Sperme : 19 donneurs seulement à Lyon

Sperme : 19 donneurs seulement à Lyon

Les HCL lancent une campagne d’information sur le don de sperme. Interview du Pr Jean-François Guérin, chef du service de biologie de la reproduction.

Pourquoi cette campagne ?
Jean-François Guérin : Parce qu’il y a seulement 19 donneurs de sperme à Lyon. Un chiffre en baisse chaque année. Du coup, 115 couples sont en attente aujourd’hui, pour une durée qui va de 6 mois à 1 an.
Les couples concernés ?
Dans la plupart des cas, des couples où l’homme est stérile. C’est-à-dire qu’il n’a pas ou a trop peu de spermatozoïdes. Mais on a aussi des cas de couples avec une anomalie génétique qu’ils ne souhaitent pas transmettre à leurs enfants. Comme la mucoviscidose. Et comme le don d’ovocyte est encore plus compliqué, les couples se tournent vers le don de sperme.
Et ça ne pose pas de problème au futur père ?
Avec 30 ans de recul, ça se passe plutôt bien. Mais c’est aussi pour éviter des problèmes qu’on donne un délai de réflexion de six mois aux couples.
Les hommes qui peuvent donner leur sperme ?
D’abord, il faut savoir que selon la loi bioéthique, le don est gratuit et anonyme. Ensuite, l’homme doit avoir eu au moins un enfant. Car on veut éviter que de jeunes hommes fassent un don, puis que, pour une raison ou une autre, ils n’aient pas d’enfants personnellement. Ce qui serait lourd à gérer psychologiquement. Résultat, les donneurs ont en moyenne plus de 30 ans. Ensuite, chaque homme peut faire jusqu’à 10 dons.
Pourquoi cette limite ?
C’est un peu arbitraire. Au départ, on voulait éviter les risques de consanguinité. Avec de nombreux enfants du même père qui risquaient de se rencontrer et d’avoir des enfants. Mais on a montré que ce risque est scientifiquement nul. C’est donc plutôt pour rassurer les familles qu’on reste limités à 10 dons.
Comment vous expliquez la réticence des hommes à donner leur sperme ?
D’abord contrairement au don du sang, il n’y a pas d’urgence vitale à donner. Ensuite, il faut se masturber à l’hôpital, ce qui n’est pas forcément très attirant. Et puis les femmes sont parfois opposées au don de leur mari. Enfin, ces hommes vont avoir des enfants biologiques dans la nature. Bref, c’est une démarche très altruiste.
Pourquoi ne pas payer les donneurs comme aux Etats-Unis ?
Ça me choquerait, parce qu’on entrerait dans une démarche mercantile qui n’est pas forcément très bonne pour les couples, même psychologiquement.
La campagne que vous allez mener ?
On va mener une campagne d’information grand public avec une affiche qui reprendra un slogan simple : “Les garçons ne naissent pas forcément dans les choux”, avec un chou comme visuel. Mais on va également sensibiliser les gynécologues, pour que les femmes aient connaissance du don de sperme.

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