Lyon ville internationale… parfois

Lyon ville internationale… parfois
Romain Meltz - DR

Pendant les municipales, à gauche comme à droite, les opposants de Gérard Collomb ont passé leur temps à lui reprocher son goût immodéré pour son concept phare du rayonnement international de Lyon.

Le reproche est facile à nourrir car Collomb ne manque jamais une occasion d’asséner que depuis 2001 Lyon appartient à la ligue premium des villes à rayonnement mondial qui comprend des concurrentes comme Amsterdam ou Barcelone (tout en devançant sans difficulté des pauvres bourgades éteintes et autocentrées comme Marseille ou Paris). Je me rappelle Gérard Collomb, en janvier dernier, lorsqu’il soulignait les retours sur investissement dont Lyon bénéficiait grâce à son action de Maire-VRP, en Chine, au Japon, en Corée, souvenirs de sa visite de juillet 2013. Il est vrai que cela produit des résultats. Faire de Lyon une ville en lice pour le prix du rayonnement intergalactique a permis  d’attirer en 2013 pas moins de 77 entreprises étrangères (avec, à terme la création de 2200 emplois directs), chiffres officiels que le Maire au rayonnement international met en avant. La Fête des Lumières pour cars de touristes déverseurs, les ambassadeurs de Lyon, le festival Lumière, un ensemble d’actions de Lyon qui veut servir son rayonnement international.

Lyon n’est plus membre de l’association des villes éducatrices

Mais curieusement, la pratique de l’international s’arrête net pour Lyon, au moment où ça aurait pu devenir un peu sérieux : au sein de l’Association Internationale des Villes éducatrices. Lyon a en effet décidée, en juin dernier, d’abandonner la présidence  française de cette association internationale où depuis 1998 la ville partageait avec d’autres villes de la planète, les bonnes recettes de ce qui marchait et ce qui ne marchait pas en matière d’éducation et d’accueil des jeunes enfants.
Et non seulement Lyon abandonne la présidence, mais elle ne veut même plus en être membre du réseau français de l’Association Internationale. C’est fini. Les contraintes budgétaires paraît-il. La cotisation à l’Association Internationale des Villes Educatives (qui va avec le Réseau français) pour une ville comme Lyon est de 1100€ par an. Soit 0,0001% de son budget.  Du coup, c’est la ville de Brest qui a repris la présidence du réseau français. Marc Sawicki et Karine Coz-Elleouet,  adjoints à Brest, sont donc les nouveaux co-animateurs et prennent la suite de l’adjoint lyonnais Yves Fournel. Pour Brest, le défi est de prendre la suite du travail fourni par ce dernier. Ancien prof de maths, adjoint à l’éducation de Gérard Collomb jusqu’en avril dernier, il a pendant deux mandats fait exister le Réseau français de l’Association Internationale des Villes Educatrices. Un travail considérable dont le plus visible reste la défense de la semaine de 4,5 jours quand après 2008 l’école de Nicolas  Sarkozy passe à 4 jours. "C’est grâce au travail d’Yves Fournel et du réseau français que dès 2009, à Brest, nous avons mis en place une expérimentation dans une école qui travaillait avec un rythme de 4,5 jours", rappelle Marc Sawicki depuis Brest. Le Réseau sert à cela : outre partager les expériences en matière d’éducation des villes membres, faire remonter ces expériences au Ministère, discuter avec les grands acteurs (la CNAV, les acteurs associatifs...). Et pour Lyon, donc, c’est fini.
Dommage.
Marc Sawicki encore : "Le réseau français de l’association internationale des villes éducatrices tel qu’il est aujourd’hui c’est Lyon et Yves Fournel. Que Lyon se retire aujourd’hui c’est triste pour Fournel qui s’est tellement battu pour sa délégation. Mais c’est aussi un gâchis".

Que restera –t-il de Lyon ville éducatrice internationale ?

Un espoir malgré tout ? Dans la région, il reste Damien Berthilier, adjoint à l’Education de Villeurbanne qui est devenu un des vice-présidents du Réseau français des villes éducatives (Lille est l’autre ville vice-présidente, Marc Sawicki est tout réjoui d’avoir reçu une lettre de Martine Aubry lui témoignant de son intérêt pour le Réseau français). Damien Berthilier étudie la possibilité de modifier les statuts pour que Lyon puisse revenir dans le réseau français SANS être membre du réseau international. Lyon se dit intéressée. Tu parles d’une ville internationale ! Il restera aussi "Poloc" créé en grande partie grâce au Réseau français, dont le nom officiel est "Observatoire des politiques éducatives locale", hébergé à Lyon par Normale Sup et l’Institut de Recherche Pédagogique et qu’Yves Fournel va probablement rejoindre à plein temps. Il restera aussi 20 ans d’archives que Lyon a patiemment constituées et qui sont pour l’instant gardées à Villeurbanne. Marc Sawicki : "On a venir à Villeurbanne, on va faire l’inventaire de ce qu’on veut garder ou pas et on le ramènera à Brest".
Sans doute - même sans appartenir à l’Association Internationale des Villes éducatrices - Lyon conservera de l’attrait et du rayonnement au-delà de la région. Mais l’international devrait-il n’être que des touristes et des implantations  d’entreprises étrangères ?

Romain Meltz

@lemediapol

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2 commentaires
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Alambic Talon le 08/10/2014 à 13:12

Il fallait bien recaser Fournel, il n'y a qu'un budget ;-)

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60InterChaumont le 08/10/2014 à 00:00

La Ville de Lyon a eu raison de sortir de cette association Theodule, non?

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