Alors que la motion qu’il a présentée avec Ségolène Royal est arrivée en tête du vote des militants le jeudi 6 novembre, le maire socialiste de Lyon est intervenu samedi en début d’après-midi au congrès national du PS à Reims. Gérard Collomb a voulu afficher ses convictions de gauche sans renier sa réputation de pragmatique. Il a ainsi interpellé les militants en leur rappelant qu’ils avaient comme lui "envie de victoire !" Une allusion claire aux succès du PS dans les grandes villes aux dernières élections municipales alors que son parti a échoué à la présidentielle, ce qui l’a poussé à lancer sa fameuse motion "La ligne claire", soutenue par de nombreux élus locaux qui veulent comme lui réformer leur parti en s’appuyant sur leur expérience de terrain.
"Tradition et modernité"
Mais il n’a pas voulu laisser le monopole de l’anti-sarkozysme aux motions les plus à gauche. Ainsi, même s’il a affiché sa volonté de concilier "tradition et modernité", "fidélité et ouverture", Gérard Collomb s’est opposé clairement à la droite en affirmant que pour lui, ce qui distingue la gauche, c’est sa "conviction éthique". Et il a comparé Sarkozy à Bush en l’accusant d’avoir voulu "plagier" sa politique. Mais le maire de Lyon a également parlé de la crise financière, en dénonçant "un système aveugle qui exalte l'individualisme", alors qu'un "autre modèle est possible". Enfin, comme tous les intervenants, il a appelé à l’unité de son parti. "Ne confondons pas le débat nécessaire dans un parti démocratique et les querelles ! Rassemblons-nous !"
Un discours enflammé mais finalement assez modéré sur le fond dans un congrès où, sauf exception, les leaders ont tenu des discours très durs, voire démago. "Lundi, on va reprendre contact avec la réalité" a d’ailleurs confié, désabusé, un élu de l’Isère.
En revanche, Gérard Collomb n’a pas abordé le sujet sensible des alliances avec le Modem, que les rivaux de Royal, de Delanoë à Hamon en passant par Aubry, instrumentalisent comme un véritable repoussoir. L’entourage du maire de Lyon n’hésitant d’ailleurs pas à rappeler que Martine Aubry qui s’oppose à cette stratégie, s’est pourtant permis ces alliances dans sa ville.
"Nouveau Front Populaire"
Intervenant un peu plus tard, Ségolène Royal n’a pas eu la prudence du maire de Lyon. Elle s’est clairement déclarée favorable à une ouverture "à tous les démocrates" pour élargir l‘opposition à Sarkozy. "Qui n‘a pas envie d‘un nouveau Front Populaire ?" a-t-elle lancé. Mais elle s’est engagée à organiser une "consultation directe des militants du PS sur cette question" pour éviter qu’elle serve de "prétexte" à ceux qui refusent ses propositions d’alliance. Tantôt huée, tantôt applaudie, Ségolène Royal a confirmé au congrès de Reims qu’elle était une femme politique atypique alors que Martine Aubry, sa principale rivale, est au contraire restée dans un registre traditionnel. Et que le maire de Paris tombait même dans la surenchère anti-Modem.
Les débats ont été suspendus peu avant 19h pour permettre aux différentes motions de se réunir en assemblée générale. Mais Ségolène Royal a improvisé une conférence de presse en insistant sur sa volonté "d’utiliser toutes les techniques de négociation" pour trouver un accord "sincère" avec les autres motions. Ce qui n'a pas été suffisant puisque la commission des résolutions chargée de dégager une synthèse des motions samedi soir s'est terminée très tard dans la nuit sans qu'aucun accord se dégage. Pour ces négociations surnommées "la nuit des longs couteaux" au PS, les candidats et leurs plus proches lieutenants avaient quitté le Palais des expositions pour se retrouver au Centre des congrès. C'est Ségolène Royal qui est sortie la première constatant qu'elles étaient dans l'impasse. Comme lors de son investiture à la présidentielle, elle semblait prête à en appeler aux militants pour contourner les apparatchiks du parti. Dimanche matin, elle a donc confirmé sa candidature comme Martine Aubry et Benoit Hamon alors que Bertrand Delanoë se retirait sans donner de consigne de vote. Entre les deux principales candidates, ce sont bien deux conceptions du PS qui s'opposent. Ségolène Royal conserve un avantage car elle devrait bénéficier du report d'une partie des voix de Delanoë. De plus, elle a proposé "une gouvernance partagée" pour ouvrir la direction au PS aux autres motions. En tout cas, les barons du PS parient sur une forte mobilisation des militants qui devront choisir jeudi prochain le successeur de François Hollande car le PS se retrouve, après ce congrès, à un tournant de son histoire.
De l'envoyé spécial de Lyon Mag, Lionel Favrot
Samedi 15 Novembre 2008 à 21h02
Collomb a "envie de victoire"
Soutien de Ségolène Royal, Gérard Collomb a tenu un discours mobilisateur lors du congrès national du PS qui s'est tenu ce week-end à Reims.
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