Mais où était passé "Charlie Hebdo" à Lyon ?

Mais où était passé "Charlie Hebdo" à Lyon ?
LyonMag

Bousculades, énervement, queues interminables devant les portes de marchands de journaux…

Obtenir le numéro 1178 de "Charlie Hebdo" publié après les attentats du 7 janvier dernier relevait du parcours du combattant. Et l’histoire pourrait se répéter pour la sortie du numéro 1179 qui paraîtra le 25 février prochain.
Si les Lyonnais ne l’ont pas toujours trouvé, c’est pourtant 1 million, puis 2, puis 5... Et finalement près de 8 millions d'exemplaires du "numéro des survivants" qui ont été imprimés.
Ce n’est pas le plus gros tirage du monde, mais le plus important de l'histoire de la presse d'information française. Le précédent record était détenu par le journal France Soir avec 2,2 millions d’exemplaires tirés le jour de la mort du général de Gaulle.
Certes le tirage est exceptionnel mais cela n’explique qu’en partie les difficultés rencontrées lors de la distribution. Les buralistes eux pointent du doigt une mauvaise organisation :
 "J’avais demandé 400 Charlie Hebdo, je n’en ai reçu que 53. Mais je m’estime heureux parce que je suis un marchand de presse de petite envergure et que mon collègue qui a un plus grand commerce que moi n’en a reçu que 28", affirme un marchand de presse de la Croix-Rousse.

Une distribution dans l’urgence


Au lendemain de l’attentat, le "numéro des survivants" était plus que jamais attendu. Entre curiosité et défense des libertés, tous avaient une bonne raison d’acheter Charlie.
Quel chemin a-t-il pris avant d’arriver dans les kiosques ? Il faut savoir que la presse française fonctionne différemment d’une entreprise et doit garantir la liberté de la presse. L’éditeur est le premier maillon de la chaîne. Il décide de la publication et du nombre d’exemplaires qui sera distribué par les messageries de presse. Parmi elles, on compte les Messageries Lyonnaise de Presse (MLP) qui distribuent les magazines et quelques hebdomadaires et Presstaliss qui distribue les quotidiens nationaux. Ces sociétés servent un réseau de dépositaires, la "SAD Vénissieux" pour la région Rhône-Alpes. Et ces dernières alimentent ensuite les maisons de presse.

Dans le cas de Charlie Hebdo, la rédaction a décidé de faire paraître exceptionnellement 7,9 millions d’exemplaires pour répondre à l’attente, et a choisi de confier cette lourde tâche à son imprimeur habituel. Première difficulté : imprimer à 8 millions un titre qui l’est à 60 000 en temps normal. Le premier retard dans la distribution de l’hebdomadaire remonte au vendredi 16 janvier, jour où l’imprimeur a connu un problème technique de fabrication. MLP n’avait alors reçu qu’un quart des quantités du numéro 1178 et ne pouvait approvisionner dans sa totalité les marchands de presse le week-end après l’attentat. Mais pour compenser ce retard MLP avait alors assuré une distribution exceptionnelle vers les dépôts le dimanche 18 janvier.
"Nous estimons que la distribution du numéro 1178 a globalement été bien faite. Nous avons beaucoup communiqué sur le sujet et répondu aux nombreux e-mails des buralistes. Après, c’est l’éditeur qui a décidé d’en imprimer 7 millions et de les distribuer au compte-goutte, pas nous", explique Marie-Cécile Rigault, directrice marketing des MLP.

Une situation particulièrement compliquée en Rhône-Alpes


Au niveau de la région, c’est le dépositaire de la SAD Vénissieux qui était chargé d’assurer la répartition des Charlie entre les différents marchands de presse.
L’un d’eux, buraliste du 7ème, accuse pourtant le laxisme de la SAD :
"Il y a eu des retards dans les livraisons, nous avons été plusieurs fois livrés à 6h15 au lieu de 5h15. La SAD est en plus de ça injoignable"
. Selon les kiosquiers, l’organisation laisse à désirer. "La SAD accepte qu’on commande des exemplaires supplémentaires, mais ce réassort se fait au détriment de nos confrères", nous confie un marchand de presse du 6ème. Pourtant les MLP sont claires sur le sujet. Contrairement aux idées reçues, la région Rhône-Alpes n’a pas été laissée pour compte.
"164 800 exemplaires ont été fournis à la SAD Vénissieux entre le 14 janvier et le 5 février", affirme Marie-Cécile Rigault, directrice marketing des MLP. Bien que les critiques fusent et se rejoignent, il s’est avéré impossible de joindre la SAD pour vérifier ces chiffres.

Bref, dans cette affaire tous se renvoient la balle sur les responsabilités, les délais et l’information (ou le manque d’informations). De quoi mettre en lumière un système particulièrement opaque dans lequel chaque acteur préfère en dire le moins possible.


Une réforme en vue

Face à cette situation, cette année sera mis en place un système d’information unique pour distribuer la presse. Tout éditeur, quelle que soit sa messagerie, pourra par exemple avoir accès à l’historique des ventes et des fournitures pour chacun de ses titres, au niveau de chaque point de vente. Une petite révolution qui simplifiera sûrement le système.
Le caractère inédit de la situation combiné à des erreurs de distribution explique pourquoi les Lyonnais ont mis du temps à trouver l’hebdomadaire. Le numéro 1178 de Charlie Hebdo existait bien, il faisait simplement face à des complications sur son chemin.

A deux semaines de la sortie du prochain numéro de Charlie Hebdo, une seule et même question se pose : sera-t-il aussi difficile de se le procurer ?

*Les buralistes interrogés ont tenu à garder l’anonymat par crainte de ne plus être approvisionnés en Charlie Hebdo.
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11 commentaires
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Charlo Papi Tanga le 14/02/2015 à 17:51
joe a écrit le 14/02/2015 à 11h22

Ou simplement un geste symbolique. Marcher dans les rues le 11 janvier ne servait pas non plus à grand chose. La critique est facile... Après, on a sans doute pas tous votre militantisme pour aller prendre les armes contre les djihadistes au Moyen Orient, ou donner des cours du soir gratuit aux jeunes de banlieue.

Un acte symbolique... c'est exactement cela
Le tout c'est d'être heureux, l'âme en paix
Haaaaaaaaa on est bien

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AADP le 14/02/2015 à 15:38

Un simple acte d'achat régulier dans un magasin suffit.
Même pas forcément pour un titre précis.
Plutôt dans l'esprit d'ouverture.

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joe le 14/02/2015 à 11:22
Chargo Palie Tanpa a écrit le 13/02/2015 à 11h53

En achetant un canard à 2 € une fois dans sa vie et sans même en connaître les ressorts ou les origines, on soutient la liberté d'expression ?
Ha bon
C'est pas plutôt de la bonne conscience pas chère, ou plus simplement du moutonage de base ?

Ou simplement un geste symbolique. Marcher dans les rues le 11 janvier ne servait pas non plus à grand chose. La critique est facile... Après, on a sans doute pas tous votre militantisme pour aller prendre les armes contre les djihadistes au Moyen Orient, ou donner des cours du soir gratuit aux jeunes de banlieue.

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mouimoui le 13/02/2015 à 19:06

les corbeaux volent en groupe...

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SPARTACUS le 13/02/2015 à 12:41

Pour AADP!
Je vous comprends mais je n'ai pas réussi à acheter le numéro de janvier...
Quant à savoir s'il faut l'acheter, en kiosque ou autrement, il faut considérer que c'est le journal qui porte haut la liberté de penser, contre les illuminés de tous poils.
J'ai choisi mon camp.
Liberté, liberté chérie!
Lisez Charlie!

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Chargo Palie Tanpa le 13/02/2015 à 11:53
Par exemple a écrit le 13/02/2015 à 11h26

soutenir la liberté d'expression peut être. ...

En achetant un canard à 2 € une fois dans sa vie et sans même en connaître les ressorts ou les origines, on soutient la liberté d'expression ?
Ha bon
C'est pas plutôt de la bonne conscience pas chère, ou plus simplement du moutonage de base ?

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AADP le 13/02/2015 à 11:41

SPARTACUS : S'abonner c'est tuer sûrement les marchands de presse.
Au rédacteur de l'article : vous dites que tout le monde se renvoie la balle.
Mais vous dites aussi que vous n'avez pas pu joindre la SAD.
N'est ce pas là, la réponse à la question sur "qui est responsable" ?
C'est ce que nous, marchands, vivons au quotidien. Nous n'avons aucun interlocuteur. Pourtant nous assumons toutes les erreurs des différents niveaux de la filière.

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Par exemple le 13/02/2015 à 11:26
Papa Tango Charlie a écrit le 13/02/2015 à 10h55

Tous ces gens qui achètent Charlie alors qu'ils n'en avaient pas entendu parler avant l'attentat me laissent penseur.
Quelle peut bien être leur motivation profonde à part suivre le troupeau ?

soutenir la liberté d'expression peut être. ...

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Papa Tango Charlie le 13/02/2015 à 10:55

Tous ces gens qui achètent Charlie alors qu'ils n'en avaient pas entendu parler avant l'attentat me laissent penseur.
Quelle peut bien être leur motivation profonde à part suivre le troupeau ?

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livraison le 12/02/2015 à 21:11

Qui livre les buralistes dans leur camionnette ?

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SPARTACUS le 12/02/2015 à 15:57

Abonnez-vous à Charlie!
Notre liberté vaut un peu plus que quelques dizaines d'euros!
Et vous serez sûrs de pouvoir le lire!

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