“L’OVNI de la famille”
Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire de la politique ?
Aurélie Jollivet : Avant tout une immense déception. En 2002, j’avais 18 ans et c’était la première fois que j’allais voter pour une élection présidentielle. Un moment très important pour moi. Car Le Pen au second tour, ça m’a démoralisée. Du coup, dès le lendemain, je suis allée chercher du réconfort au Parti socialiste, le seul parti qui à mon sens a une vraie fibre sociale.
Vos parents étaient déjà au PS ?
Pas du tout ! Mon père et mon grand-père sont d’anciens militants FN. Mon père a notamment été très engagé dans la campagne présidentielle de Le Pen en 1995 : drapeaux, tracts, photos...
Comment ils ont réagi ?
Mal évidemment. J’avais tout juste 18 ans et mes parents avaient peur que je me laisse embrigader dans un parti. Surtout un parti de gauche ! Mon père n’arrêtait pas de répéter : “On est tous socialistes à 20 ans, ça lui passera avec le temps.” Ma mère a davantage respecté mon engagement, même si elle ne comprenait pas très bien cette décision soudaine. Mais globalement, je reste l’OVNI de la famille !
Vous vous êtes engagée au PS par esprit de contraction ?
Non, franchement. Cet engagement n’avait pas pour objectif d’emmerder mes parents. Même si effectivement, ça les gênait. En fait, c’était une conséquence logique de mon évolution personnelle. D’ailleurs mon petit copain est également au MJS.
Vous n’avez pas eu envie de renoncer ?
Au contraire ! J’ai décidé de m’engager à fond au MJS, Mouvement des jeunes du Parti socialiste. C’est comme ça que je suis devenue responsable de la section de Villeurbanne puis coordinatrice régionale du MJS Rhône-Alpes. Du coup, je m’occupe de la formation des jeunes militants socialistes, j’organise des débats...
Vous pensez que les jeunes ont un rôle à jouer en politique ?
Bien sûr, même si pour moi la jeunesse n’est pas une vertu en soi. Je ne vois pas l’intérêt de mettre des jeunes si c’est pour faire la même chose que les anciens. L’avantage de la jeunesse, c’est d’apporter des idées nouvelles. C’est pour ça qu’il est important de renouveler les équipes politiques, ça permet de ne pas s’endormir sur ses acquis.
Les jeunes socialistes sont écoutés à Lyon ?
C’est difficile de se faire entendre. Et honnêtement, Collomb et sa municipalité n’accordent pas beaucoup d’importance à nos propositions. Mais, c’est peut-être plus simple dans d’autres communes de l’agglomération. D’ailleurs, j’ai été élue aux dernières élections conseillère municipale déléguée à la politique de la ville à Villeurbanne. Alors que je n’ai que 25 ans. La preuve que certains hommes politiques commencent à faire confiance aux jeunes...
“Séduit par Sarkozy”
Matthieu Kosman, 21 ans, jeune UMP
A 18 ans, Matthieu Kosman décide de s’engager avec les jeunes UMP de Lyon. Un parcours très logique pour cet étudiant en commerce dont les parents ont toujours voté à droite. Le déclic : un meeting de Nicolas Sarkozy en 2003 à Lyon, quand il était ministre de l’Intérieur. Et un discours sur la délinquance qui a été, pour lui, une révélation. Depuis, Matthieu a été nommé responsable départemental des jeunes UMP. Pour lui, le plus important c’est “la valeur travail qu’il faut remettre au centre du débat politique”. D’ailleurs sa priorité personnelle, c’est de monter sa propre entreprise pour “devenir chef”.
Sa famille : père VRP, mère employée de banque
Sa situation : étudiant en BTS de commerce
Ses débuts en politique : 18 ans
Sa passion : bricolage, nature, musique classique
Son déclic : un meeting de Sarkozy
Son modèle : Geoffroy Roux de Bezieux, le fondateur de Phone House
Son rêve : avoir un bon job
“Des parents écolos”
Cyrielle Chatelain, 21 ans, jeunes Verts
Etudiante en philo et sciences politiques, Cyrielle Chatelain est arrivée à Lyon il y a un an. Et depuis, elle a monté un groupe de jeunes Verts à Lyon, comme elle l’avait déjà fait à Besançon dans le Doubs. Normal pour cette fille de 21 ans qui a toujours milité aux côtés de ses parents écolos. Et même si un mandat politique ne l’attire pas pour le moment, elle a accepté d’être trésorière fédérale des jeunes Verts et elle milite activement pour la défense de l’environnement.
Famille : parents éducateurs spécialisés
Sa situation : étudiante économie sociale (master)
Ses débuts en politique : 18 ans
Passion : danse
Son modèle : Robert Kennedy
Son déclic : l’engagement de ses parents écolos
Son rêve : la fin des OGM et du nucléaire
“Un parti jeune”
Quentin Thevenon, 22 ans, jeunes Modem
A 22 ans, cet étudiant en 4e année de droit a déjà une vraie ambition politique. En classe de 4e, alors qu’il n’a que 13 ans ans, il faisait déjà partie à Lyon du conseil municipal des jeunes, qui a d’ailleurs été à l’origine de la création du skate parc de Gerland. Puis en 2000, il est invité à la garden party de l’Elysée. Un souvenir mémorable. Du coup, à 18 ans, il s’engage au Modem, “un parti jeune et modéré”. Alors que son père a toujours voté à gauche. Aujourd’hui président des jeunes Modem du Rhône, il espère être candidat à Lyon aux prochaines municipales de 2012.
Famille : père prof en droit constitutionnel et en sciences politiques, mère secrétaire
Sa situation : étudiant en droit (master)
Ses débuts en politique : 18 ans
Sa passion : cinéma
Son modèle : François Bayrou
Son déclic : un père adjoint au maire à Givors
Son rêve : devenir maire de Lyon
“Déçue par la politique française”
Nawel Bab-Hamed, 27 ans, jeune communiste
Arrivée à Lyon en 1999 avec sa famille qui fuit la situation politique en Algérie, Nawel Bab-Hamed pensait que la France était un “paradis”. Mais elle est vite déçue. Du coup, elle décide de s’investir en politique pour “tenter de changer les choses”. Et comme elle est “profondément anticapitaliste”, elle rejoint le Parti communiste en 2005, à l’âge de 24 ans. Depuis, elle a été élue conseillère municipale déléguée à la culture à la mairie du 1er arrondissement. Elle a aussi été suppléante de Louis Lévêque aux dernières législatives.
Famille : père éducateur spécialisé, mère enseignante en maternelle
Sa situation : animatrice culturelle à la MJC du Vieux-Lyon
Ses débuts en politique : 24 ans
Passion : danse, ciné et cuisine
Son modèle : Sylvie Pierron, conseillère municipale PC à Lyon
Son déclic : la situation de la France à son arrivée
Son rêve : la fin des guerres dans le monde
Nadège Michaudet