Le ministère de la place Beauvau présente quelques agréments auxquels Gérard Collomb a déjà goûté. Quand les beaux jours arrivent, il peut ainsi s’asseoir au soleil dans le petit jardin discret situé sous les fenêtres de son imposant bureau. Installé sur le banc posé entre les massifs de rosiers, monsieur le ministre d’État se retrouve au calme pour étudier en toute quiétude ses dossiers les plus délicats. Le visiteur qui longe la grille place Beauvau ne soupçonne guère l’existence de ce havre de paix. Il n’imagine pas plus que monsieur le ministre d’État est souvent entouré de... poules.
Attention ! Ne vous méprenez pas ! Les poules de Collomb sont tout à fait respectables. Ce sont de paisibles gallinacés installés là par Bernard Cazeneuve et sur lesquelles veille désormais le nouveau maître des lieux. Elles n’ont donc rien à voir avec la gourmande Meg Steinheil qui, dans le palais d’en face, a recueilli en 1899 le dernier hommage du président Félix Faure.
S’il a l’âme bucolique, Collomb n’a toutefois guère le loisir d’aller lui-même récolter le produit quotidien de la ponte. Les dossiers s’accumulent sur son bureau en ce début de quinquennat. Tout ce qui concerne le terrorisme, la sécurité, la surveillance des frontières, le radicalisme religieux et l’immigration clandestine remonte à lui. Il est le patron de la police, de la gendarmerie et bien sûr du corps préfectoral. À un jeune député qui venait de débarquer dans son bureau au moment de la première cohabitation en 1986, Charles Pasqua avait avoué : "Avant de m’installer ici, je n’imaginais pas le pouvoir que l’on peut avoir dans ce ministère".
Les choses n’ont guère dû changer depuis cette époque. Le ministre de l’Intérieur est sur le pont quasi 24 heures sur 24. Il passe l’essentiel de son temps place Beauvau, entre son bureau et son vaste appartement de fonction. Situé au premier étage de l’aile ouest, la partie privative ne comporte que deux chambres et un modeste salon.
Le reste abrite des pièces de réception, salon, salle à manger, bibliothèque qui permettent au ministre de recevoir en toute discrétion ses invités. En son temps, Pasqua a largement usé et abusé de cette facilité pour cultiver ses fameux réseaux.
Sur son bureau, Collomb a simplement posé deux photos où l’on peut reconnaître son épouse Caroline. En s’installant à Paris, le bientôt ex-maire de Lyon n’a pas renoncé à ses petites séances matinales de sport. Jusqu’à présent, il s’astreignait à fréquenter au moins deux fois par semaine une salle de sport du 6e arrondissement. Désormais, plus besoin de se déplacer. Il lui suffit d’utiliser les installations qui existent sur place et que fréquentent très assidûment les policiers (ils sont une bonne dizaine) chargés de veiller sur sa sécurité. Gérard Collomb n’est pas le seul à travailler et vivre à Beauvau.
Tel est également le cas de Jean-Marie Girier. Après avoir dirigé la campagne d’Emmanuel Macron, celui qui fut longtemps son collaborateur à la Métropole occupe désormais le poste stratégique de chef de cabinet du ministre. Contigu à celui de Collomb, son bureau est facile à repérer. Sur un coin de la table, le visiteur ne peut manquer de remarquer une caricature des Potins d’Angèle ; on y voit Gérard Collomb qui offre en guise de cadeau à Emmanuel Macron un Girier bien emballé.
Donnant sur la cour d’honneur, le bureau du chef de cabinet est situé exactement en face de la grille d’entrée. Depuis sa prise de fonction, Jean-Marie Girier n’a guère eu l’occasion de revenir à Lyon. Sur le pont, de l’aube jusqu’à tard le soir, il dispose lui aussi d’un (modeste) appartement de fonction sur place. Il n’a d’ailleurs pas tardé à comprendre pourquoi, dans un lieu qui ne dort jamais.
Commentaire publié à 10h01 le matin, par un courageux anonyme qui, lui, ne bosse pas.
Signaler RépondreLe pauvre y bosse
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