C'est un passage remarqué qu'avaient fait à Lyon Alain Thébault et Anders Brindgal cet été. Les deux navigateurs, à l'origine d'un projet un peu fou de bateaux-taxis volants, les Seabubbles, écument les villes du monde entier pour promouvoir leur projet. Et l'engouement est énorme ! Des tests avaient même été effectués à Lyon.
Sauf que, deux mois après le passage de l'engin futuriste dans la darse de la Confluence, l'idée d'un déploiement en France s'éloigne. La presse nationale s'était penchée sur le cas parisien, puisque la maire de Paris, Anne Hidalgo, avait montré un vif intérêt pour le projet. À Lyon, les élus s'étaient également montrés particulièrement enthousiastes. Mais les sempiternelles lenteurs de l'administration tricolore pourraient avoir raison – pour le moment – du projet.
Une législation inadaptée
"On est peut-être trop disruptif pour la France", nous a confié Alain Thébault, navigateur célèbre pour avoir inventé l'hydroptère, le voilier le plus rapide de l'histoire. Car les Bubbles, comme on les appelle, sont bel et bien en avance sur leur temps. Et sur la législation. Le réel intérêt de l'embarcation, c'est sa capacité à s'élever au-dessus des flots – grâce à des ailerons appelés foils – pour ainsi diminuer la résistance de l'eau. Et les conséquences sont nombreuses : plus de vitesse, moins de vagues et des économies d'énergies. D'autant plus que le Seabubbles est 100 % électrique et pourrait, à terme, être construit avec des matériaux écolos (comme de la fibre de bambou ou de lin).
Mais pour que l'engin soit exploité au maximum de ses capacités, il faut pouvoir circuler à une allure suffisante. Et c'est là que le bât blesse. À Lyon, la législation limite la vitesse à 12 km/h sur le Rhône et la Saône. Une limitation qui neutralise l'intérêt du déplacement sur les fleuves et qui découle d'un élément initialement logique : les vagues. En faisant circuler un navire rapidement, celui-ci pourrait générer d'énormes remous et gravement endommager les berges. Sauf que, les Bubbles, elles, volent sans vagues.
"On a proposé de faire évoluer les limitations", explique Alain Thébault. Mais, pour cet homme habité par un désir de vitesse, les lignes ne bougent pas assez vite. "La lenteur n'est pas dans notre ADN avec Anders Bringdal", lâche-t-il. Et d'ajouter "on a des demandes du monde entier. On ne peut pas se permettre d'attendre". Résultat, les premiers à jouir des Seabubbles devraient être les Suisses, avec un déploiement prévu pour avril sur le lac Léman.
Lyon, pas abandonnée
Mais le navigateur dit ne pas renoncer pour autant. "Je n'abandonne jamais, ce mot ne fait pas partie de mon vocabulaire", assure-t-il. À Paris et à Lyon, on a des édiles qui font bouger les choses, même s'il y a des limites. (…) Mais je serai toujours disponible pour Lyon. C'est une ville formidable pour Seabubbles et nous avions reçu un accueil extraordinaire lors de notre passage." Plusieurs élus s'étaient en effet montrés particulièrement emballés, à l'image du président de la Métropole, David Kimelfeld, ou son délégué aux fleuves, Roland Bernard. Ce dernier allant jusqu'à assurer à LyonMag que Seabubbles sera "sans doute demain l'une des pièces maîtresses de la mobilité innovante à Lyon". De son côté, l'antenne locale de Voies navigables de France (VNF) avait montré "un peu plus de souplesse à Lyon, et c'est un euphémisme", révèle Alain Thébault. Mais VNF doit travailler avec la Compagnie nationale du Rhône et la préfecture pour rendre les cours d'eau lyonnais conformes aux exigences d'Alain Thébault et Anders Bringdal. Rien n'est donc perdu.
En attendant, les deux inventeurs continuent de présenter leur concept à travers le globe. San Francisco, Singapour, Genève, Tokyo, l'Inde, … . Autant de destinations qui pourraient voler la vedette à la France et donc à Lyon. "On est porté par une idée qui nous dépasse", va jusqu'à confier Alain Thébault.
Meilleur qu'a Paris, la topologie fluviale de Lyon serait favorable à ce type de transport, Par contre son potentiel est plus limité hormis les parcours privés et promotionnels.
Signaler Répondre"on a des demandes du monde entier. On ne peut pas se permettre d'attendre".
Signaler RépondreOui, mais en attendant, si on lit bien l'article, elles ne se sont pas encore très bien vendues leurs extraordinaires bubbles, ni à Lyon ni dans le reste du monde...