Cette étrange incursion dans le monde de la nuit n’était pourtant pas évidente pour l’établissement du PDG de Cardinal, Jean-Christophe Larose. Car Gérard Collomb, qui a toujours surveillé de près l’avenir du site, dictant parfois la voie à emprunter, avait d’abord refusé de voir autre chose qu’un restaurant dans ces murs maudits de la Confluence.
Que s’est-il passé pour que le Selcius bénéficie d’un tel revirement de situation ? Et dans quel but ? LyonMag.com a mené l’enquête pour mettre au jour une affaire qui dure depuis plusieurs années et qui engage la responsabilité de quelques figures lyonnaises.
L’ex Rue le Bec est le domaine réservé du maire de Lyon. Il s’était entiché à l'époque d’un jeune cuisinier breton, Nicolas le Bec, au caractère bien trempé dont tout le monde s’accordait à reconnaitre un certain génie culinaire, mais encore trop inexpérimenté pour s’occuper d’un établissement d’une telle superficie.
Collomb le bâtisseur, qui ne supportait pas que les acteurs lyonnais de l’immobilier boudent son chantier de la Confluence, demanda à Jean-Paul Viossat, directeur de Voies Navigables de France et à Jean Christophe Larose, qui démarrait dans la promotion immobilière, de faciliter l’implantation d’une brasserie gastronomique. Cette dernière serait confiée à Nicolas le Bec à qui il faudra apporter toutes les facilités économiques, compte tenu du manque de surface financière du chef.
Un homme tenta à l’époque de raisonner le maire de Lyon. Mais Jean-Pierre Gallet, directeur général de la SEM Lyon Confluence et en charge du développement du quartier, n’arrivera jamais à se faire entendre sur la tournure que devait prendre la pointe de la Presqu’ile. Le duo Jean-Paul Viossat et Jean-Christophe Larose, aidé par la Caisse d’Epargne d’Olivier Klein et secondé par la Caisse des Dépôts, sera alors de presque tous les deals. Pour le meilleur et pour le pire !
L’épisode Le Bec : des pertes de plusieurs millions d’euros !
Dans un premier temps, la réhabilitation du quartier démarre avec l’implantation du Progrès et la rénovation des bâtiments existants, dont celui des Salins, vaste espace de 2000 m2 qui ne se prête pas vraiment aux activités commerciales. Déjà à l’époque, peu d’acteurs comme Paul Bocuse ne croyaient à sa réussite, compte tenu de la configuration des lieux, des travaux à réaliser, et de son emplacement trop enclavé.
Mais Gérard Collomb avait trop besoin de la Confluence pour envisager sereinement une seconde mandature.
C’est là qu’intervient le pion Le Bec en 2009, aidé par ses bonnes fées : les établissements publics VNF par l’intermédiaire de Jean-Paul Viossat, la Caisse des Dépôts et la Caisse d’Epargne d’Olivier Klein qui lui apporteront, ainsi qu’à Cardinal, des moyens financiers extraordinaires sans aucune caution et aucune garantie pour préserver leurs propres intérêts et ceux des Lyonnais, puisque de l’argent public est parfois mis dans la balance.
"Nicolas Le Bec n’a pas vu où il a mis les pieds, nous soutient l’un de ses proches. Il a été la victime d’un mouvement d’argent colossal qui ont permis à certains de s’enrichir au-delà du normal".
Une éventuelle magouille actuellement dans le viseur de la justice lyonnaise…
Après un démarrage plutôt réussi grâce à la qualité du restaurant et la curiosité des Lyonnais pour ce nouveau quartier, l’équilibre financier n’est pas trouvé. La SCI des Salins dirigée par Jean-Paul Viossat accepte pourtant que les loyers ne soient pas réglés par Le Bec entre juillet 2008 et fin décembre 2010 (le bail est à retrouver en intégralité et en exclusivité ici) ! La suite est connue : liquidation judiciaire, fournisseurs restés sur le carreau, des pertes de plusieurs millions d’euros… Tout le monde a fait l’autruche dans ce dossier pour ne pas froisser Gérard Collomb et ses partenaires d’infortune.
"Jean-Paul Viossat ne nous a pas alerté et nous faisions confiance à nos associés de la SCI des Salins, se défend un cadre de la Caisse des Dépôts. Nous avons peut-être été un peu légers dans cette affaire".
De leur côté, Jean-Christophe Larose et Jean-Paul Viossat avaient tenté de sauver les apparences. Ce qui a peut-être trompé les fournisseurs sur la capacité financière de la Rue Le Bec. En vain…
Jean-Christophe Larose reprend la main
Commence alors le bal des
repreneurs pour le fonds de commerce. Tous ont une condition : obtenir
de la mairie de Lyon et la préfecture la possibilité de devenir un
établissement de nuit, capable de rapporter beaucoup d’argent. Refus
catégorique de Collomb !
Jean-Christophe Larose se porta un temps
repreneur de l’établissement auprès de l’administrateur mais se retira
rapidement, compte-tenu de son état d’actionnaire, même très minoritaire
de la SCI des Salins.
"J’étais intéressé par la reprise mais on m’a
vite fait savoir que je n’étais pas le bienvenu. J’ai préféré me
retirer", nous explique un restaurateur reconnu de Lyon, conscient que
le casting était pipé.
Contre toute attente, une seule offre,
dérisoire, fut déposée pour l’ancienne Rue Le Bec, menée par le chef
étoilé Christian Têtedoie avec un concept original de cabaret festif qui
aurait préservé les emplois en danger de l’établissement.
C’est lors
du traditionnel repas de rentrée avec les journalistes en août 2012 que
Gérard Collomb dit publiquement tout le mal qu’il pensait du projet de
Têtedoie. "Ça ne convient pas et je vais passer des coups de fil. Je ne
veux pas que des cars entiers de touristes débarquent à la Confluence
pour tout bloquer", avait indiqué le maire qui obtiendra, comme
toujours, gain de cause dans les jours qui suivent.
Mais l’avis du
tribunal de commerce sera plus fort et Christian Têtedoie remportera la
mise pour monter son restaurant, les Salins. La SCI des Salins, à
travers Jean-Paul Viossat, imposera alors le pur respect du bail
commercial, à savoir pas d’activités de discothèque.
L’actuel
chef de l’Antiquaille connaîtra aussi un revers car la SCI des Salins ne
faisait plus cadeau du loyer. Et l’établissement de la Confluence
échouera finalement quelques mois plus tard dans les bras de
Jean-Christophe Larose qui se vante alors d’accepter sur demande de son
ami Gérard Collomb. Les Salins étaient morts, le Selcius était né.
Parallèlement,
une procédure est engagée par la justice pour contraindre Voies
Navigables de France, la Caisse d’Epargne et la Caisse des Dépôts à
combler le passif de la Rue Le Bec estimé à 4 ou 5 millions d’euros.
Larose fait part à ses proches de sa volonté de créer un établissement
de nuit, contre l’avis initial de Gérard Collomb. Le bail ne le permet
pas mais Jean-Paul Viossat, qui engage Voies Navigables de France,
assure qu’il ne s’y opposera pas, et la Caisse des Dépôts n’est pas
consultée.
Il manque alors l’autorisation de la préfecture qui repose
en grande partie sur les constatations des services sécurité et cadre
de vie de la mairie de Lyon, validées par la police. Après la réélection
de Gérard Collomb en mars dernier, les services de la mairie vont
accepter en catimini l’autorisation tardive.
Sans passer par la case
commission, le dossier est entériné et le fonds de commerce de
Jean-Christophe Larose se voit valoriser de plusieurs millions d’euros.
Alors qu’il ne l’avait racheté que pour 250 000 euros… La machine à fric
est lancée.
Pour faire tourner le Selcius, il convoite la clientèle du Docks 40,
établissement de nuit voisin où il est actionnaire minoritaire du fonds
de commerce. Et dont son frère Sylvain Larose vient de se faire révoquer
de son statut de patron par le Tribunal de commerce de Lyon suite à un
contentieux mené par EG Events*, actionnaire du fonds de commerce et
propriétaire des murs qui dénonce la gestion opaque de l’établissement.
Sylvain Larose intègre immédiatement le Selcius et entraine avec lui une
partie de la direction du Docks 40.
Le coup fatal viendra de la
rénovation d’un ancien portique de conteneurs juste à côté du Docks 40,
obligeant la fermeture de la terrasse de l’établissement rival pour
trois mois cet été.
Dans le même temps, le Selcius ouvre ses propres
places au soleil et peut remercier Rhône Saône Développement, la filiale
de Voies Navigables de France à l’origine des travaux impromptus
estimés à 800 000 euros et qui est dirigée par le même Jean-Paul
Viossat. Pour rappel, ce dernier cumule également avec le poste de
gérant de la SCI des Salins, propriétaire des murs du Selcius.
Le
conflit d’intérêts est tout proche.
Gérard Collomb, victime de ses largesses avec Larose et Viossat ?
Malgré
ces nouvelles rentrées d’argent liquide, la situation financière de
l’établissement continuerait encore d’alerter la Caisse des Dépôts. Via
son nouveau directeur régional, de nombreuses questions sont posées à
Jean-Christophe Larose, qui, selon nos informations, pourrait avoir entamé les
démarches pour s’exiler au Luxembourg.
L’ex grand argentier du PDG de
Cardinal, la Caisse d’Epargne, a par ailleurs fermé ses robinets à
financements. "Porter plainte, on y pense, concède un cadre de la
direction. Mais nous ne voulons pas porter préjudice à Gérard Collomb et
surtout à notre ancien directeur régional Olivier Klein. Pour le moment
on reste spectateurs". Il faut dire qu’Olivier Klein, aujourd’hui à la
tête de la BRED Banque Populaire, traine encore comme des boulets les
prêts sans garantie accordés à ses amis de la Confluence.
Comme le
Musée des Confluences mais à moindre échelle, l’ex Rue Le Bec est un
gouffre financier que les hommes politiques ont tenté par tous les
moyens de combler. Argent public, abus de pouvoir et alliances
frauduleuses pourraient être légions dans ce dossier.
Un
collaborateur à la Ville de Lyon qui connait bien l’affaire nous informe
de l’omerta totale autour de ce sujet toxique. Et termine par un
laconique : "Collomb est fou, ca peut lui exploser à la figure…"
Le
sénateur-maire, qui aurait pris ses distances avec le PDG de Cardinal,
payera-t-il l’ambition démesurée des frères Larose tandis que Nicolas
Le Bec se relance lui avec son nouvel établissement du côté de Shanghai ?
Alexis André
*EG Events est une filiale d’Espace Group, propriétaire de LyonMag
Mercredi 5 Novembre 2014 à 07h29
Collomb tourne la page le Bec en offrant un établissement de nuit à Larose !
Gérard Collomb, Jean-Christophe Larose et Jean-Paul Viossat - Montage LyonMag et DR
Depuis le début du mois de septembre, les soirées du Selcius à la
Confluence tournent à plein. Dancefloor après 23h et jusqu’au bout de la
nuit, le champagne coule à flot et on voit régulièrement sur le quai
Rambaud les notables lyonnais, élus, chef d’entreprises dépenser sans
compter.
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Tu veux qu'on fasse la liste de la droite quand elle gérait Lyon.
Signaler RépondreSeul moyen un jour d'arrêter tous ces cirques, c'est de passer à un autre modèle de civilisation.
Signaler RépondreA bon entendeur...
c''est probablement parce que la xénophobie est beaucoup plus conséquente pour notre avenir qu'une enveloppe de dessous de table, au fond d'un bar lyonnais.
Signaler Répondreet par ailleurs, non, tout le monde n'a pas baissé les bras contre la corruption. En revanche, votre sortie ne sert pas spécialement cette cause. Vous vous en êtes aperçu, au moins?
Je suis sûr que Collomb s'en fout, il est tout puissant...
Signaler RépondreCe qui est frappant dans ces affaires c’est comment Gerard Collomb homme de gauche a enfumé son électorat en gravissant pâtit a petit et il est vrai de façon courageuse les marche qui lui ont permis de décrocher la timbale en nous faisons croire que les riches étaient tous des méchants et que seul le combat au côté des démunis était éthique !
Signaler RépondreIl est vrai que cette timbale est tombée toute cuite avec un petit coup de pouce de Raymond Barre et de l’incompétence de Michel Mercier.
Mais seul le résultat compte !
Maintenant Collomb est l’ami des riche pas tous, il se compte sur les doigts de la main dont l’ineffable Larose.
Et les pauvres l’emmerde…
Les quarterons de ses meilleurs amis les riches lui ont permis grâce à leurs chéquiers de contrôler les notables lyonnais en distribuant des tas de petits cadeaux !
Pour l’affaire Le Bec / Selcius /Dock 40 il ne faut pas être un grand connaisseur des turpitudes de la voyouterie lyonnaise pour savoir que ces établissements peuvent produire beaucoup de cash et blanchir de l’argent douteux !
Que la justice fasse son travail…
Mais il est vrai que le parquet fonctionne à géométrie variable, compte tenu de leur faible moyen, de l’efficacité des avocats fiscaliste qui sont de véritable magicien, mais aussi et surtout dans notre bonne ville un peu ésotérique le pouvoir politique juridique et les réseaux lyonnais sont très consanguins.
Bravo Lyon Mag continuez.
Un article sur un scandale politico-financier lyono-lyonnais, une dizaine de commentaires.
Signaler RépondreUne logorrhée sur la xenophobie, des centaines de commentaires dont plus de la moitié de clochette et ses dizaines de pseudos.
Tout le monde a baissé les bras contre la corruption et les détournements légaux et illégaux d'argent public des politiciens avec la complicité du grand patronat.
ou le frère du frère, ils sont tous franchonneurs et pourris jusqu'à l'os effectivement
Signaler Répondreen voilà un autre :
http://www.lyoncapitale.fr/Journal/univers/Politique/Sytral/Rivalta-perd-en-Conseil-d-Etat-fin-de-six-ans-de-procedures
Souvenir Souvenir
Signaler Répondrehttp://www.lyonmag.com/article/55597/fraude-fiscale-jean-louis-touraine-cible-des-identitaires
Quand on vous dit que la baronnie est corrompue jusqu'à l'os ... on en a l'explication ici et on en aura bientôt ailleurs
Signaler RépondreUn très bon article qui nous permet de comprendre comment fonctionne le cercle "LAROSE - COLLOMB" !!!
Signaler RépondreQuoi !!! Des hommes politiques et des hommes d'affaires se goinfrent d'argent public pour satisfaire leur égo et remplir leur portefeuille.
Signaler RépondreOn ose y croire.
Le contenu est à vomir, l'article est super. bravo LyonMag de taper dans la fourmilière Collomb !
Signaler Répondrela rose ne sent pas toujours bon!
Signaler Répondremais le monde politique est toujours au parfum...
Tout ce beau monde : dehors !
Signaler Répondrecollomb lui fait gratuit ????
Signaler Répondre