Manoukian : "Sans sexe ça ne veut rien dire"

C’est pas prétentieux d’écrire sa biographie à 50 ans ?
André Manoukian : Si, bien sûr. Mais pour moi, ce livre est une thérapie pour donner justement du sens à tout ce bordel dans ma vie. Déjà quand j’étais môme, en tant qu’Arménien, je me sentais en décalage dans une ville bourgeoise comme Lyon. Puis je suis devenu pianiste de jazz et je me suis retrouvé à faire des bals avec Michèle Torr. Aujourd’hui je fais partie du jury de “La nouvelle star” sur M6 alors que ce n’est pas ma culture. Bref, j’ai toujours été décalé.
Et pourquoi vous balancez en public vos histoires de sexe ?
Quand j’étais ado, je lisais des bouquins d’Henry Miller comme “Sexus”, “Nexus”, “Plexus”, ou “Jours tranquilles à Clichy”. C’est assez cru mais génial. Au fond, le sexe fait partie de ma culture.
Mais votre livre est assez trash !
Non, je ne pense pas avoir fait dans le porno. Mais je ne pouvais pas passer à côté de mes premières branlettes. Ni de ma première fois... Et ce n’est pas racoleur, ce sont juste des moments de sincérité. En plus, je considère que l’érotisme est partout : dans le chant, dans une courbe, dans une ligne... Mais on vit dans un drôle de monde aujourd’hui. Les mômes grandissent entre les films pornos et une espèce de morale puritaine à la con. Je suis peut-être un peu rétro, mais pour moi, un récit sans sexe, ça ne veut rien dire.
Vous êtes accro au sexe ?
Non. A 50 ans, j’ai eu une dizaine de femmes dans ma vie. Et je suis loin d’être un play-boy. Mais le sexe est un des plus belles choses de la vie, il faut bien le reconnaître.
En tout cas, ce déballage a choqué Liane Foly, votre copine quand vous étiez à Lyon !
Pourtant il n’y a rien de choquant. Je raconte simplement notre premier baiser. D’ailleurs j’en avais déjà parlé devant elle à la télé chez Fogiel et chez Ardisson. Je rajoute simplement que je lui ai posé la main sur le sein. Rien de bien terrible quand même.
Elle affirme que vous mentez !
Tout ce que je raconte sur elle est vrai. Mais le problème, c’est qu’écrire, c’est trahir. Je comprends maintenant pourquoi les écrivains préfèrent réaliser des romans. Car ils peuvent se cacher derrière leurs personnages !
Mais vous l’avez blessée !
Je le regrette mais, moi aussi, elle m’a blessé par sa réaction violente. Alors que des gens qui ont lu le livre ont estimé que c’était plutôt un bel hommage à Liane. L’essentiel, c’est que je suis tranquille avec moi-même. Même si avec ce livre, j’ai payé le prix, celui de mon amitié avec Liane.
Vous regrettez ?
Non, mais l’écriture c’est violent, on est seul. Et il faut assumer.

“La Mécanique des fluides”, d’André Manoukian, 277 pages aux éditions Michel Lafon. 18 euros.

“Salie”
La réaction de Liane Foly au livre d’André Manoukian.
“J’ai partagé dix ans de ma vie avec André Manoukian. Ensemble, on a fait de très belles chansons. Je ne le regrette pas mais maintenant, c’est fini. Je ne veux plus jamais l’avoir au téléphone. Car il exagère dans son livre. Exemple : ce n’est pas lui qui m’a découverte, comme il l’affirme. Quand je l’ai rencontré à Lyon, c’est moi qui bossais. Et sans moi il n’aurait pas eu de travail. C’est aussi moi qui me suis battue pour obtenir des rendez-vous avec des maisons de disque. Bref j’ai toujours été la locomotive.
D’ailleurs, je ne comprends même pas pourquoi il a écrit ce livre. Je me sens salie. D’autant plus qu’au fond, sa vie privée, on s’en fout. Ça me semble même très prétentieux qu’il puisse écrire une biographie. Et puis, ses histoires de sexe, il ne faut pas rêver, car ce n’est pas Rocco Siffredi. Au fond, je crois que la télé lui a un peu tourné la tête. En plus, pour moi c’est de l’histoire ancienne. Aujourd'hui, j’ai un nouvel album, un spectacle en tournée... Ma vie va bien, contrairement à la sienne.”