"Raconter l’Homme", c'est aussi aller au-delà des seules collections du musée, découvrir l’Homme du XXIe siècle qui se profile derrière ce projet immobilier monumental. L’Homme de la démesure, du progrès technique, de la société du spectacle, du rayonnement international. L’Homme qui, coûte que coûte, bâtira 6000 tonnes de matériaux sur une terre meuble entre Rhône et Saône. L’Homme qui, pour assouvir un caprice politique, dépensera près de 300 millions d’euros, au lieu des 60 millions prévus initialement, sans consultation des citoyens. Comme si l’Homme du XXIe siècle ne se souciait plus des hommes.
Cet Homme là est aussi celui qui nous parle d’austérité, qui nous rappelle combien il est important de contenir nos dépenses publiques dans un contexte budgétaire de plus en plus contraint. Il sacrifie des postes dans l’éducation, la santé, l’action sociale, la justice, la police, tout en impulsant de grands projets inutiles. L’aéroport Notre-Dame-des-Landes comme le barrage de Sivens sont la traduction d’une époque, d’un système, qui dit ne plus disposer de marges de manœuvres et qui poursuit pourtant frénétiquement sa course à la démesure, au détriment du service public du quotidien et de notre environnement commun.
Le Musée des Confluences est en cela l’allégorie de l’Homme moderne. Comme un nouveau symbole, il surplombe la ville. Dans le cristal de Confluence se reflétera peut-être un jour "l’Anneau des Sciences", doux euphémisme de Gérard Collomb pour désigner le futur périphérique lyonnais, qui finira de saturer l’agglomération, en engloutissant pour sa construction l’équivalent de 15 ans de budget d’investissement du réseau TCL.
Du sommet du musée, on aura aussi une pensée émue pour le Stade de Gerland, bientôt déserté bien que parfaitement desservi par les transports en commun. Bien plus que le fameux Stade des Lumières à Décines, qui nécessite des investissements publics colossaux pour une desserte pourtant limitée au seul tram T3, dans le cadre d’un projet purement privé. On fermera les yeux sur le prix des terrains cédés –offerts ?- par le Grand Lyon au président de l’OL, qui aura permis de bétonner les terres arables de l’Est Lyonnais.
Les visiteurs du musée profiteront aussi de la fabuleuse vue sur la "skyline" de Lyon qui fera rayonner, sans nul doute, notre métropole à l’international. Et les tours, bien que désastreuses sur un plan énergétique, permettront de "densifier la ville", tant le pôle multimodal de la Part-Dieu, que l’on savait si peu congestionné, méritait encore d’être développé…
Si les visiteurs sont patients, ils apercevront aussi bientôt, à quelques centaines de mètres du musée, la nouvelle Maison de la Danse. Celle que le Maire de Lyon aura élégamment retiré aux habitants du 8e arrondissement, secteur plutôt populaire, pour asseoir l’image européenne du nouveau "éco-quartier" de Confluence. Un déménagement somme tout assez modeste puisqu’il ne ponctionnera que 100 millions d’euros sur les 600 de la mandature.
A l’horizon, tout autour, les visiteurs contempleront cette histoire que quelques élus écrivent. La future autoroute A45 entre Lyon et Saint-Étienne, qui fait fie du Grenelle de l’environnement et du gel des projets de construction autoroutiers. La future ligne TGV Lyon-Turin, soutenue par la Région malgré le désaveu cinglant de la Cour des Comptes, un impact environnemental dévastateur et un manque à gagner induit pour les milliers d’usagers quotidiens du réseau TER...
"Raconter l’Homme", oui, c’est ce qu’aura permis le Musée des Confluences. Gageons que le visiteur saura tirer profit de cette introspection anthropologique.
La réalité aujourd’hui est que 200 élèves scolarisés à Lyon dorment dehors tous les soirs, que 2300 personnes sont restées sans réponse en contactant le 115 ces deux dernières semaines. Un constat intolérable quand le chef d’œuvre architectural se transforme en gouffre financier !
La période est donc charnière. Il est grand temps de défendre Marianne, l’amour de la chose publique et l’intérêt général. Ces fondamentaux doivent être la base d’une utilisation raisonnée et intelligente de l’argent public, à mobiliser avec le consentement démocratique des citoyens.
Andréa Kotarac
Mardi 23 Décembre 2014 à 14h53
"Raconter l’Homme" : le pari réussi du Musée des Confluences
Andréa Kotarac - DR
N’en déplaise à ses détracteurs, le Musée des Confluences, qui a ouvert
ses portes à Lyon le 20 décembre, a pleinement réussi le défi qu’il
s’était fixé.Ce défi ? "Raconter l’Homme", à travers un habile
mélange de disciplines : ethnologie, archéologie, sciences et
techniques… "C’est la Terre depuis les origines, et l’humanité dans son
histoire et sa géographie que le musée des Confluences interroge" .
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Excellent article de M Kotarac, un peu désabusé quand même (un petit Prozac ?).
Signaler RépondreJe me permets juste une remarque sur les "tours désastreuses sur le plan énergétique"
Ceci est inexact sous réserve que la tour en question soit bien conçue et bien construite
La compacité d'un bâtiment est toujours gage d'économie énergétique car les déperditions ramenées au m² y sont tout simplement moindres
C'est le cas d'une tour (idéalement cylindrique comme le crayon) mais justement pas (mais alors pas du tout) du musée des confluences
Je vais y aller pour me faire une idée d'ailleurs
Vu le prix qu'il nous a coûté...
C'est non seulement un scandale financier mais c'est un scandale tout court!
Signaler Répondre328 millions d'investissements et de 30 à 50 millions de fonctionnement pour 4, oui QUATRE malheureuses salles d'exposition permanentes avec très peu d'objets exposés sur les 3 millions de la collection, un choix des articles critiquables car beaucoup sont de nouveaux objets (sculptures récentes de finlandais et innuits des années 2000, acquis à quel coùt encore?), un étiquetage « à l’ancienne » c'est-à-dire sous forme de liste renvoyant aux objets numérotés ce qui oblige à des allers-retours impossibles donc le visiteur ne lit pas les explications, des numeros trop petits ou invisibles sous un manque de lumière navrant, des videos sensées être éducatives et qui ne sont que débiles , des vitrines trop petites que les très nombreux (550.000/an prévus) visiteurs ne peuvent pas prendre le temps de contempler , une thématique très abstraite où le visiteur doit constamment se poser la question « quel est le thème ? », des explications minimalistes, un béton bâclé, des vitres sales et déjà cassées, un dédale d’escalier et de corridors sans grâce ni praticité, une cafeteria et des salles d’expos temporaires minuscules et mal pratiques, une vue sur Fourvière et la ville que l’on nous avait promis magnifique mais qui est quasi inexistante, juste coincée entre deux murs, une organisation bâclée lors de la ruée à l’ouverture (on fait attendre dehors dans le froid au lieu d’avoir doublé les guichets dans le hall, informations sur les abonnements et gratuité incomplètes sur les dépliants, et j’en passe…….
J’en ai visité des Musées au Monde et croyez-moi celui-ci est une farce.
Il est très bien cet article de CANOL
Signaler RépondreCollomb n'a rien fait contre. Il a été élu en 2001 aux dernières nouvelles, il a donc eu 13 années pour agir.
Signaler RépondreQu'en a-t-il fait ???
Autre parenthèse, le TGV Lyon-Turin ne se fera plus jamais à moins que nos "élus" sombrent dans la folie.
Signaler RépondreJe m'explique au diable les pertes pharaoniques annuelles: on sait d'avance qu'il ne sera jamais rentable et que se sera au contribuable de casquer, au diable les coûts de constructions démentiels prévus qui ont déja été multipliés par plus de 3 fois alors que l'on a encore presque rien fait, au diable l'inutilité de ce TGV,les prévisions de trafic revues à la baisse, la ligne existante sous-utilisée etc..., tous les chiffres sont au rouge vermillon!!!
on oublie tout cela et on constate qu'une seule chose en 2015 :
La SUISSE qui n'avait jamais été envisagée dans les scénarios les plus pessimistes imaginables nous a simplement et purement grillé la place en faisant sa propre ligne de fret ferroviaire, sans pinailler pendant 20 ans .
En passant par le plus long tunnel ferroviaire du monde( massif du Saint-Gothard, en Suisse) réalisé sous les Alpes. Long de 57 kilomètres, et pouvant
être traversé par 300 trains chaque jour, ce nouveau tunnel est un véritable
challenge technologique.
E-X-C-E-L-L-E-N-T
La SUISSE nous a grillé la place et de plus les pays du nord de l'europe et de l'est ne passeront jamais plus par la france qui n'est de ce fait plus devenu un atout central du déplacement en Europe :) on est juste un pays excentré à l'Ouest de l'Europe ...
http://www.franceinfo.fr/emission/transportez-moi/2013-2014/le-saint-gothard-un-tunnel-hors-norme-01-25-2014-07-20
Méditez là dessus, messieurs les politiciens avant de signer quoi que se soit, vous êtes prévenus du futur krash annoncé
Autre parenthèse, le TGV Lyon-Turin ne se fera plus jamais à moins que nos "élus" sombrent dans la folie.
Signaler RépondreJe m'explique au diable les pertes pharaoniques annuelles
Nul bandes de nazes, si on vous suit on habiterais encore dans des arbres ! Et parler de gens qui vivent dehors certes c est terrible ! Mais vous ou habitez vous donc les donneurs de leçons Demago and co ! Pathetique
Signaler RépondreBeau papier !
Signaler Répondreben c'est pas collomb qui l'a construit mais le conseil général de mercier (udi/ump)
Signaler RépondrePetit papa noel quand tu descendra du ciel
Signaler RépondreAvec ton béton par millier
N'oublie pas tous mes grands projets !
Le père noel en cette fin d'année 2014 s'appelle Crédit Agricole.
Dites bonjour à papa et maman grue ainsi qu'à ses 4 petits chérubins !
Dès le mois de janvier, elles vont fleurir sur les berges du rhône.
Le montage financier de l'hôtel dieu est bouclé.
Le 2ème plus gros projet en cours de réhabilitation d'un site inscrit au monument historique (derrière la samaritaine) de France est à Lyon est définitivement lancé.
Il y aura beaucoup de pères noel en cette année 2015.
On va rendre les lyonnaises et les lyonnais encore plus fier de leur ville.
Youhou! Me voilà si célèbre que ça.
Signaler RépondreJe vais vous décevoir, car je ne vais pas vous contredire : ce musée est une réussite architecturale, et je pense que ses collections sont passionnantes.
Quant au financement, personne ne pourra nier que ça a dérapé.
Merci pour ce superbe article qui a le mérite de dire que nos élus ne pensent qu'à leur "COSTUME".
Signaler RépondreDe plus en plus de dépenses publiques, alors que de plus en plus de personnes ne peuvent plus se nourrir, se loger.
Honte à eux, qui ne regardent que leurs chaussures si bien cirées.
Comment peuvent ils se regarder dans une glace ??
Comment peuvent ils venir nous parler lors de chaque mandant ?
Dommage que TROP d'électeurs se laissent embobiner par eux !
Dommage que les contribuables ne puissent pas se "rebiffer" !
La justice est trop laxiste envers tous ces élus, ils ne méritent aucune indulgence.
300 millions d'euros c'est tres cher pour entreposer des squelettes dont l'intérêt n'apparaît pas évident !!
Signaler RépondreTatonette et cie vont venir défendre à cor et à cri Mercier, Collomb et leurs investissements démentiels...
Signaler RépondreCe musée est une prouesse architecturale mais un scandale politique, financier. Un contre-exemple en gestion de projet.
"Ces fondamentaux doivent être la base d’une utilisation raisonnée et intelligente de l’argent public, à mobiliser avec le consentement démocratique des citoyens"
Signaler RépondreEt voici la fin... Je crois que vous n'avez pas tout compris :-(
Pardon, mais l'article vaut le coup car il met bien ce musée là où il devrait être : au fond du trou. D'où il n'aurait jamais dû sortir...
Signaler RépondreLisez la fin, il dit le contraire.
Signaler Répondre"N’en déplaise à ses détracteurs, le Musée des Confluences, qui a ouvert ses portes à Lyon le 20 décembre, a pleinement réussi le défi qu’il s’était fixé."
Signaler RépondreLe premier défi était de 60 millions d'euros.
Inutile de lire plus loin votre ode au détournements et gaspillage d'argent public, ce premier défi n'a pas été atteint.