Pour souscrire à l’un de ces comptes, vous n’avez besoin de presque rien. Vous vous pointez chez votre buraliste avec 20 euros en poche. Avec cette somme, vous achetez une petite boite dans laquelle se trouve une carte MasterCard et un livret d’explication.
4000 comptes ouverts à Lyon
Dans une borne électronique, vous scannez votre pièce d’identité, vos coordonnées postales et électroniques. Enfin vous rentrez les dix chiffres qui figurent sur le code barre de la carte que vous venez d’acheter avant que le buraliste ne glisse la carte dans le terminal afin de l’activer. Il vous remet ensuite un ticket sur lequel figure votre RIB.
Désormais, vous avez une vraie carte bancaire et un RIB et vous pouvez domicilier vos revenus, salaires, RSA ou autres allocations. L'ouverture du compte nécessite une pièce d’identité et un téléphone portable. Il faut également régler une cotisation annuelle de 20 euros auprès d’un bureau de tabac. Le compte est donc ouvert et utilisable en quelques minutes seulement. Une fois les formalités remplies sur la borne, le buraliste vous remet une carte MasterCard classique.
Même si ce système bancaire prépayé ressemble en grandes lignes au système bancaire classique, il s’en éloigne sur quelques points. Aucun chéquier ne peut être délivré, les versements en espèces sont taxés de 2% ainsi que les retraits d’argent. Il est également impossible de programmer des virements permanents ou de souscrire au débit différé.
En revanche, ces cartes prépayées sont acceptées dans tous les commerces, les virements uniques sont gratuits et aucun découvert n’est autorisé. Vous ne dépensez donc pas plus que ce que vous avez sur votre compte. Aujourd’hui à Lyon, on compte déjà plus de 4.000 comptes ouverts et six bureaux de tabac partenaires. En quelques minutes, les exclus du système bancaire classique (immigrés, interdit bancaire, faibles revenus) peuvent s’offrir une MasterCard et un compte bancaire en état de fonctionnement.
Parmi ces derniers, on peut relever la buraliste rue Vaubecour, qui souhaite "se diversifier pour attirer un maximum de clients". Pour le moment, elle vend entre cinq et dix Compte-Nickel par semaine et reconnait qu’il est très facile de s’en procurer un.
Peut-être même un peu trop, selon elle, persuadée que ce procédé doit créer des irrégularités. Malgré tout, elle "ne regrette pas d’avoir commencé à en vendre" même si elle ne sait pas si elle va continuer. D’une part, cela lui fait une charge de travail supplémentaire. D’autre part, la propriétaire des lieux se plaint de "problèmes informatiques et de plusieurs bugs qui peuvent parfois durer toute la journée". Un bémol lorsque l’on sait que l’entreprise mise sur sa facilité d’accès.
Des chiffres en hausse
Dans le 2e arrondissement, une gérante de tabac, plus optimiste, explique avoir participé au projet dès le début. Organisée par le co-fondateur de Compte-Nickel Ryad Boulanouar, la réunion présentant le produit a su séduire la commerçante. Mais l’adhésion à ce projet ne va pas que dans un sens. Les bureaux de presse doivent aussi remplir leur part du marché : "il faut qu’on réponde à des critères par rapport à la Banque de France, à notre emplacement et à la superficie du magasin, pour que la personne puisse s’inscrire en toute tranquillité", concède la buraliste.
Celle qui voulait apporter un service supplémentaire à son commerce ne regrette à aucun moment l’ouverture des Compte-Nickel. Depuis son lancement, elle a vu son chiffre d’affaires augmenter : "On vend des comptes nickel depuis le début et ça marche bien. On est à 900 ouvertures de comptes depuis un an". Si les clients intéressés au départ étaient souvent interdit bancaire, la gérante affirme que "maintenant, il y a vraiment toutes les classes sociales". Et quand sont évoqués les possibles dérives et abus que Compte-Nickel peut engendrer, la commerçante insiste sur le fait qu’un client ne peut déposer que 750 euros sur 30 jours.
"Les banques sont la cible de dérives et de crises économiques"
Mais le son de cloche n’est pas le même partout. Ancien directeur de banque, Xavier Velasco s’est reconverti dans la vente en s’implantant rue Edouard Herriot. Lorsque le sujet des comptes sans banque est abordé, le patron ne mâche pas ses mots en parlant de "vol" et "d’arnaque". Pour lui, les syndicalistes des buralistes ont une part financière importante dans la filiale. Ils poussent donc les consommateurs, par leur crédibilité, à adhérer au système. Les véritables recettes, pour les bureaux de tabac, ne sont pas dans la vente de ces cartes "prépayées" mais dans le commerce qu’elles peuvent procurer : consommation de tabac, de journaux et autres produits.
Le gérant a déjà eu des clients intéressés par ce nouveau procédé. Des personnes souvent interdits bancaires qui cherchent un repli de secours, un moyen de ne pas être pointés du doigt par la société. S’il ne fait pour lui aucun doute que Compte-Nickel est sujette aux détournements financiers, il généralise en soutenant que "les banques sont la cible de dérives et de crises économiques. Alors comment ce système pourrait-il y échapper ?".
Une question qui mérite d'être posée pour un dispositif encore récent et qui, avec d'autres, apporte une nouvelle pierre à l'ubérisation croissante de l'économie en bousculant les anciens monopoles établis.
L'argent c'est mal chez vous ou chez moi, en revanche c'est bien dans les poches d'am, donc si vous avez 100euros sur vous, je vous invite à en faire don à am, ils trépignent d'impatience :o)
Signaler RépondreOuvrir un compte sous une fausse identité n'a jamais été aussi simple.
Signaler RépondreC'est difficile de ne pas être manichéen, hein ? :o)
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La monnaie, ce n'est ni le mal ni le bien, c'est un outil qui permet autant les échanges que les exclusions. Donc, en gros vouloir "un monde en paix sans prise de tête superflue" tout en utilisant un outil qui exclut, qui oriente la société à bouffer le voisin, etc, c'est complètement débile.
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Avez-vous compris cela ou pas ?
Pour ouvrir un compte avec une banque en ligne et bénéficier de la carte gratuite, il faut y domicilier ses revenus ou abonder un minimum chaque mois (750 € chez ING par exemple).
Signaler RépondreCe qui élimine tous les gens n'ayant pas de revenu régulier et il y en a de plus en plus dans notre belle société
Ce système n'est pas dénué d'intérêt mais est bien trop léger à mon avis sur l'identification du titulaire
En gros, avec une fausse pièce d'identité (facile), n'importe qui ouvre n'importe quel compte.
Signaler RépondreLe paradis des escrocs et autres terroristes en quelque sorte...
Vraiment hallucinant dans une période comme celle-ci
Venez au crédit mutuel c'est la banque à qui parler.
Signaler RépondreVous avez besoin de parler ? Nous sommes là pour vous !
Mais du coup, l'argent c'est bien ou mal ?
Signaler RépondreL'incohérence du message que vous essayez de passer tend à montrer l'immaturité de votre projet :\
20€ de cotisation annuelle, vous versez de l'argent, vous êtes taxé de 2%, vous retirez ce même argent, vous êtes taxé à nouveau de 2% !!! Belle arnaque que ce truc, qui ne peut intéressé que les personnes interdis bancaires, ou les personnes influençables qui ne savent pas compter. Tout ça, ça ferait quand même 4000 personnes à Lyon, si le chiffre est exact.
Signaler RépondreQuand on sait qu'à côté de ça, les cartes de paiement sont rigoureusement gratuites avec aucun frais sur les mouvements et sur la tenue du compte quand vous ouvrez un compte sur une banque en ligne, ça laisse rêveur sur la sagacité des gens pour gérer leur argent.
:o)))
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Cher pseudo anonyme, cet article est très intéressant.
Au contraire, il montre que la "disparition" de la monnaie réelle se rapproche. (voir en Norvège et au Danemark les dernières news) Les banques, par différents aspects, sont nos meilleurs alliés car elles sont leur pire ennemi. (mais ça mériterait un débat qui ne se fera pas sur ce forum)
Un sucés cruel pour ceux qui souhaitent voir disparaitre le système monétaire !
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