Un temps de tradition pour Lyon et la France
C’est une tradition de Lyon et des lieux riches de grappes de raisins du Beaujolais qui le bordent. Une tradition nationale et encore plus locale qui est celle de déguster chaque troisième jeudi de novembre le contenu de ces flacons de vin jeune du beaujolais nouveau. Oh bien sûr cela ne résume ni notre ville ni notre patrie. Que certains et surtout les plus réacs voudraient réduire à un musée du pinard et du camembert et à des histoires de jambon ou pas jambon dans l’assiette du petit Hamidou.
Notre pays, plein de gloire et d’ombres et notre vin, c’est quand même plus, bien plus, qu’une copie des recettes de Trump et Poutine pour se faire élire. Elles le savent les Japonaises qui boivent le nectar vif sur les places d’Osaka et de Kyoto depuis plusieurs heures déjà, décalage horaire le permettant. Même si elles n’ont pas lu le Goncourt lyonnais Eric Vuillard ou ouvert les vers de Paul Eluard c’est aussi un peu de l’esprit de France et de Lyon qu’on vient chercher au fond des cuves. N’en déplaise au fort peu patriote Eric Cantona.
Un vin qui peut aussi exister en version naturelle, bonne et non productiviste
En France on l’aime pas trop cette boisson nouvelle. Même que l’année passée une association de vins naturels, autres breuvages respectables, proposait sur son compte Twitter de fournir en Doliprane les buveurs du beaujolais nouveau. Pourtant on en trouve du bon du beaujolais nouveau en vin nature. C’est même surtout là qu’on en trouve des trésors. Demandez donc aux cavistes spécialisés dans ce vin propre.
Des Jean-Claude Lapalu et la famille Descombes, Michel Guignier et bien d’autres savent faire avec talent un breuvage respectueux de l’environnement et du consommateur.
Et ils ne sont pas les seuls : on trouve aussi, en cherchant, de forts bons flacons en vins traditionnels d’amoureux du vin qui se ne se prend pas la tête et n’arrache pas trop les tripes. Même si on nous dit du côté des professionnels qu’on atteindra pas le niveau de 2015, année référence dans le domaine.
Le Beaujolais Nouveau un plaisir dédaigné des snobs qui rejaillit sur toute l'appellation
Mais pourtant que c’est mal vu de le boire ce vin neuf ! Même entre copains à la bonne franquette avec un saucisson de tradition. Et cela ruisselle jusqu’à l'appellation entière !
Essayez. Mettez-vous quelque part à dire que vous aimez le beaujolais, sa version village comme son nom court, ses crus tels le Chénas ou le Fleurie ou encore le Côte de Brouilly. Allez-y, faites-le. Essayez ! Et vous passerez pour le ou la pire des rustres et des incultes !
L'ensemble du beaujolais, de ses goûts, ses crus et saveurs est confondue dans cette acmé consommatrice et quelque peu productiviste. Pour un jour de fiesta une gueule de bois toute l’année.
Que de haine pour une étreinte d’un verre, pour un vin, pour une fête ! On l’explore sans prétention, le déshabiller sous sa robe rouge, tâter des doigts, apercevoir quelle saveur l’enrobe cette année. Un liquide dont on a envie de parler quand on en touche les lèvres. Même si ses atours sont parfois trop chargés : on murmure qu’il se met de la banane et de la fraise parfois dans la culotte, qu’il se maquille d’artifices pour séduire.
Mercredi soir on pouvait prendre son plus beau déambulateur pour aller le boire chez le Préfet Stéphane Bouillon
Enfin, dans cet événement populaires et ouvert à tous ceux qui veulent y venir, il existe quand même des moyens de se distinguer. On peut l’avoir goûté avant la date obligatoire. Le plus sympa est de bénéficier d’abord d’un flacon sous la paille d’un ami viticulteur. Un ami qui vous dira d’être discret parce que c’est interdit d’en boire avant la bonne date.
On peut aussi, c’est plus exigeant, faire partie des élites les plus traditionnelles et les plus vieillissantes de cette ville (oui, je suis aigri parce qu’ils ne m’ont jamais proposé de venir mais oui c'est quand même trèèèès old school comme on dit !), prendre son déambulateur le plus classe et être invité au beaujolais du Préfet et du Progrès.
Mais la plupart d’entre nous attendront le déjeuner ou l’apéro du jeudi ouvrant le flacon. Et il y aura les motivés qui feront le tour du quartier pour comparer s’il est meilleur, ce fameux beau', au comptoir de chez Fred ou de chez Corinne. On en goûtera avec gourmandise un pot ou un verre d’un air de dire qu’on fait ça pour la tradition. Et on demandera au voisin "Dis tu trouves qu’il a quel goût cette année le Beaujolais nouveau ?".
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Romain Blachier
Les riches auront de bons crus’ quand les pauvres’ auront soif.
Signaler RépondreBlachier, toujours plus crédible quand il parle d'alcool que de politique ou de travail...
Signaler Répondrehttp://www.leparisien.fr/societe/mais-ou-est-passe-le-beaujolais-nouveau-17-11-2017-7397730.php
Signaler RépondreJ'ai testé hier soir et je suis tombé sur un qui avait un goût de vin... Je pensais qu'ils avaient tous le même goût (de chiotte) mais cela varie selon les producteurs. Celui-ci était buvable.
Signaler RépondreJ'ai essayé un autre et j'ai retrouvé ce goût très... beaujolais nouveau.
Dommage pour les vignerons qui produisent du beaujolais normal car effectivement il en existe des bons. Mais le débat est connu.
Voici quelques années déjà ( une dizaine ) le Conseil Général du Rhône avait subventionné les viticulteurs du Beaujolais pour... "développer la valeur gustative du Beaujolais " (sic)
Signaler Répondreça ne s'invente pas ...
Serieusement il est vraiment mauvais cette année !
Signaler RépondreMerci en tous cas de passer tant de temps à me commenter :)
Signaler Répondrebonne journée
Non, pas question de lire vos pages. Vu ce que vous valez en édito, en "prof de communication" qui invalide tout ceux qui ne vous font pas des courbettes, je ne vais pas perdre mon temps à lire vos déliriums dans un livre.
Signaler Répondreobjectivement si vous voulez goûter j'organise un verre pour vous
Signaler RépondreAlors là qu'un péquenot me traite d'inculte parce que je kiffe mon Brouilly, ça va mal se mettre !
Signaler RépondrePlus sérieusement, je fais certainement partie de ces snobinards qui ne peuvent pas boire une goutte de ce breuvage commercial (à qui la faute ? au géniaux inventeurs de l'évaporation des stocks de pifs par l'invention du beaujo ou moi? ... Mais je note "Jean-Claude Lapalu et la famille Descombes, Michel Guignier" sait-on jamais... ;)
Il faut lire mon livre. Cela fait plusieurs fois que vous en parlez sous divers pseudos et non il ne parle pas spécialement de bars (même si forcément ils sont abordés dans deux ou trois nouvelles sur les 30)
Signaler Répondrehttps://www.chez-mon-libraire.fr/livre/9782369960089-guillotiere-s-romain-blachier/
Et c'est un avis d'expert en Bars ! (voir son dernier livre)
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