1 100 000 pour Jean-Jack Queyranne. Le faible écart dans les urnes suffit à fonder une alternance dont on voudrait mesurer l’effet concret par deux petits exemples dont on peut craindre qu’ils soient représentatifs.
Le C.A.D.R [regroupement d’associations pour le développement des pays du Sud] est subventionné par le Conseil Régional Rhône Alpes. Il bénéficie d’une subvention de fonctionnement. Dans l’imaginaire Wauquiezois, la subvention de fonctionnement se trouve à un échelon moral intermédiaire entre le rat taupier et le Grand Satan : monstruosité molletonnée, la subvention de fonctionnement permet aux salariés d’une fourbe association (dont l’utilité est par définition wauquiezoise suspecte) de rester allongés sur des divans toute la sainte journée en n’acceptant d’interrompre leur sieste paresseuse que pour combler un petit creux en dégustant du caviar beluga acheté sur leurs salaires mirobolants versés grâce à cette fameuse et déraisonnable subvention (de fonctionnement).
Evidemment, le ressenti desdites associations est différent. Les responsables d’associations ont le sentiment de répondre à des appels à projets, de rédiger des plaidoyers pour expliquer pourquoi il y a un réel besoin d’agir sur tel ou tel enjeu, de signer des conventions qui établissent quels sont leur devoirs, le travail à mener, les résultats visés, etc.. Quand ces associations sont retenues par l’exécutif du Conseil Régional et qu’une subvention leur est accordée par le vote des conseillers, l’association reçoit une partie de l’argent pendant l’année en cours, communique aux services du Conseil Régional les éléments montrant le travail effectué, et perçoivent ensuite le reste des modestes (en vrai) subventions accordées.
Bref.
On imagine bien Laurent Wauquiez tonitruer en apprenant que la Région Rhône-Alpes subventionne une association comme le C.A.D.R. Grâce à cette petite subvention, ledit C.A.D.R pouvait pourtant jusqu’à présent monter un chapiteau place Bellecour pour y abriter tous les ans, en novembre, un "Village de la solidarité internationale". Des stands étaient tenus, beaucoup de rencontres se faisaient entre des acteurs du tourisme solidaire et un public intéressé (12.000 visiteurs en 2015).
On y réfléchissait à des questions liées au tourisme solidaire et écoresponsable. Comment développer un micro tourisme de l’intérieur, différent de ce tourisme de masse de la côte tunisienne ?
Comment – par exemple - permettre à un paysan tunisien de la région du Kef de louer une chambre à des rhônalpins qui voudraient découvrir à pas tranquilles les vestiges de la basilique romaine de Dar el Kous ("les arceaux") templum romain puis basilique chrétienne depuis 2000 ans ? Comme l’explique Pierre Vial (président de la Maison de la Solidarité) : "Il est nécessaire de former un minimum à l’interculturalité. Pour que le paysan qui accueille sache offrir des couverts à ses visiteurs, et que ces derniers sachent qu’ils peuvent en demander et qu’ils ne sont pas obligés de manger avec leurs doigts dans le plat commun".
Le C.A.D.R œuvrait pour le développement du tourisme solidaire et responsable : une salariée occupait 40% de son temps pour promouvoir ce tourisme auprès des futurs professionnels du secteur et faire vivre le réseau rhônalpin au niveau national et international. Le président du CADR, Hervé Derriennic, siffle la fin de partie : "Nous avions trois salariés en CDI. La Région représentait un quart de notre budget. Son soutien est passé de 80 000 € à 20 000 €. Nous allons entamer une procédure de licenciement économique".
La semaine de la solidarité internationale va survivre (elle est aidée par la Ville de Lyon et la Métropole), mais pas son château-chapiteau qui permettait tant de belles et utiles rencontres.
Le CIDFF.
Pas plus que moi probablement vous ne connaissiez le CIDFF. Et portant. C’est une structure d’aide, d’accueil et d’accès aux droits pour les femmes qu’on retrouve dans tous les départements de France. Dans l’ensemble de la Région, les CIDFF sont approchés par près de 100 000 femmes en 2015 (contre 67 000 en 2012). Depuis qu’Anne-Marie Comparini a été à la tête de la Région Rhône Alpes le CIDFF a une convention pour intervenir sur la formation et l’emploi des femmes. C’est-à-dire ? Les Conseillères Emploi d’un CIDFF peuvent aider une femme qui a quitté un travail depuis longtemps et qui se croit inutile sur ce marché à réaliser qu’elle a des compétences (si vous êtes capable de co-organiser de A à Z avec la maîtresse de votre ainé un voyage scolaire de trois jours dans le diois vous êtes probablement plus capable de diriger ce pays que – un exemple parmi d’autres - François Hollande), à les valoriser, à rédiger un CV, à trouver un stage puis plus tard un emploi.
Le CIDFF de l’Isère (dont il faudra très vite à apprendre à parler au passé) organise des séances de CV vidéo pour seniors encadrées par une professionnelle. Ce CIDFF là aide aussi des filles qui cherchent un maître de stage en plasturgie – métier presque 100% masculin- à convaincre un patron de les embaucher. Celui-ci renâcle parfois. Le CIDFF peut aider à trouver des solutions pour ouvrir un vestiaire supplémentaire, et des stratégies de prévention du harcèlement sur le lieu de travail si c’est ce que craint cet éventuel patron en prenant en apprentie une fille. On est bien loin de l’assistanat pour des publics qui en abuseraient. Il s’agit de prestations de service, d’un service public, que les CEDIFF mènent en rendant des comptes précis sur les actions effectuées. Pour ces actions, un CIDFF départemental recevait de la Région environ 60 000 euros en 2015. Il touchera sans doute aux environs de 0 euro en 2017 (et 20 000, peut-être, cette année).
Personne pourtant à la Région n’a l’air de mettre en doute la qualité du travail des CIDFF. Stéphanie Beaudoin est la VP formation à la Région (donc en charge des CIDFF pour cet aspect-là). Si elle reconnait que pour l’instant les CIDFF ne sont plus financés sur l’emploi et la formation, elle ajoute "Nous allons désormais entrer dans le détail avec pour objectif de boucler en septembre nos discussions et notre nouveau partenariat". Il s’agirait alors de "subventionner du projet plutôt que du fonctionnement". (cf mes remarques sur l’absurde détestation wauquiezoise des subventions de fonctionnement).
La ligne de Laurent Wauquiez est claire. Dans le premier cas (la diminution de 70% du budget de la Région consacrée à la Solidarité Internationale et à la coopération) "Il n’est pas le Quai d’Orsay", dans le second il ne veut pas subventionner de l’assistance aux publics.
C’est son choix.
Faut juste qu’on le sache.
Romain Meltz
OK, 100.000 voix ce n'est peut être pas anodin. Mais l'écart de 1 million de voix entre Hollande et Sarkozy n'a pas empêché Hollande Président d'être le Président de tous les Français et d'écouter aussi le mouvement des Pigeons (dont on peut douter qu'ils aient voté pour lui)
Signaler RépondreJe comprends votre réaction. Le pb que vous évoquez est tres complexe et bien sur je ne prétends pas le régler dans un édito à 6.000 signes. Mais disons que faire des économies sur les dépenses de fonctionnement comme s'il fallait équilibrer un budget alors que par ailleurs en tant que Région elle ne perçoit pratiquement pas d'impôt direct, ça n'est pas une politique très positive. Pourquoi est ce à la Région de financer l'aide internationale et le soutien aux droits des femmes ? Vous avez tout à fait raison c'est assez absurde. Mais c'est comme ça et il faut continuer à le faire (à mon humble avis)
Signaler RépondreC'est le problème de la démocratie : parfois, les électeurs se trompent et n'élisent pas le bon.
Signaler RépondreMaduro, lui, gère l'alternance avec beaucoup plus d'efficacité.
Oser reprocher à un élu régional son élection à 100 000 voix d'écart quand notre Président n'a même pas été élu à la majorité absolue des inscrits faut être sacrément de mauvaise foi ou ignorants.
Signaler RépondreLaurent Wauquiez voudrait convaincre que finalement, on peut se passer de monnaie.
Signaler RépondreOui mais voilà, ce credo est déjà pris sur Lyon par le troll de ce site qui essaye, à longueur de post, de convaincre le lecteur de lui donner son argent pour bâtir une civilisation sans monnaie !
Une différence (parmi d'autres) toutefois entre ces deux-là : le premier ne viendra probablement pas faire sa promotion sur le site de LM alors que PM est prosélyte à outrance sur ce forum.
Bien sûr que les associations que vous citez sont intéressantes et apportent bcp de soutien à la société mais est-ce à la région de payer pour cela? Est-ce son rôle?
Signaler RépondrePayez-vous des impôts? Trouvez-vous normal que vos impôts servent à payer des services en double voir en triple exemplaire?
Je vous rappelle que la France est le pays où la pression fiscale est la plus importante. Je n'ai pas l'impression que cet argent soit toujours bien utilisé (allez un Dimanche soir aux urgence des Hôpitaux, prenez les résultats de PISA, etc). donc concentrons nos efforts (nos impôts) plutôt que les éparpiller en doublonnant les services.