Ce caissier de la station essence du pont Pasteur se souvient exactement
de chaque date : "le 30 octobre 2003, le 2 décembre 2014 puis le 13
décembre 2014". Retour sur un destin atypique.
"Le dernier en date
c’est ce papi de 80 ans à qui j’ai sauvé la vie. Sa voiture commençait à
prendre feu, alors avec d’autres clients de la station j’ai accouru
pour aider ce pauvre homme qui allait se retrouver piégé par les
flammes". Il n’en fallait pas plus pour que ce camerounais devienne le "héros" de son quartier.
Car avant cela, en octobre 2003, Parfait avait
aidé une femme à accoucher, dans l’arrière-boutique. "Un moment magique,
unique. Une forte émotion", commente Parfait qui depuis, n’a jamais
coupé le cordon avec la station. A l’époque, et depuis 1997, date de son
arrivée en France, son travail lui avait permis de s’assurer de quoi
vivre tout en suivant des cours de perfectionnement au métier de
comédien chez Acteur Enjeux. Quelques années plus tard, il "retenait un
jeune garçon qui allait se faire écraser" en face de la station.
Un homme qui se trouve toujours au bon endroit au bon moment
Et
quand on lui demande "pourquoi ça tombe toujours sur lui" Parfait s’en
remet à sa bonne étoile. "Dieu est avec moi", explique-t-il avec
conviction, la voix plus qu’enjouée. Il se considère même comme un "guide éclairé" : "les gens disent souvent, vous avez quelque chose en
vous, quelque chose qui doit porter la France".
Parfait pourrait
intimider avec son physique imposant, un mètre quatre-vingt tout de
même, mais son grand sourire et son tutoiement montre tout de suite sa
bienveillance. Dans la vie de tous les jours, il lutte contre "la
morosité ambiante des Occidentaux" en apportant un peu de "gaieté à
l’Africaine".
En ayant un mot pour chacun, Parfait redonne le sourire à
ses clients. Ses relations avec eux sont "humaines avant d’être
commerciales". Et dans le quartier sud de Confluence tout le monde le
connait. Il n’hésite pas à conseiller les couples, écouter ceux qui ont
besoin de parler ou encore rigoler avec ses habitués.
Des ambitions politiques
Après
ses actes héroïques, Parfait souhaiterait avoir une augmentation en
guise de reconnaissance car il est convaincu d’être utile aux gens.
Il
lutte éperdument contre ce qui psychologiquement le tue, c’est-à-dire "l’individualisme, le racisme, l’antisémitisme. Le pessimisme aussi".
Pour cela, il espère que les politiques l’inviteront "à réfléchir sur
les questions diplomatiques et éducatives".
"J’ai un sens adroit de
droite, une vision et un cœur de gauche et une âme du centre. Et un seul
et unique rêve c’est l’humanité et à travers l’humanité la France",
explique-t-il. Pour autant, il n’a pas été retenu avec le PS qu’il avait
sollicité il y a quelques années.
Autre ambition du quadragénaire,
publier un livre pour partager son expérience, son sens de l’humain et
ses convictions. "J’espère terminer l’ouvrage d’ici 2017", confie-t-il.
Mais
la plus belle reconnaissance de ce camerounais de 45 ans, c’est d’avoir
été naturalisé français en novembre 2005, pour avoir aidé à donner
naissance à un enfant.