Eric Azières : "Reconstruire un centre crédible"

Eric Azières : "Reconstruire un centre crédible"

Membre du bureau national de l’UDF, Eric Azières est chargé de réorganiser le centre à Lyon. Un sacré chantier ! Mais cet élu parisien espère pouvoir rassembler malgré les divisions des dernières élections.

Pourquoi vous n’avez pas investi de candidat centriste pour les dernières élections cantonales partielles à Lyon ?
Eric Azières : Parce qu’aujourd’hui, la volonté de la direction nationale de l’UDF, c’est de rassembler toutes les sensibilités centristes lyonnaises. Or, trois candidats se revendiquaient du centre dans cette élection. Du coup, si on avait privilégié l’un d’entre eux, on se serait privés de la possibilité d’ouvrir enfin un dialogue serein et apaisé.
Ce n’est pas plutôt un manque de courage ?
Au contraire. Comme toujours en période d’élection, les passions étaient exacerbées. Ce qui était courageux, c’était donc de garder une certaine distance malgré les sollicitations. Tout en rappelant que les structures du Modem restent à construire. En particulier la fédération du Rhône qui aurait été la seule à avoir la légitimité pour accorder une investiture à ces élections cantonales.
Ceux qui se réclament aujourd’hui du Modem sont des imposteurs ?
Non. Mais les centristes lyonnais ont fait des choix stratégiques différents. Certains sont alliés à l’UMP, d’autres au PS, d’autres encore refusent tout consensus et veulent même exclure du Modem ceux qui ont accepté un accord électoral. Mais nous, avec François Bayrou, on veut chercher ce qui rassemble ces trois sensibilités et non ce qui les divise.
Les haines ne sont pas trop fortes ?
Non. J’ai rencontré aussi bien Michel Mercier, réélu président du conseil général avec le soutien de l’UMP, qu’Anne Pellet qui défend un Modem indépendant ou encore les élus centristes alliés à Gérard Collomb. Tous sont prêts à jeter à la Saône les rancœurs. Car ce sont des gens de bonne volonté, responsables et raisonnables !
Ce n’est pas trop tard pour défendre l’unité de la famille centriste à Lyon ?
Je reste optimiste, car au fond, ils partagent les mêmes valeurs démocrates, sociales et européennes. Mais pour dépasser ces divisions, je reconnais qu’il nous faudra un peu de temps !
Vous ne voulez pas exclure les centristes qui se sont alliés aux millonistes sur la liste Perben aux dernières élections municipales ?
Je n’ai aucune leçon à recevoir en termes de convictions centristes ! J’ai moi-même mené la campagne à Paris dans le 13e arrondissement avec Marielle de Sarnez. Alors une campagne municipale dans un contexte hostile, je connais ! Avec les dérapages que ça peut donner. Mais aujourd’hui, je refuse de relancer toute polémique.
Cette recherche permanente du compromis, ce n’est pas une manie des vieux notables centristes ?
Mais je n’ai pas parlé de compromis ! Avec François Bayrou, on ne recherche pas le consensus à tout prix. On veut rassembler sur une synthèse pour mettre en cohérence notre stratégie nationale et nos choix au niveau local. Mais sur les valeurs, on ne cédera pas.
Michel Mercier est encore légitime après avoir tout fait pour bloquer une liste Modem aux élections municipales ?
Mais on ne va pas juger la légitimité de Michel Mercier sur les six derniers mois ! Car il ne faut pas oublier tout ce que cet élu a apporté aux centristes depuis 30 ans.
François Bayrou n’aurait pas dû prendre ses distances plus tôt avec Michel Mercier ?
Au contraire. C’est justement parce que François Bayrou a conservé des liens d’amitié avec Michel Mercier qu’on peut encore rassembler toute la famille centriste.
Aucun regret ?
Non. Les consignes d’état-major ne doivent pas tomber comme un couperet. Ce n’est pas une question de prudence, mais l’application de principes simples : le respect et la considération qu’on doit aux hommes et aux femmes qui ont construit notre famille politique à Lyon.
Mais pour le centrisme le bilan est catastrophique à Lyon !
Je reconnais qu’on a tout eu à Lyon au cours des derniers mois : des erreurs de psychologie, des maladresses, des contradictions... Mais aujourd’hui, l’heure est au pardon ! En revanche, je sais qu’on a une réelle richesse humaine et qu’on n’aura aucune difficulté à identifier ceux qui représenteront demain le Modem. Que ce soit parmi les partisans de l’authenticité ou ceux du consensus.
Mais c’est Gérard Collomb qui a aujourd’hui récupéré votre électorat !
Gérard Collomb attire les électeurs centristes par défaut. Et c’est en grande partie de notre faute ! Mais si nous reconstruisons un centre crédible à Lyon, on retrouvera la dynamique créée par la candidature de François Bayrou à la dernière élection présidentielle. J’en suis certain. D’autant plus que Lyon a une forte tradition centriste qui ne demande qu’à être ranimée.
Comment vous allez reconstruire cette fédération du Rhône ?
On va d’abord vérifier qui est vraiment adhérent au Modem à Lyon en demandant à chacun de confirmer son engagement. Ce qui évitera toute polémique sur les fichiers. D’ici l’été, on va renouveler notre conseil national et mettre en place des structures locales avec des représentants du Modem démocratiquement élus par les militants. Ce qui mettra fin à la confusion.
Votre prochaine échéance ?
Les élections européennes qui auront lieu en juin 2009. D’autant plus que la circonscription qui s’étend sur Rhône-Alpes et Provence - Alpes - Côte d’Azur est une des plus importantes de France. Le Modem se doit de présenter à cette occasion des candidats incontestables pour démontrer qu’on reste la troisième force politique en France avec l’UMP et le PS.

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