Un système d’élection complexe rend impossible toute prédiction sérieuse. Le processus d’élection du président de l’université de Lyon 2 est long et opaque. Actuellement, trois listes d’enseignants se disputent 14 sièges au Conseil d’administration. La liste "Ensemble pour l’Université" est une sorte d’héritière de la liste "Choisir ensemble" de Mayaud en 2012. Elle est menée par Luc Baumstark et réunit les vice-présidents actuellement en poste (Norbert Landon, Béatrice Clavel, Yanni Gunnell).
Elle est héritière en ce sens qu’elle est soutenue en sous-main par le président actuel, mais déviante car en son sein, le psychologue Olivier Koenig a attendu d’avoir la certitude que l’actuel président ne rempilerait pas pour entrer lui aussi dans la course à la présidence. "Ensemble pour l’Université" voudrait 4 ans de plus pour mener à bien ses projets. Développer un centre de langue commun aux universités de Lyon et de Saint Etienne, mettre des stages dans le cursus licence, développer des logiciels spécifiques à l’enseignement par le numérique et les diffuser dans la communauté des 28 000 étudiants de Lyon 2.
Face à elle, la liste "Imagine Lyon 2" appelle à sortir de la "léthargie crépusculaire" des années de présidence Mayaud. Elle est composée ou soutenue par des anciens vice-présidents de l’équipe de Jean-Luc Mayaud (Isabelle Lefort et Isabelle Tapiero, anciennes vice-présidentes à la recherche et aux relations internationales) et se structure autour de la volonté de pouvoir piloter au mieux le rapprochement plus que probable avec l’Université Lyon 3 au cours du mandat. Elle rassemble des élus qui sont souvent très impactés par ce rapprochement (en Droit, Sciences Economiques et Langues).
Si la liste obtient 4 élus Professeurs et 4 élus Maitre de Conférence (deux grades différents du même métier) le nouveau président de l’Université sera alors vraisemblablement Jean Soubrier, qui dirige la fac des langues.
A lui de mettre en application l’autre ligne du projet : rapprocher en les simplifiant les relations entre les services de l’Université et les enseignants. "Actuellement il y a des services centraux qui fonctionnent de manière peut être trop rigide. Cela créé des difficultés avec les enseignants et in fine des inerties. Notre idée est de parvenir à faire fonctionner cela avec plus d’humain et plus de confiance", expose Jean-Louis Navarro, n°3 sur la liste, Maitre de conférence.
Dernière liste en course, "Agir", structurée autour de la Fac de sciences sociales, mais pas seulement. Nathalie Dompnier, battue en 2012 par Jean-Luc Mayaud, s’est muée en opposante ferme pendant 4 ans. Elle tire aujourd’hui les profits d’un positionnement autour de la défense d’un service public qui ne se ramène pas au pilotage de l’Université par des outils de gestion uniformes.
Sa profession de foi, constituée par adjonctions successives d’éléments programmatiques, séduit peu à peu des personnalités qu’on pensait éloignées les unes des autres. Guillaume Protiere, doyen de la faculté de Droit, est en position éligible. Nicolas Chaigneau, doyen de la faculté de sciences économiques l’est aussi en tant que Professeur. Jusqu’à présent, le droit, la science politique et la science économique, n’avaient pas paru constituer un trio de conquête à Lyon 2.
Une fois les 14 enseignants élus, on ajoute 5 places pour les étudiants. L’Unef se sent pousser des ailes. "On vise 3 places pour cette élection. On a des revendications claires. On veut que les étudiants aient la possibilité de re-passer les épreuves y compris quand ils ont déjà eu 10. Obtenir une meilleure note c’est la possibilité de se constituer un meilleur dossier pour les M2. On veut également des heures de sensibilisation aux problématiques de l’égalité homme/femmes et au développement durable", explique Anaïs Belouassa, secrétaire générale adjointe de l’Unef Lyon.
Ça ne se joue pas qu’à Lyon. Antoine Tredez, Unef Paris, négocie ferme avec l’équipe actuelle "Ensemble pour l’Université". La possible reconnaissance dans les études à Lyon 2 de l’engagement associatif est justement un projet de "Ensemble pour l'Université". Cela ravirait aussi Jean-Didier Babete, Unef, actuel radical de gauche et vice-président étudiant. La tension entre les syndicats étudiants est vive. Le drapeau Unef a mystérieusement disparu de son local du campus de Bron.
Il faudra ensuite convaincre les 3 élus des agents administratifs. Viendront alors s’ajouter 3 élus désignés par la Métropole, la Région Rhône-Alpes Auvergne et le CNRS.
Le 18 mars prochain, ces 14+5+3= 22 élus choisiront 5 nouveaux membres (dont 1 proviseur de lycée, 1 syndicaliste, 1 chef d’entreprise, etc).
Celle des trois listes qui arrivera en tête ce 10 mars, aura donc un gros travail de recrutement/persuasion à faire pour s’adjoindre les autres membres du CA qui devront aller dans son sens pendant les 4 ans qui viennent.
Puis la vie de ce paquebot à la quille hésitante qu’est Lyon 2 reprendra son cours.