Les sociologies des présents sur la Place Guichard oscillent entre le salarié précarisé privé d'emploi et les classes moyennes intellectuelles. On croise beaucoup d'étudiants et de personnes travaillant dans le social, la culture ou l'enseignement. La moyenne d'âge est plutôt basse. On y est de Lyon intramuros et de Villeurbanne. Plutôt que d'Ecully ou de Dardilly. Ou plutôt que de Vénissieux ou de Saint-Fons. Et l'assemblée est très blanche.
Bien sûr, à ces titres les présents ne représentent pas entièrement, loin de là, la diversité de notre ville et de notre pays. A quelques centaines ou quelques milliers dans une Métropole vaste comme la notre ce serait difficile.
Mais, quand même, on est ici dans l'anti-modèle traditionnel lyonnais. Où seuls quelques individus bien élevés et aisés prennent la parole.
Ok n'est pas à prendre au pied de la lettre à Nuit Debout Lyon. A chacun de décider ce qu'il veut en faire. Mais les présents ont le grand mérite de se rassembler et de débattre.
Oui, il y a de tout dans les débats. Et beaucoup recrachent du prémaché ailleurs. Du Politis picoré quelque part. Du Lordon dévoré dans un coin. Parfois même du BFMTV ingurgité dans quelque lieu sombre. Mais ce prêt à penser, on le trouve partout dans notre époque. Comme dans toutes les autres l'ayant précédées. Bis repetita placent disaient déjà les romains antiques. Et c'est justement pour ne pas en rester à ses certitudes et à son conformisme personnel qu'on vient ici à ce pique-nique collectif de la discussion qu'est Nuit Debout Lyon.
Entre les monnaies alternatives, le coup d'Etat constitutionnel au Brésil, la loi Travail en France, le langage, l'éducation, l'environnement, les sujets sont vastes. Au risque de s'y perdre. Même si tout fait l'objet d'une synthèse.
Bien sûr, il y a, et c'est le libre choix de chacun, à prendre et à laisser. Tenez, il y a là un intéressant atelier sur les biens communs. Entre logiciels libres et boites d"échanges de bien, voilà une utopie concrète et sur laquelle agir au quotidien. Et le sujet suscite, à mon sens personnel, des discussions d'excellent niveau. Même si on déchante un atelier plus loin quand on apprend que Alexandre le Grand a fondé la monnaie...
Et puis on est surpris, et c'est tant mieux, parfois par la complexité des individus derrière l'apparence. Un autre leçon de vie. Dans un autre groupe de travail, sous ses dreads-locks évoquant un fan de Max Roméo et de Taj Weekes, un jeune homme nous affirme de façon forte qu'il n'y a pas de drogues dures ou légères. Il est plus Bernard Debré que Bob Marley ou Jean-Marie Le Guen le rasta ! Comme quoi tout le monde n'est pas d'accord sur tout à l'intérieur des groupes présents. Autre exemple la question de faire des ateliers réservés uniquement aux filles a fait l'objet d'intenses débats passionnés.
Certes les opinions présentes ne sont pas non plus toutes représentées et on entend plus de propos évoquant la gauche radicale qu'un meeting du MEDEF. L'inverse d'une matinale sur Europe 1 ou BFM Business en quelque sorte.
Et puis il y a bien sûr, surtout en assemblée générale, parfois la tentation de la course à la radicalité la plus forte. Aux postures les plus révolutionnaires. Que celui qui parle le plus dur ait raison. Et c'est un des vrais défauts de ce type d'exercice. Qui limite la qualité des échanges.
Mais rien que le fait de rassembler des gens, de les mêler, qu'ils parlent ensemble, est déjà un beau moment. Un moment bienveillant puisque les présents sont là pour s'écouter et pas pour s'affronter. D'ailleurs les habituels anarchistes sectaires que l'on croise dans certains endroits des pentes de la Croix-Rousse ou de la Guillotière qui ont habituellement trop tendance à jouer les flics de la pensée et du droit de chacun à être ou non présent aux réunions, se font aussi discrets. Et pour certains déplorent cette trop grande ouverture à toutes et tous de l'événement.
On a justement plutôt l'impression que nombreux des participant cherchent à échapper à toute récupération. Et à rendre vivante la question de Roland Barthes "Comment être bons dans une société mauvaise ? "
Des initiatives s'installent ; Multiples. Là, deux connaissances à moi installent une bibliothèque debout. Ici, une amie fait des litres de soupe pour nourrir les présents et ne pas gâcher la nourriture. Chaque soir, un film militant est projeté.
Je ne sais pas si il sortira beaucoup de chose de Nuit Debout Lyon. On verra. Mais il y aura eu des échanges. Intéressants ou pas. Et des gens ensemble. Et c'est déjà beaucoup.
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Romain Blachier
par exemple les Etrusques auraient tout de même été surpris par cette affirmation mais peu importe ;)
Signaler RépondreNon c'est un exemple qui m'a amusé. Il a bien sûr bien plus énorme. Passez voir. Mais j'ai un ami qui a bloqué un peu dessus. Mais tout de même Alexandre le grand est fort tardif par rapport à l'invention de la monnaie.
Signaler RépondreOn trouve de tous dans les débats: du remixé, de l'original, de l'inculte, du cultivé, de l'approximatif, du précis, bref tout cela est riche.
Si vous avez une explication unique pour Vaulx en Velin et Ecully je prends mais à mon avis on aura du mal en quelques lignes à évoquer ce qui est une vraie question de beaucoup de mouvements pour s'ouvrir.
Signaler RépondrePour Vaulx les problèmatiques soulevées? Les horaires? Les modes de rassemblement? La distance?
Pour Ecully par contre je pense que c'est plutôt de l'ordre du clivage politique et social net.
"Même si on déchante un atelier plus loin quand on apprend que Alexandre le Grand a fondé la monnaie..."
Signaler RépondreC'est un raccourci un peu facile mais fondamentalement en étendant son empire sur une bonne partie du monde antique méditerranéen, c'est bien alexandre le grand qui à amené à l'installation du système de monnaie sous forme de pièce standardisé dans toute la région. Avant ça on parle de micro système au niveau de cité état qui cohabitent largement avec des système de reconnaissance de dette (les phénicien, grand commerçant de l'époque fonctionnent par exemple beaucoup comme ça).... Globalement si ce n'est pas alexandre qui invente la monaie au sens strict (mais comme C. Collomb ne découvre pas l’Amérique et Guttemberg n'invente pas l'imprimerie) c'est bien lui qui amène la disparition des forme antérieur d'échange entre orient et occident. Finalement si les choses qui sont dite les plus choquante sont des raccourci dans ce genre, les débat de nuit debout doivent etre de haute volé !
Romain Blachier a écrit ""Plutôt que d'Ecully ou de Dardilly. Ou plutôt que de Vénissieux ou de Saint-Fons. Et l'assemblée est très blanche."""
Signaler Répondre" très blanche " il conviendrait que cet éditorialiste explique
le pourquoi de ces constatations. Il soulève une question intéressante pourquoi dans ce mouvement ( des blancs) et pas de personnes " issues de la diversité" ?