Y-a-t-il un modèle Collomb ?

Y-a-t-il un modèle Collomb ?
Gérard Collomb

Quelle leçon tirer de la réélection triomphale du maire de Lyon ? Que Collomb est un opportuniste ? Ou qu’il peut devenir une référence ? On lui a posé la question.

Le risque pour vous après cette élection ?
Gérard Collomb : Vous pensez que je vais prendre la grosse tête, c’est ça ? Rassurez-vous, ce n’est pas mon genre ! D’ailleurs, tout mon parcours le confirme : j’ai toujours été un pragmatique, un concret. Pas le genre à me prendre pour un autre !
En tout cas, certains au PS commencent à être agacés par ce modèle lyonnais que vous semblez vouloir imposer !
Qu'ils se rassurent car là encore, ce n’est pas mon style d’imposer des modèles. D’autant plus que le PS est déjà souvent tenté par les grands discours et les grandes théories. D’ailleurs, aujourd’hui, je me vois mal m’investir dans l’appareil, me battre pour décrocher un poste, m’enfermer dans des combats de courants... En revanche, je suis socialiste et j’ai envie que mon parti prenne un virage clairement réformiste. On a repoussé à plusieurs reprises cette échéance. Il est aujourd’hui temps de réagir. Et je crois que je peux jouer un rôle.
Comment vous pouvez jouer un rôle ?
Je crois que les dirigeants du PS doivent écouter les élus de terrain. Et notamment tous ceux qui sont aujourd’hui à la tête de grandes villes qu’ils gèrent de façon pragmatique avec un seul objectif : améliorer la vie quotidienne des gens. Sans faire de grandes théories, ni de grandes promesses mais en essayant de trouver des solutions concrètes.
Ce genre de discours n’est pas un peu démago ?
Non, la démagogie, c’est de toujours dire aux gens ce qu’ils ont envie d’entendre. En s’adressant successivement à chaque catégorie pour lui faire de belles promesses. Promesses souvent impossibles à tenir. Ce qui provoque forcément la désillusion. C’est comme ça que Nicolas Sarkozy s’est fait élire. D’où ses problèmes aujourd’hui. Et je regrette que la gauche soit toujours dans le même schéma.
Mais le risque, c’est d’avoir une démarche purement opportuniste !
Je sais que certains estiment que je reviens aux vieux discours de la SFIO. Mais c’est une erreur car je ne propose pas une théorie, mais une méthode qui s’appuie sur mon bilan lyonnais. Un bilan que je résumerai en trois mots-clefs : dynamisme économique, équilibre social et défense de l’environnement. Aujourd’hui, ce sont les trois principales attentes des gens.
Qu’est-ce qui bloque l’évolution du PS ?
Je crois qu’un certain nombre d‘élus de terrain et notamment ceux qui gèrent des villes, des départements ou des régions, ont la même analyse que moi. Car chaque jour, ils sont confrontés à la réalité. Mais quand ces élus interviennent dans les débats au sein du parti socialiste, ils n’osent pas toujours dire clairement ce qu’ils pensent. Notamment François Hollande qu’il est beaucoup plus libre qu’il ne parait dans ses discours. Or, aujourd’hui, je crois qu’il faut oser. Il faut que ça passe ou que ça casse.
Qui, au PS, peut incarner ce renouveau ?
Avant de choisir un leader, il faut que les leaders choisissent clairement ou non la réforme. C’est sur ce point précis que doit porter le débat au sein du Parti socialiste.
Ça vous agace qu’on vous traite de Sarkozy de gauche ?
Non, mais je ne crois pas que ça corresponde à la réalité. Je respecte le Président de la République, je reconnais son énergie, son goût de l’action... Mais je n’ai ni le même tempérament, ni les mêmes méthodes. Car je ne suis pas un adepte des promesses tout azimuts. Je crois aussi que je suis plus modeste dans mon approche politique, moins fasciné par la communication, le spectaculaire... Finalement, je crois au travail de fond, au dialogue, à la patience....
Mais à Lyon, les grands projets ne risquent pas justement d’être bloqués par le gouvernement parce que vous êtes socialiste ?
Le gouvernement peut bloquer certains dossiers lyonnais, comme il l’a fait sous mon précédent mandat. Que ce soient certains projets, certains investissements.... Et c’est effectivement tentant pour le Président de la République de privilégier les villes tenues par la droite. Mais ce serait une erreur car on ne peut pas construire l’avenir de la France en bloquant toutes ces grandes villes françaises aujourd’hui tenues par la gauche pour de simples raisons politiciennes.
Un exemple concret de blocage ?
J’ai été choqué que, pendant la campagne des municipales, Nicolas Sarkozy fasse toute une série de promesses aux Marseillais pour aider Jean-Claude Gaudin à se faire réélire. En expliquant au fond, « si vous votez pour la droite, vous aurez de l’argent, sinon vous serez bloqués ». D’ailleurs, à Lyon, par exemple, je sais que nous allons avoir des problèmes pour être retenus comme capitale européenne de la culture en 2013. Car le gouvernement va pousser d’autres candidatures contre la nôtre, notamment Marseille. C'est pourquoi je vais rencontrer prochainement le Président de la République dans le cadre des Eurocités, et je vais en profiter pour évoquer avec lui ce problème.
Le message que vous voulez faire passer à Sarkozy ?
L'ouverture en politique, ce n’est pas de débaucher quelques personnalités de l’opposition pour leur accorder un poste, les acheter, les asservir, les neutraliser... La vraie ouverture, c’est de rechercher les convergences qui peuvent permettre de rassembler le plus largement les Lyonnais. Il doit aussi être à l’écoute de ceux qui ne pensent pas comme lui. C’est au fond ça, la démocratie. Et le Président de la République doit respecter cette règle au niveau des villes, des départements et des régions.

Retrouvez la suite de l'interview sur la politique lyonnaise dans le numéro d'avril de Lyon Mag, actuellement en kiosque.

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