Dominique Hervieu, directrice artistique de la Biennale fait les deux sans méfiance apparente. Elle ne peut rester longtemps en place quand elle parle aux journalistes pour leur présenter le programme de la 17ème biennale. Comme celui de la 16ème , il sera populaire et expérimental.
"On a moins d’argent, [18% soit 530 000 € en moins, une baisse liée à la diminution des subventions publiques comme à celle du mécénat] mais on a des idées, et surtout on a des amis" résume en souriant Dominique Hervieu d’entrée de jeu. Et la directrice artistique d’enchaîner les « amis » qui viennent renforcer la Biennale : le Musée des Confluences présentera une exposition intitulée "Corps Rebelles" qui va montrer à partir du 14 septembre comment la danse a vécu en avance des révolutions qui ont été suivies de bouleversements historiques.
L’Université Lyon 2, le 30 septembre, co-organisera une journée de réflexion sur le thème "la danse juste pour le plaisir ?". Autre institution amie, l’Université Catholique, accueillera en partenariat avec le quotidien Libération une journée (le 19 sept) autour du thème : "comment la culture peut-elle jouer son rôle dans la vie réussie d’une société ?"
D’ailleurs, le thème du fameux défilé - le dimanche 18 septembre dès 14h autour de Bellecour - toujours dansé avec la participation des danseurs amateurs, porte le titre "Ensemble". "J’ai donné le titre aux équipes avant les attentats donc ce n’est pas lié à eux. Mais notre but par ce défilé est de montrer la beauté de la diversité" affirme Dominique Hervieu.
Pour le reste, le danseur sera le roi de cette biennale. "Le danseur, pas le chorégraphe" insiste en souriant Dominique Hervieu qui rappelle sa frustration pendant les 20 années qu’elle a passées au sein d’une compagnie comme danseuse à qui on ne donnait pas la parole. Sur le modèle d’Actor’s Studio à la Al Pacino, Dancers Studio donnera donc la parole à des interprètes moins connus que les chorégraphes pour lesquels ils ont dansé : Cristiana Morganti pour Pina Baush, Louise Lecavalier dans la compagnie d’Edouard Lock, Jonah Baker pour Merce Cunningham…
Une fois ceci fait, il restera ensuite à l’amateur et au spectateur de la biennale de choisir entre 37 spectacles dont 23 créations ou premières françaises et 12 co-productions (chiffre en baisse, par suite du fameux manque de budget). Des spectacles parfois très populaires (Jean-Claude Gallotta fait chanter Olivia Ruiz entourée de 9 danseurs), parfois à mourir de rire (le « Franito » de Patrice Thibaud déguisé en mère étouffante qui propose un duo flamenco avec Fran Espinosa) parfois extraordinairement chorégraphiés (les 7 jongleurs au millimètre du Collectif Petit Travers, ou Halka, la première création personnelles des acrobates de Tanger) parfois d’une beauté romantique (La Belle et la Bête de Thierry Malandain dont le Cendrillon avait fait chavirer les âmes) parfois d’une aridité à l’inquiétante beauté (Bouchra Ouizguen).
Mille raisons d’aimer la danse, sur des scènes petites ou l’intimité prime, sur de grands plateaux pour l’espace à conquérir. Aimer la danse, maitre mot de cette biennale qui n’oublie pas de confier à un acteur, David Wahl, le soin de comprendre pourquoi certains ont été ou sont "chorophobes", anti danse. Comme le fameux Curé d’Ars – bien connu à Lyon – dont l’historien Guillaume Cuchet rappelait (Transversalités, décembre 2013) les déclarations selon lesquelles les bals où dansaient les jeunes n’abritaient rien d’autre que "la demeure du démon".