Des dizaines de clients escroqués par leur agence de voyage à Lyon

Ils étaient plusieurs dizaines ce mardi matin, devant le tribunal de Lyon. Au 67 de la rue Servient, ils ont bravé le mauvais temps pour déposer une plainte. L'objet de celle-ci : une escroquerie de masse organisée par leur agence de voyage.

La technique est simple. Les commerçants peu scrupuleux facturaient une prestation à leurs clients, en leur fournissant tout ce dont ils pensaient avoir besoin pour leur voyage. Sauf qu'une fois arrivés à l'aéroport, la surprise a été grande pour certains d'entre eux. Leurs billets étaient tout simplement inexistants auprès des compagnies aériennes, l'agence de voyage n'ayant pas transmis la réservation. Et d'autres clients ont été lésés de manière plus ou moins similaire.

C'est le cas d'Assoumani Daoudou et sa famille. L'homme avait fait une réservation au départ de Milan vers les Comores et via Addis-Abeba (en Éthiopie), avec un transfert en car depuis Lyon. Il devait partir ce dimanche avec sa femme et leurs deux enfants. Montant de la réservation : près de 3 700 euros. Sauf que le père de famille a fini par apprendre, de bouche à oreille, qu'il n'y aurait ni transfert en car, ni avion. Le voyages, prévu pour durer jusqu'au 17 août, tombait ainsi à l'eau.

Il y a aussi cette association caladoise de la pensée d'Atatürk, qui a été victime de l'agence. Son représentant, que nous avons rencontré, nous a expliqué avoir voulu organiser un voyage en Turquie pour 29 personnes. Un contrat à près de 20 000 euros pour Anatolia voyages. L'agence a alors exigé un acompte de 100 euros par voyageur. "Quelques semaines après avoir payé, je voulais poser quelques questions. Mais ils ne répondaient plus. Je me suis donc rendu sur place, et j'ai vu que c'était fermé", détaille le chef de l'association. Envolés, les 2 900 euros d'acompte.

Une plainte collective déposée devant le tribunal

Face à la multiplication des cas, deux hommes, eux aussi victimes d'Anatolia Voyages, ont décidé de réunir les victimes. L'objectif est de rassembler les témoignages et de déposer une plainte devant le tribunal de Lyon. C'est donc chose faite, depuis ce mardi. Mais Fatih Meric, l'un des deux initiateurs du mouvement, estime que "beaucoup de gens ne sont pas encore au courant de cette histoire", car leur billet aller était bien réel. Mais "ils ne savent pas encore s'ils ont un retour ou pas", poursuit-il. S'ils étaient probablement plus d'une cinquantaine ce matin devant le tribunal, le nombre de plaignants risque de continuer à d'augmenter au fur et à mesure des retours en France, croit savoir Fatih Meric.

Pour Aurélie Sauveyre, avocate au barreau de Lyon et qui accompagnait ce mardi matin les victimes au tribunal, il s'agit d'"une escroquerie classique, mais à grande ampleur. On peut facilement imaginer qu'une centaine de personnes aient été lésées. Certaines ont dû organiser leur voyage d'une autre façon et déposeront plainte ultérieurement", estime-t-elle, confirmant la crainte de Fatih Meric.

Anatolia Voyages n'en serait pourtant pas à son coup d'essai. Certaines personnes interrogées nous ont expliqué que l'agence avait déjà trompé ses clients par le passé. Une situation qui n'étonne pas franchement Me Sauveyre, selon qui "aujourd'hui, c'est l'explosion. C'était peut-être plus confidentiel auparavant, mais là, c'est à grande échelle".

Ce mardi matin, la colère était largement palpable devant le palais de justice. Même si le préjudice est essentiellement financier pour la plupart des victimes, certaines d'entre-elles sont également touchées moralement. Notamment les plus jeunes, qui voient là leurs vacances dans leur famille, parfois restées à l'étranger, tout simplement annulées. "C'est un budget énorme qui s'envole, nous confiait Fatih Meric, et une colère pas possible. Aujourd'hui, pour la première fois de ma vie, j'ai de la haine contre ces gens-là".

Désormais, le dossier est entre les main de la justice, qui s'est montrée très réceptive, selon l'avocate des victimes. Et avant même que toutes les victimes ne se soient manifestées, on peut s'attendre à un préjudice de plusieurs centaines de milliers d'euros. Une page Facebook a par ailleurs été créée pour recenser les victimes. L'agence, elle, reste injoignable.

V.d'E.