C’est une tradition de Lyon et des lieux viticoles qui le cernent que nous avons exportée. Celle de déguster chaque troisième jeudi de novembre ces flacons de vin jeune. Qui enrichissent autant ceux qui le produisent qu’ils n’affaiblissent la réputation du cru beaujolais.
Un vin et un temps de l’année si critiqués alors qu’ils sont symboles bien plus sympathiques de notre patrie qu’un internaute aigri anonyme sous pseudo des beaux quartiers de Lyon ou de sa banlieue riche lançant des croisades à travers le menu des cantines des gamins de l’école publique. Les mêmes qui considèrent que la grille de notre identité, c'est celle des barreaux de la prison.
Parce que notre pays et notre pinard, c’est quand même plus, bien plus, qu’une copie des recettes de Trump et Poutine pour se faire élire. Elles le savent les Japonaises qui le boivent sur les places d’Osaka et de Kyoto depuis plusieurs heures déjà.
En France on l’aime pas trop cette boisson nouvelle. Même qu’une association de vins naturels, autres breuvages respectables, propose sur son compte Twitter de fournir en Doliprane les buveurs du beaujolais nouveau.
Pourtant des gens issus des rangs des viticulteurs natures comme Jean-Claude Lapalu, la famille Descombes, Michel Guignier et bien d’autres, dans la tradition ou pas, savent faire avec talent un breuvage propre et respectueux de l’environnement et du consommateur. Mais quand bien même les puristes crient contre le mauvais goût supposé que serait le fait de déguster du beaujolais nouveau. C’est vrai que c’est mal vu de le boire ce vin neuf. Même entre copains à la bonne franquette avec un saucisson de tradition. Et que son abus à ce liquide, mais il en est ainsi de toutes les boissons chargées, fait mal au ciboulot. Mais oui, oh oui, on en fait beaucoup contre ce brave pinard, même s’il amène à confusion.
Oui à confusion.
Allez-y. Essayez. Mettez-vous quelque part à dire que vous aimez le beaujolais, sa version village comme son nom court, ses crus tels le Chénas ou le Fleurie ou encore le Côte de Brouilly. Allez-y, faites-le. Et vous passerez pour le ou la pire des rustres. D'ailleurs les Lyonnais boivent désormais bien plus de Côtes-du-Rhône que de Beaujolais. Toute l'appellation est questionnée.
L'ensemble du beaujolais, de ses goûts, ses crus et saveurs est confondue. Toute l’année.
Le beaujolais nouveau et ses saveurs qui rencontrent aussi peu d’honneur chez les gourmets que le flacon se vend et s’exporte bien. Comme le disait Michelet : "Le jour où la pitié se transforme en moquerie commence un âge barbare".
Que de haine pour une étreinte, pour un vin. Celui qu’on fête ces jours, on aime le goûter pour l’explorer sans prétention, le déshabiller sous sa robe rouge, apercevoir quelle saveur l’enrobe cette année. Un liquide dont on a envie de parler quand on en touche les lèvres. Même si ses atours sont parfois trop décorés : on murmure qu’il se met de la banane et de la fraise parfois dans le trousseau, qu’il se maquille la bouteille pour pimenter un peu l’éclat du verre dans lequel on met le fameux jus de raisin fermenté.
Il existe divers moyens de goûter avant les autres le célèbre liquide. D’avoir en avant-première un avis éclairé. Ou aviné selon la quantité ingurgitée.
On peut bénéficier d’abord d’un flacon sous la paille d’un ami viticulteur. Un ami qui vous dira d’être discret parce que c’est interdit d’en boire avant la bonne date. On peut aussi, c’est plus exigeant, faire partie des élites les plus traditionnelles et les plus vieillissantes de cette ville (oui, je suis aigri parce qu’ils m’ont jamais proposé de venir mais oui c'est quand même trèèèès old school comme on dit ) et être invité au beaujolais du Préfet et du Progrès. Ou l’on peut attendre minuit sur les places de la ville et voir le vin en perce entre amis.
La plupart d’entre nous attendront le déjeuner ou l’apéro du jeudi ouvrant le flacon. Et il y aura les motivés qui feront le tour du quartier pour comparer s’il est meilleur, ce fameux beau', au comptoir de chez Laurence ou de chez Corinne. On en goûtera avec gourmandise un pot ou un verre d’un air de dire qu’on fait ça pour la tradition. Et on demandera au voisin : "Dis tu trouves qu’il a quel goût cette année le Beaujolais nouveau ?".
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Romain Blachier
Et tout ceux qui en boirons aurons du mal à s'assoir, comme après un gouvernement de droitards
Signaler Répondreça va encore sentir le vomi dans les rues lyonnaises ?
Signaler Répondreil n'y a que ceux qui boivent trop de promesses qui ont mal à la tête
Signaler RépondreLe Beaujolais nouveau c'est comme le socialisme, tous les ans de nouvelles promesses et tous les ans la déception.
Signaler RépondreCette année on aurait retrouvé des traces de vins dans le beaujolais nouveau.
Signaler RépondreIl y a effectivement de bons vins de beaujolais.
Signaler RépondreEt puis il y a cette merde qu'est le beaujolpif nouveau.
Ce breuvage qui, du fait qu'une énorme campagne médiatique, a éclipsé les bons vins du terroir et fait assimiler dans l'opinion que vins du beaujolais = beaujolais nouveau.
Ah l'appât du gain...
Pourquoi un seul, c'est pas bien. Il faut en prendre plusieurs. Un verre de vin devrait être obligatoire à chaque repas pou sauver ce qui reste de l'agriculture française.
Signaler Répondrepas plus d'un verre... à la fois
Signaler Répondrebravo Dietrich ras le bol et pour cela je vais prendre un grand bol de beaujolais ??
Signaler RépondreC'est une belle tradition que nous ne devons pas perdre et j'ajouterai à consommer sans modération. Il faut toujours faire un geste pour le vigneron. Ras le bol de cette diabolisation du vin.
Signaler RépondreCamarade Blachier!
Signaler RépondrePour une fois, j'approuve ce que tu écris! On pourra peut-être se réconcilier autour d'un verre de Beaujolais!
Je reviens d'une course en ville et je pensais croiser le camarade Hollande, notre cher Président! J'envisageais de lui faire goûter le doux breuvage encore et encore, et à un moment donné, je lui aurais dit: "D'accord pour te retirer et laisser ta place au camarade Valls!"
Hihihi!
Une belle pub qui nous incite à consommer une drogue délicieuse qui tue plus de monde que toutes les autres drogues réunies mais elle est si bonne, hum, miam,glups !
Signaler RépondreUne belle ode à ce
Signaler Répondre" vin de copinade qui est fait pour être dégusté, c’est cette approche du vin de camaraderie et ce petit côté franchouillard que j’apprécie"...."
comme le disait lui même Gaétan Bouvier, champion de France des sommeliers, dans ces mêmes colonnes.
Mais bon on pourrait aussi dire que c'est un vin pour les japonais !