Pour conquérir la présidence des Républicains, Laurent Wauquiez menacé par le syndrome Benoît Hamon

Pour conquérir la présidence des Républicains, Laurent Wauquiez menacé par le syndrome Benoît Hamon
Laurent Wauquiez, ici avec François Fillon - LyonMag

Voilà des années que Gérard Collomb le dit et le répète.

À force de courir après les militants les plus à gauche, le Parti Socialiste s’est coupé de ses électeurs. Ce n’est pas Benoît Hamon qui dira le contraire. À la dernière présidentielle, il a choisi de mener une campagne sur les thèmes les plus à gauche de son parti. Cette stratégie lui a effectivement permis dans un premier temps de remporter les primaires. Mais ensuite, les électeurs les plus modérés ont fui en masse pour rejoindre Emmanuel Macron. Le revenu universel les a effrayés. Quant à ceux qui étaient les plus proches de son discours radical, ils ont été nombreux à préférer directement se ranger derrière la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon.

La remarque ne vaut pas que pour le Parti Socialiste. Les Républicains se retrouvent aujourd’hui à peu près dans la même situation. Pour conquérir la présidence de son parti, Laurent Wauquiez doit séduire une majorité de militants. Or, ceux-ci, on le sait, ne sont absolument pas représentatifs de l’électorat traditionnel de LR. Ils sont politiquement beaucoup plus à droite. D’où le positionnement qu’adopte le président du Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes qui provoque l’ire de Xavier Bertrand et quelques autres qui refusent de continuer à faire parti commun avec lui. Visiblement, ces oppositions ne sont pas de nature à décourager Laurent Wauquiez.

Bien sûr, il sait qu’il ne suffit pas de séduire les militants pour se préparer des lendemains électoraux qui chantent. Il suffit pour s’en convaincre de se souvenir que Nicolas Sarkozy a fait un véritable tabac pendant la campagne des primaires à droite. Il était, de loin, celui qui remplissait le plus les salles. Cela ne l’a pas empêché d’être sèchement éliminé dès le premier tour. La très forte participation, bien au-delà des seuls militants LR, lui aura été fatale.

La chance de Laurent Wauquiez aujourd’hui réside dans le calendrier électoral. Il n’y a pas d’échéance prochaine. Une fois installé à la tête de son parti, il aura donc tout le temps pour lisser son image et son discours. Vouloir agir différemment, en saisissant la main tendue par Marion Maréchal-Le Pen ou le clan Robert Ménard, le mettrait dans la même situation qu’un Benoît Hamon. Lorsqu’il a voulu se rapprocher de Jean-Luc Mélenchon, le candidat socialiste a simplement réussi à pousser ceux qui l’avaient soutenu dans les bras du chef des Insoumis. S’il parvient à conquérir son parti, Laurent Wauquiez va devoir ensuite opter pour une stratégie.

Soit il mise sur l’échec d’Emmanuel Macron et choisit alors d’incarner l’opposition pure et dure au Président de la République et sa nouvelle majorité. Soit il pense que le président de la République va effectivement réussir à mettre en place son programme et à réformer le pays. Dans ce cas, opter pour l’opposition, c’est risquer d’être le Mitterrand de De Gaulle en 1958 ; c’est à coup sûr se retrouver dans l’opposition pour des années. Voire des décennies. Pour rester dans le droit fil de cette comparaison avec les débuts de la Ve République, il serait certainement plus habile et plus efficace d’être une sorte de Giscard des temps modernes ; celui qui soutient les grandes orientations du chef de l’État tout en faisant entendre sa différence.

S’opposer à des mesures telles que la réforme du droit du travail a peu de chance d’être compris par les électeurs LR. Voilà des années que la droite explique que c’est indispensable. Son problème est qu’elle n’a jamais été capable de la mener à bien.

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