Il y a peu, en rentrant à pied pour rejoindre mon chez moi, un ami m’appelle et me propose de se joindre à lui qui était en route pour aller au "quartier" des plantées. J'accepte l'invitation et me voilà donc à une terrasse de café.
L'occasion de revoir d'anciens camarades de classe ou de clubs sportifs. La discussion bat son plein pour les amateurs de foot qui refont et défont les matchs comme tout bon supporter, et de fil en aiguille les propos glissent sur la politique, la loi travail, leur situation sociale et bien sûr les difficultés qu’ils rencontrent pour trouver un job.
Naturellement, je parle de l’attractivité de la Métropole de Lyon, des emplois de la zone industrielle toute proche, des entreprises qui recrutent, de la structure municipale à leur disposition pour les accompagner dans leurs recherches, etc. Mon discours n’accroche pas.
Certains reprennent le terme "d'apartheid" -dixit le premier ministre -et à partir de là mon statut de conseiller municipal cristallise sur lui nombre de griefs et de ressentis dont le plus fort est aujourd'hui la certitude d'être complètement exclus du système pour reprendre leur expression, d’être mis au ban (l’étymologie du mot prend alors tout son sens) de la société.
Que leur répondre alors ? Que dire, que répéter qu'ils n'aient déjà entendu ?
Je me souviens d'un article lu et d'une récente émission radio consacrée aux politiques de la ville (pour ne pas dire banlieue) qui ouvrait le thème en déclinant tous les sigles et acronymes.
Je me suis imaginé leur disant qu’ils sont "répertoriés comme étant des ZUSiens -Zone Urbaine Sensible (1996-2014), ils sont en périmètre classé CUCS-Contrat Urbain de Cohésion Sociale (2007-2013) remplacé en juin 2015 par Le Contrat de ville, sans oublier qu’ils ont été peut être des ZRUistes (Zone de Redynamisation Urbaine) ou avec un peu de chance ZFUistes (Zone Franche Urbaine, sous-ensemble des ZRU supprimés en 2014). Alors, heureux ?"
Bref, tout ce packaging non exhaustif d'acronymes, élaborés on ne sait trop par qui, on ne sait trop où, discutés, amendés, votés le tout conventionné bien entendu au titre de la politique de la ville, le tout piloté par l'ANRU (Agence Nationale Rénovation Urbaine) guichet unique. Je fais grâce de la suppression des ZRU et de la création des préfets délégués à l'égalité des chances (2005). Vous êtes encore avec moi ? Oui ? Eh bien plus pour longtemps…
On retrouve dans le "livre vert de la géographie prioritaire" des phrases du type : "491 communes ont une ZUS dont 164 sans CUCS non ZUS et 752 communes ont un quartier CUCS non ZUS, dont 427 sans ZUS". On arrête là la démonstration.
Alors c’est vrai qu’aujourd’hui, qu'importe le contenant pourvu qu'on ait l'ivresse incantatoire d'un plan Marshall ou d'un plan espoir banlieues ou que sais-je encore?
Quartiers zonés, quartiers périmétrés, quartiers disséqués, quartiers délaissés comme autopsiés par une armada de spécialistes déclarés ou désignés car ces quartiers en font vivre beaucoup aussi et ils sont si générateurs et pourvoyeurs d'acronymes, de circulaires, de contractualisations, de prévention, de partenariats… Bienvenue dans le monde de la géographie prioritaire !
La politique de la ville est devenue objet d'étude pour une bureaucratie désormais hors sol tant les strates de dispositifs les ont déconnectées de la réalité. Et, au prétexte de rationalisation, on empile au son des trompettes d'autres dispositifs qui à leur tour sont déjà dans l'attente d'autres circulaires ou productions technocratiques.
Et sinon, ça coûte combien ? La Cour des comptes épingle, étripe régulièrement cette superposition des zones d'intervention sur des zones déjà existantes.
Précisons quand même, que dans le PLF (projet de loi de finances) 2015 : 450 millions d'euros de crédits d'engagements, ce qui est peu voire infime au regard des dépenses totales de l'état (380 milliards d’euros) mais plus grave encore que cette portion congrue, il est aujourd’hui impossible d'évaluer l'efficacité de cette politique publique tant les acteurs sont nombreux et les financements complexes.
Quant au volet économique, on en cherche encore sa traduction concrète dans ce maquis d’acronymes. Pour ce qui est de notre Métropole et de cette redistribution des compétences qui l’accompagne, je veux croire qu’elle sera un outil pragmatique dans cette lutte contre cette forme "d’apartheid".
L’objectif affirmé de la politique de la ville est de résorber les écarts entre territoires. Mais on ne tient pas compte du fait que cette ségrégation, qui est à la base de ces écarts, ne se joue pas seulement dans ces quartiers mais aussi dans la sphère scolaire ou dans le monde du travail. C’est une réalité. Les quartiers ne seraient donc que la résultante de cette ségrégation périphérique, la spirale infernale quoi !
A un moment il ne s’agit plus de moyens, de dispositifs ou de je ne sais quelle clause. Il s’agit de l’intérêt, de la considération et de l’ambition que l’on peut avoir pour sa ville, son territoire et plus précisément les habitants de ces quartiers-là.
Revenons-en à des choses simples, au quotidien des gens. Ce sera déjà un bon début.
Pour ma prochaine sortie en terrasse, je pense que je prendrai plutôt un jeu de scrabble finalement…
Source : "politique de la ville : 40 ans d'échecs", Aria Nussbaum. 2015.
Issam Benzeghiba est élu PS à Meyzieu et est professeur agrégé d'économie
On connaît ce discours de banlieue : "on ne fait rien pour nous". Oui, peux-être. Mais, il faut aussi se garder de s'auto-détruire, se maintenir en état de pouvoir reprendre le travail dès qu'une occasion se présentera, éviter de se coucher à point-d'heure... "Aide toi, le Ciel t'aidera" dit le proverbe. On aurait quand même aimé, une loi sur la politique de la ville, et des dispositions pour l'accès à l'emploi qui concernent des publics toujours plus vastes.
Signaler RépondreVous n'avez rien compris @+69 ... alors que vous ne regardez même pas la télé... Aïe ! Ca craint !
Signaler RépondreJe rejoins l'avis précédent, l'article dénonce un truc sans vraiment apporter des idées de solutions. La demande est justement de ne pas faire du "prêt à penser", ni "donner des réponses toutes faites", mais pas non plus de dénoncer un système gratuitement, c'est trop facile. Il faut donner des clés pour comprendre et améliorer.
Perso, je n'ai pas ces clés là ;-)
Quand on se contente d'analyser ca râle et quand on donne des réponses toutes faites ca râle.
Signaler RépondreVous voulez quoi au juste?
Perso je me suis contenté de lire cet article sans a priori et de voir ce qui était relevé à l'intérieur de celui-ci. Le fait que vous n'y compreniez rien montre bien que vous avez l'habitude du "prêt à penser". Allez donc rallumez votre télé.
Bien constaté.Faire ce constat là est déja une bonne chose ,pas de solution miracle certes mais de la pertinence et une approche pragmatique..à suivre.
Signaler RépondreQuel article ! Un vrai roman fiction ... Et une page de pub sans l ombre d'une analyse. Sans intérêt !
Signaler RépondreMerci pour votre reponse "voili voilou". Comment savez vous tout cela ? Vous êtes prof d'économie ?
Signaler RépondreBien!!un élu ,jeune de surcroit,qui fourre son nez là dedans est déja une bonne initiative..
Signaler Répondrepour avoir travaillé pas mal de temps dans le cadre de ces dispositifs ,l'analyse est bonne et tranche surtout avec les effets d'annonce!!
Quant aux solutions ,décrire ce qui cloche est déja un bon début..la Cour des comptes elle ne s'y trompe pas non plus..
bonne chance pour la suite!
l'objectif posé dans ce billet est non seulement de dire que ça ne marche pas, notamment par ce que même les organes d'évaluation ne s'y retrouvent pas ou détiennent un monopole inquiétant ( ANRU) de l'évaluation et de la conceptualisation.
Signaler RépondreC'est aussi d'interroger ces identités ( uniquement péjoratives) qu'une politique de la ville impose à un quartier. Identités acronymiques finissant par caser les habitants dans leur territoire et supplanter leurs atouts propre ( il a ce diplome mais il habite là, il a de l'expérience mais il vient d'ici, etc etc... )
L'image de l’apartheid est valable, celle du ghetto aussi.
Même si ces politiques ont un fond et une finalité bienveillantes.
Ceci dit, je pense que ces conséquences appartiennent à tous les bords politiques et qu'il n'est jamais vraiment intelligent de dénoncer un complice. Ce que ne fait apparemment pas, l'auteur.
Ça fait un peu "bavardage" c'est tout. Je ne souhaite pas donner de lecon, mais je ne comprends pas bien le sens de cet article un peu stérile. C est très bien que M. Benzeghiba que je ne connaissais pas, aborde ce sujet. Grâce à cet article je le connais, mais je ne connais pas les pistes de travail et d évolution qu il entrevoit. Surtout que sur le fond, je pense que ces dispositifs ne sont pas "ridicules" comme vous le dites, ils sont indispensables, mais perfectibles car pas assez efficaces et très coûteux c est certain. Beaucoup dénoncent ce dispositif, mais combien proposent des solutions concrètes ? C est le rôle de l'élu. Comme l'article ne le fait pas de lui meme, J'aimerais que ce forum permette à chacun de donner une idée de réforme de ce dispositif ou une proposition de nouvelle méthode. A bon entendeur...
Signaler RépondreQu'y a-t-il de démago à poser les questions?
Signaler RépondreCa veut dire quoi "faire comme vos amis élus?"
Ca m'interesse parce que je le suis moi même et en plus pas du même bord politique!
Perso je retiens: des dispositifs ridicules et extrêmement couteux - une efficacité très limitée.
mettez le nez dans un contrat de ville au lieu de donner des lecons. @+
Oui. Cela ne fait que 40 pas...
Signaler RépondreBof bof, un peu démagogique quand même. Quelles propositions concrètes à part le Scrabble ? Vous êtes jeune ( moi aussi ) et bien parti pour faire comme vos amis élus... Au fait, zus Ca n existe plus, on parle de QPV.
Signaler Répondreeh bien voilà! on sort du carcan habituel et on commence à dire des choses censées!! il était temps.
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