Lena Willikens aux NS Days - LyonMag
Les Nuits de Fourvière, pour moi, ce sont des heures passées dans le tunnel du même nom à siffloter pour remplacer la brume électrique de mon autoradio. Mais quand j’ai reçu le mail de Guillaume Duchêne (d’Arty Farty) pour les demandes d’accréditations aux Nuits Sonores, j’ai su que j’allais enfin faire partie d’un truc lyonnais hype.
Pas si simple.
En vrai, les Nuits Sonores sont un territoire étranger. Il faut un passeport pour y accéder. Le mien avait la forme d’un petit bracelet et d’une puce électronique scellé au poignet. Ce n’est pas tout à fait un passeport, car personne ne prend sa douche avec un passeport. Quand vous passez le portique électronique qui mène à la Sucrière, votre photo s’affiche. Vous êtes alors sur le point de changer de monde. Reste la petite formalité d’une fouille au corps à côté de laquelle celle de l’aéroport de La Guardia après 2001 passe pour une séance de télépathie new age.
Rien ne se passe ensuite comme l’innocent que j’étais le croyais. Mercredi 13 mai : inauguration des Nuits Sonores. Qui dit inauguration dit discours (normalement). Pas de discours du tout. J’ai croisé Myriam Picot, maire du 7e, Thomas Rudigoz, maire du 5e, David Kimelfeld, maire du 4e. Pas un discours. J’étais totalement désorienté. Et aussi par le fait que ces Nuits Sonores s’inauguraient de jour. Tout est inversé en fait. Un peu comme si l’abolition des privilèges de la fameuse Nuit du 4 août 1789 s’était faite sur le coup de 13h30. Peut-être y avait-il discours d’inauguration là-haut, au Sucre (loft aérien de la Sucrière géré par l’intrépide Cédric Dujardin), mais il fallait un passeport-bracelet jaune pour y avoir accès. La valetaille dans mon genre n’y allait pas. Je suis donc resté en bas avec le bas peuple.
Je suis rentré dans la salle 1930, gros hangar bétonné, d’où émanait un grondement inquiétant. Nous sommes maintenant vendredi 15 mai. Il est 15h07. J’ai renoncé à venir le jeudi car le mercredi j’ai constaté que tout le monde restait dehors et il pleut le jeudi. Il pleut aussi le vendredi, mais moins. J’entre. Un spectacle incroyable. Des centaines de gens trépignent dans une semi obscurité. On distingue mal leur visage. Mais leur langage corporel est clair. Tous se retiennent de se jeter sur le pauvre régleur qui cherche par tous les moyens à faire cesser le bruit gigantesque provenant d’un établi situé sur une estrade.
Mais le bruit échappe à tout contrôle. (Conscient de la situation le patronat nous a fait distribuer des bouchons que je m’enfonce dans le conduit auditif). Les ouvriers sont furieux. Ils lèvent les bras, les agitent. Je fais comme eux. Rien à faire. Le Bruit est intense. Le Régleur tente tout ce qu’il peut. Il reçoit des informations dans un casque, parfois il parvient à modifier un peu le rythme mais pas l’intensité. La foule laborieuse (et relativement jeune, on exagère beaucoup le chômage des jeunes à Lyon) est hors d’elle. Il faut la présence massive de forces de sécurité, soutien aliéné au Capitalisme destructeur, pour contenir la fureur populaire.
Epuisé par ce combat de l’Homme contre la Machine je me retire. Il est 15h35, je pénètre l’atelier 1960. Et soudain un doute. Le décor est le même, mais le Régleur est une femme. Lena Willikens. Peut-être me suis-je trompé. Peut-être ce que j’ai pris pour un régleur, est en fait une déesse adulée par des croyants trépignants pour invoquer les esprits qui cherchent à pénétrer leur poitrine sous la forme de vibration.
Il est 15h40. Dernier revirement. Et si c’était tout bêtement de la musique ? J’utilise Shazam que je dirige vers la prêtresse Willikens et j’effleure. Quelques secondes après je lis "Nous n’avons pas trouvé de correspondance, Shazam n’est pas en mesure d’identifier".
C’est bien ce que je disais.
Romain Meltz
@lemediapol
oui la pauvreté n'existe pas...
Signaler Répondreah le monde vu par des trolls de droite...
"Les ouvriers sont furieux"
Signaler RépondreNormal si on les forces à s'introduire des choses dans le conduit.... je croyais que le cervage avait été abolis, un bon coup de Dayneris va être necessaire !
Superbe métaphore filée du capitalisme et de la lutte ouvrière. Les bouchons d'oreilles qui pénètrent votre conduit auditif font-ils l'objet d'un financement FEDER ? #po #cestpasborgenlesnuitssonores #pendantquedautresrévisentlespo
Signaler Répondrerarement vu un edito et des commentaires aussi WTF !!
Signaler RépondreEn fait c'est surtout pour une question d'honneur, ces gens voyant vos genres de commentaires, n'ont pas envie d'être assimilés à des parasites ou des voleurs comme vous dites.
Signaler RépondreDu coup, la moitié des personnes pouvant percevoir le RSA n'en fait pas la demande et vivent de l'entraide et de leur faible capital.
Bof...
Signaler RépondreQuelle honte! Collomb démission!
Signaler Répondre"le patronat nous a fait distribuer des bouchons que je m’enfonce dans le conduit"
Signaler RépondreEt bein dit donc, une grande aventure.....
"cherchent à pénétrer leur poitrine"
Signaler RépondreQu'est-ce que cela vient faire dans un article grand public ?
C'est sur Robert que si ils réclament le rsa on va s'apercevoir que leurs différents comptes bancaires sont bien pourvus....
Signaler RépondreEt pas une seule part.... non mais alors ... ouze.... A quoi ça sert d'aller à ce genre d'événement si pour repartir brandouille ?! NUL ! Autant rester assis avec du pinard !!!!!!!!!!
Signaler RépondreSi vous n'êtes pas content des fouilles de sécurité, vous n'avez qu'a changer de ville, personne ne vous a obligé a y aller !
Signaler RépondreDes amusements futiles alors qu'il y'a des millions de personnes au chomage dont des dizaines de milliers sans revenus (ne réclamant même pas le RSA), qu'en avons nous à faire de ça !
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