparavant par le PCF et l'un des deux centristes. Une progression importante et assez logique pour un parti qui a toujours eu un bon réservoir de voix dans les zones rurales, les beaux quartiers du centre-ville et les villes cossues de l'ouest lyonnais mais qui a aussi fait des percées majeures dans l'est et sud aux dernières échéances. François-Noël Buffet pourra donc récupérer de sa cuisante défaite au Grand Lyon face à Gérard Collomb en s'asseyant de nouveau dans le velours du Palais du Luxembourg.
A droite encore, si Michel Mercier l'homme fort du centre-droit et du futur Rhône sauve son siège, sa liste est en recul et perd du terrain et une élue. Une influence qui commence à reculer avec la séparation entre Rhône et Métropole prévue le 1er janvier.
Reste une question futile et une question qui l'est moins et qui a été posée par mon ami Jérôme Saddier : si bien évidemment les sénateurs sont des élus de toute la nation, ils représentent aussi des territoires. Et les sénateurs issus de la future métropole seront-ils encore des sénateurs du département du Rhône alors que celui-ci n'existerait plus sur leur territoire? Ou seront-ils des sénateurs de la métropole de Lyon sachant qu'ils auront pourtant été élus aussi par des voix d'autres endroits ?
Plus intéressant est la question de ce que vont faire les sénateurs ainsi élus et réélus. On n’avait pas noté d'ailleurs que le bref passage à gauche de la chambre haute ait révolutionné quoi que ce soit. Le repassage à droite devrait, lui, avoir pour résultat de ralentir l'action de notre pays. Et puis ce cumul : pas un seul sénateur du Rhône n'occupe pas déjà une fonction élective. Certains seront obligé de choisir en 2017, date d'entée en vigueur de la loi sur le cumul des mandats votée par la majorité de gauche.
On entend fréquemment de la part des cumulards qu'il faut disposer d'un mandat national pour défendre son territoire dans une France très centralisée encore. Entre lois sur la Métropole, élection sénatoriale et réflexion sur le rôle des région, n'est-il pas temps de réellement changer les institutions pour avoir une République plus puissante dans ses territoires et donc rendre définitivement le pas très utile sénat aux oubliettes de l'histoire?
Bonne semaine à vous.
Retrouvez tous les billets de Romain Blachier sur son site
Romain Blachier
Dimanche 28 Septembre 2014 à 18h45
Les sénatoriales, morne plaine
Romain Blachier - DR
C'est une nouvelle carte politique locale qui se confirme avec les élections sénatoriales de ce jour.
Tags :
blachier
Sur le même sujet
02/12/2022 à 08:40 - La Ville de Lyon arrivera-t-elle à mettre fin à la guerre du tennis ?
29/05/2022 à 13:07 - Pourquoi la droite lyonnaise ne réfléchit plus
24/05/2022 à 11:05 - Seconds pronostics des prochaines élections législatives sur le Rhône
02/03/2022 à 12:18 - Mélenchon en meeting à La Croix-Rousse : Jean-Luc, il faut assumer d’être un traitre
23/07/2021 à 08:37 - Pourquoi Kaamelott est aussi notre histoire à tous
23/04/2021 à 10:30 - Culture : pourquoi l’année blanche pose la question du traitement de la précarité en France
15/03/2021 à 11:10 - Une idée : pour détruire le Covid-19, laissez-nous aller en festival en plein air !
27/11/2020 à 08:54 - Sondage des régionales : sortir du “Tout sauf Wauquiez”
22/07/2020 à 10:37 - Axelle : le drame et les idéologies partisanes
02/07/2020 à 10:46 - Gégé de Lyon
10/05/2020 à 12:54 - Le bruit des couteaux
27/04/2020 à 12:48 - Et après à Lyon ?
Laisser un commentaire
Le compte Lyon Mag est gratuit et facultatif. Il vous permet notamment de réserver votre pseudonyme pour les commentaires, afin que personne ne puisse utiliser le pseudo que vous avez enregistré.
Vous pouvez créer un compte gratuitement en cliquant ici.
Vous pouvez créer un compte gratuitement en cliquant ici.
Bonjour
Signaler Répondreloin de moi l'idée de nier la capacité des communistes dans cette élection. Mais force est de constater que si ils ont en effet dépassé leurs grands électeurs encartés, si EELV s'est retrouvé loin derrière, ils n'ont pas reussi à unir derrière leur candidature d'autres forces que quellques LGS. Dommage que ce ne soit que de 5 voix que le sénat échappe à Passi...
bien à vous
"Les communistes, malgré le talent incontestable de Martial Passi, prennent à plein leur cavalier seul et surtout leurs défaites à Vaulx-en-Velin, à Pierre-Bénite et à Grigny. A l'exception de quelques élus de la majorité du Grand Lyon autour de Thérèse Rabatel, ils n'ont réussi à fédérer officiellement personne en dehors de leurs troupes"
Signaler RépondreSauf que en partant de 120 grands électeurs les communistes ont rassemblé 308 suffrages soit 188 en plus, soit plus que le nombre de votes pour la liste des Verts. Il faudrait voir à mesurer les choses plus justement surtout que pour une fois la presse locale entière vient invalider ce propos.
Le FN, c'est bonnet blanc, blanc bonnet.
Signaler RépondreL'UMPS cumule, le FN cumule.
et les écarts de salaire en entreprise? curieusement fanfan n'en parle jamais...
Signaler RépondreIl faut aussi supprimer le système électoral qui met en exergue les partis et non les compétences des hommes.
Signaler RépondreVive la VIème République avec un Président et tous ces hauts fonctionnaires qui seront rémunéré(es) selon leurs résultats.
Il faut abolir leurs droits divins et les considérés comme des citoyen(nes) normaux.
Dans une entreprise, si on manque trop ou sans raison, on vous licencie sans indemnités.
Mais les Français(es) sont d'une stupidité inouie et d'un opportunisme qui nous a souvent coûté!
http://blogs.mediapart.fr/blog/free69/080614/le-pouvoir-dachat-des-elus-es
http://blogs.mediapart.fr/blog/free69/270714/la-haute-autorite-pour-la-transparence-de-la-vie-publique
Si vous saviez à quel point le simple citoyen en à rien à ciré .C'est le genre de sujet qui pourrait alimenté une discussions pendant un piquet de grève des pilotes d'air france
Signaler RépondreIl était difficile pour le PS de prendre plus de sièges qu'au précédent scrutin. C'est par contre un vrai problème pour le PCF qui, après avoir perdu son dernier député en 2012, vient de perdre son sénateur.
Signaler Répondreou le réformer
Signaler RépondreOh sur ce point ça ne date pas d'aujourd'hui cette demande rassurez-vous.Et en effet le contraste ne fut pas saisissant.A cause aussi (mais pas seulement) d'une majorité instable
Signaler Répondrele jour où on verra le sénat supprimé pour les raisons d'inutilité supérieure aux bénéfices ,on pourra dire que les politiques enfin agissent dans l’intérêt général et sont prêt à faire des réformes de l 'appareil de l’État. Malheureusement les intérêts particuliers l'emportent sur ceux de la France
Signaler RépondreLes élus FN deviennent des cumulards.
Signaler RépondreAh les beaux UMPSFNEELVPC !!!
A quand la suppression de cette assemblée qui ne set à rien ?
Signaler RépondreRavie que ni Collomb, ni Passi n'aient obtenu ce siège qui leur échappe de justesse ! La preuve est qu'en divisant la gauche et en voulant s'accaparer chacun le(s) poste(s) éligible(s) pour son propre compte en y mettant ceux qu'ils choisiraient (à savoir d'abord eux-mêmes puis d'autres), ce siège que la Droite gagne leur échappe. Espérons que cela leur serve de leçon !
Signaler RépondreLes élections sénatoriales ce sont les grands électeurs qui votent..., tout un programme, ce n'est pas très démocratique, pourquoi ne pas supprimer le sénat.....enfin c'est un avis......
Signaler Répondre"rendre définitivement le pas très utile sénat aux oubliettes de l'histoire?" : facile à écrire le jour où le PS rend les clés de la Chambre haute après une présidence J-P Bel qui aura loupé l'occasion historique offerte par le scrutin de 2011.
Signaler RépondreJe suis dégoutée en apprenant que les 2 Maffieux (G.COLLOMB et M. MERCIER du Rhône ) ont été réélu. Pour eux le cumul des mandats est synonyme de magouille financière et politicienne! Compte tenu que cette élection se passe du vote des citoyen(nes) de ce pays, on ne peut pas être étonner du résultat! Magouille blues! http://blogs.mediapart.fr/blog/free69/200514/la-gestion-et-la-vie-politique-du-conseil-general-2004
Signaler Répondre