Norbert Dentressangle lorgne sur les deux hôtels particuliers de la rue de la Charité. Ceux-là même qui abritent aujourd’hui le Musée des Tissus et des Arts décoratifs. Du côté de la Ville de Lyon, on se refuse à tout commentaire sur le sujet. On comprend cette discrétion, et pas seulement parce que les bâtiments appartiennent à la CCI.
Ce n’est bien évidemment pas un hasard si Gérard Collomb a évoqué le projet de déménager les collections et de les présenter à l’occasion dans d’autres lieux culturels. Il s’agit de céder les locaux actuels à l’ancien transporteur qui rêve de mettre la main sur l’ensemble du pâté de maison. Il y a quelques mois, l’homme a déjà acquis l’immeuble qui abritait jusqu’au début de l’année la Maison de l’environnement. À un peu plus d’un million et demi d’euros pour 830 m2, c’est le genre d’affaires que bien des Lyonnais auraient aimé réaliser.
On ne sait pas à quel prix Dentressangle pourrait récupérer les hôtels de Lacroix-Laval et de Villeroy qui sont actuellement propriété de la Chambre de commerce de Lyon. Même si de très importants travaux sont nécessaires, leur emplacement vaut à lui seul une petite fortune.
Si la mairie de Lyon est favorable à cette opération, ce n’est pas seulement pour permettre à Dentressangle de réaliser une excellente affaire. Si l’on croit ce qui se murmure dans les salons discrets de la ville, Norbert Dentressangle aurait pris l’engagement d’installer à Lyon le siège social de l’IFOP. Sa famille dont la fortune est évaluée à plus d’un milliard d’euros a effectivement racheté l’institut de sondages à l’automne dernier. Cet achat fait suite à une première acquisition : la majorité des parts de l’institut de recherche A+A, spécialisé dans les études de marché du domaine médical. Avec l’IFOP, il s’agit de former un groupe fort de 300 salariés, dont l’objectif est clair : "Constituer un acteur clé français des études de marché" pour atteindre "un chiffre d’affaires de 60 millions d’euros".
On peut comprendre que l’implantation entre Saône et Rhône de cet acteur majeur des enquêtes puisse faire saliver la ville de Lyon. Mais de là à sacrifier le Musée des Tissus, il y a un gouffre que Laurent Wauquiez refuse de franchir. Le président du Conseil régional s’active pour sauver cette institution. Il a notamment rencontré le promoteur de la pétition nationale qui a recueilli près de 120 000 signatures.
Nous nous sommes procuré une note confidentielle de la Région sur le sujet dont on reproduit ici l’essentiel : "Depuis 3 ans, les efforts déployés par la CCI, gestionnaire historique du musée, et d’UNITEX, acteur majeur de tout projet pour le musée, n’ont pas permis d’aboutir à la définition d’une ambition nouvelle. Le projet proposé par la Région vise à répondre à trois exigences : - un leadership en vue d’une large mobilisation des acteurs publics et privés ; - un projet de renaissance innovant et fédérateur pour le musée ; - un engagement financier sur la durée visant à créer un rôle d’effet de levier. Un leadership régional, en faveur d’une mobilisation des acteurs publics et privés. La Région est l’acteur chef de file des politiques : - de développement économique ; - de formation professionnelle. Et l’un des acteurs majeurs des politiques en faveur de la culture, du patrimoine et du tourisme. Elle propose de prendre la responsabilité du projet, de sa coordination et de sa mise en oeuvre. La Région créera les conditions d’une large mobilisation des acteurs autour d’un projet partenarial. Elle propose un nouveau modèle pour le Musée des Tissus qui permet l’association des acteurs partenaires : - un groupement d’intérêt public pour associer les acteurs publics et privés (comité exécutif, comité scientifique) ; - un fonds de dotation pour accueillir les contributions des entreprises comme des particuliers ; - des partenariats scientifiques, nationaux et internationaux pour déployer une politique de rayonnement".
Au-delà des bonnes intentions, la Région est disposée à mettre la main à la poche : "La Région apportera un financement- socle sur la durée en fonctionnement à hauteur de 1 million d’euros par an à partir de 2018. (...) La Région financera la moitié des investissements pour la rénovation du site sous plafond de 10 millions d’euros. La mobilisation devra permettre de compléter les investissements en s’appuyant sur : - la CCI ; - Unitex ; - l’État (CPER) ; - la Ville de Lyon/Métropole ; - des entreprises, dont certaines internationales, qui ont déjà apporté leur soutien au projet Région. Un fonds de dotation soutiendra les nouvelles acquisitions et les expositions temporaires".
Par ailleurs, un calendrier prévisionnel a d’ores et déjà été établi. Il prévoit l’arrivée d’un chef de projet à l’automne, le démarrage des travaux en juin de l’année prochaine pour une inauguration en 2020.
Collomb doit être sacrément déçu... il ne touchera pas son petit dessous de table.
Signaler RépondreEntre riches.....
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