Huttopia joue le camping écolo

Pourquoi vous vous êtes lancé dans le camping ?
Philippe Bossanne : Parce que je suis parti travailler en 1992 au Canada où j'ai découvert une autre façon de camper. Là-bas, les gens posent leur tente dans des endroits magnifiques au milieu de nulle part, mais sans dégrader l’environnement. J’ai donc décidé d’importer en France ce modèle de camping. Et c’est comme ça que j'ai lancé quelques années plus tard, Huttopia avec ma femme.
Le concept d'Huttopia ?
Je ne voulais pas créer des campings où les mobile homes s'entassent les uns sur les autres. Mon idée, c'était d’implanter des campings sur des sites naturels magnifiques en limitant au maximum l'impact sur l'environnement. J'ai donc conclu un partenariat avec l'office national des forêts, ce qui m'a permis de trouver des emplacements.
A quoi ressemblent vos campings ?
On propose des hébergements dans des cabanes de bois non traitées de 35 m2 avec une chambre, une salle de bains, un salon et une terrasse. Il y a aussi des roulottes pour 4 personnes avec chambres, cuisine et salle de bains. Sans oublier des tentes équipées de réchauds, d'un frigo, de lampes, de matelas, pour 5 personnes. Nous avons aussi installé des terrains de jeux, un bar-restaurant, une piscine bio c'est-à-dire sans chlore. Et bien sûr, les gens peuvent aussi apporter leur tente. Notre objectif, c'est d'attirer des non-campeurs. On organise également différentes activités : yoga, balades en canöe, à cheval ou en forêt, courses d'orientation... On fait également venir des producteurs bio sur nos sites...
Votre cible ?
De jeunes couples plutôt aisés qui n'ont pas l'habitude de camper et qui veulent faire découvrir la nature à leurs enfants. Des gens qui aiment les activités de plein air et qui s'intéressent vraiment à la nature. Nous accueillons aussi des Anglais, des Allemands des Hollandais, qui représentent 50% de notre clientèle.
Vos tarifs ?
Entre 300 et 800 euros la semaine selon la saison pour une cabane. Louer une roulotte une semaine coûte entre 600 et 700 euros maximum en pleine saison. Et 450 euros pour une tente.
Ça a tout de suite marché ?
Non, j'ai commencé par reprendre un petit camping qui réalisait 60 000 euros de chiffre d'affaires. Puis en 2001, Lafuma est entré dans notre capital. Ce qui nous a permis d'ouvrir notre premier site à Rieumontagné dans le Tarn puis de vraiment nous développer. Aujourd'hui nous gérons dix sites en France dont un à Dardilly. De plus, on vient de signer deux contrats de franchise.
Vos résultats ?
On a réalisé l’année dernière un chiffre d'affaires de 4,7 millions d'euros en hausse de 27% pour 230 000 euros de résultat net environ avec 50 salariés permanents auxquels il faut ajouter une centaine de saisonniers l'été. Cette année, je vise une croissance d'au moins 20% avec 5% de rentabilité.
Comment vous expliquez votre succès ?
On réhabilite un modèle de camping fondé sur le respect de la nature. Pour nous, le vrai campeur, c'est celui qui ne laisse pas de trace. Et ce n'est pas un hasard si le bois de nos cabanes n'est pas traité. On a aussi installé des réducteurs de débit d'eau, on utilise des ampoules basse consommation, les déchets sont triés... Du coup, les clients perçoivent Huttopia comme un mode de vacances écolo. Et ça marche parce que les gens se sentent de plus en plus concerné par la problématique du développement durable.
Vos projets ?
Et, cette année, nous allons ouvrir 13 sites au Québec, dans des parcs nationaux. Mais également un site à Font-Romeu dans les Pyrénées. Ce qui va nous permettre de préparer notre implantation dans le nord de l'Espagne. On va aussi développer notre concept en franchise, notamment en France. Notre objectif étant d’avoir 25 campings à la fin de l’année.

Propos recueillis par Emmanuel Derville