La présence de l’aéroport St Exupéry, de zones logistiques et tertiaires importantes, du stade de l’Olympique Lyonnais, l’arrivée massive de nouveaux habitants sont autant d’éléments qui viennent valider ce propos. Il faut donc donner à l’Est lyonnais les moyens de ses ambitions et la possibilité de répondre aux différents défis qui s’offrent à nous.
Alors en quoi le déclassement de l’A6 / A7 en boulevard urbain est-il un enjeu crucial pour l’Est lyonnais ?
Parce que les communes de l’Est lyonnais sont concernées et que les infrastructures routières (A46, Rocade Est, A43, A432…) font partie du projet d’ensemble. C’est là une occasion unique de repenser et de retravailler les déplacements à l’échelle de la Métropole. Ça tombe bien puisque, dans sa logique justement, ce déclassement doit profiter aux communes et aux habitants de l’Est lyonnais.
Le projet de requalification de l’axe A6/A7 déclassé a pour objectif premier de désengorger le trafic de transit, que ce soit à Lyon ou dans l’Est lyonnais. Les décisions qui sont prises aujourd’hui par la Métropole de Lyon ont pour but d’écarter le trafic à la fois du centre-ville de Lyon mais aussi de l’ensemble de la métropole, et de fait de la Rocade Est aussi. Ce puissant projet métropolitain n’est donc pas un projet lyonno-lyonnais, comme certains pourraient le penser. La motivation première est incontestable : éloigner le trafic de transit afin qu’il contourne l’agglomération lyonnaise et non la traverse de part en part comme c’est le cas actuellement, qu’il s’agisse d’A6-A7, du boulevard Laurent Bonnevay et de la Rocade Est.
Il ne s’agit pas non plus ici d’opposer l’Est à l’Ouest ou Lyon à sa périphérie. Il faut avoir une vision d’ensemble, précise, équilibrée et juste. Une vision qui soit réaliste et pragmatique, qui profite à l’ensemble des concitoyens de la Métropole de Lyon. Les nuisances générées par le trafic routier sont extrêmement fortes aujourd’hui, nous le savons. On peut évoquer, entre autres, le bruit ou la qualité de l’air ; sur ce dernier point d’ailleurs, la Métropole s’engage via le Plan oxygène (volet transports), avec l’incitation active au covoiturage et à l’autopartage, notamment électrique ou encore la réalisation de nouvelles pistes cyclables pour atteindre 1000 km de voies dans l'agglomération d’ici à 2020.
La volonté est bien de favoriser la multimodalité et d’inciter au report modal lorsque cela est possible, et de laisser une place à l’automobile car certains déplacements ou activités l’exigent. Lorsque l’on sait ce que représente chaque année le coût économique des embouteillages pour les grandes métropoles, on comprend mieux l’enjeu. Une étude* très sérieuse datant de 2014 estime à 17 milliards d’euros par an le coût des embouteillages en France (carburant gaspillé, usure accrue des véhicules et heures de production perdues par les entreprises…) ! Le déclassement est donc, pour toutes ces raisons, évidemment un choix de bon sens.
Néanmoins, transformer une autoroute en boulevard urbain en plein cœur de ville n’est pas sans conséquence, notamment en ce qui concerne le report du trafic. Chacun sait bien que tout ne se fera pas du jour au lendemain, c’est pour cela qu’un phasage est annoncé, pour tenir compte des réalités et engager la transformation.
Il existe là un point de vigilance qui est central : le déclassement en cours ne doit pas être synonyme de report de trafic sur la Rocade Est, déjà très congestionnée : 44 000 véhicules transitent chaque jour par la Métropole de Lyon dont 25 000 sur la rocade Est ! Une aberration pour ce qui était présenté à sa construction comme la "rocade des villages" ! L’enjeu est de remettre les usages au cœur de la logique. La rocade Est doit redevenir un itinéraire de desserte. C’est l’ambition de la Métropole.
Autre point essentiel : la question du phasage du projet. Elle est fondamentale pour qu’il n’y ait pas de report massif du trafic comme évoqué plus haut. L’avancée des travaux au cœur de la métropole doit s’accompagner de travaux à l’Est, sans quoi nous irions vers un black-out total, c’est une certitude.
Trois échéances sont avancées : 2020, 2025 et 2030. Plusieurs travaux sont annoncés comme le passage à 2*3 voies de l’A46 Sud (l’A46 Nord est passée à 2x3 voies en 2014 et a permis de meilleures conditions de déplacements), et les aménagements desnœuds de Manissieux et Ternay.
Le "shunt" de Manissieux peut être une première étape afin d’améliorer dans un délai court les difficultés actuelles, mais il n’interdit pas les études pour une liaison plus au large, c'est-à-dire le prolongement de l’A432 afin de permettre de répondre aux enjeux du territoire et d’apporter une vraie réponse au défi auquel nous faisons face. Il convient cependant d’être très clair sur les calendriers : les débats publics nécessaires, budgets et procédures l’imposent, ne rien faire sur Manissieux signifierait que rien ne se passera dans ce secteur avant 15 ans minimum !
Oui, l’A432 doit devenir obligatoire pour le trafic de transit. Elle a aujourd’hui deux handicaps majeurs : plus longue et payante pour les utilisateurs. Plusieurs options sont sur la table pour justement rendre le futur itinéraire de transit obligatoire et des dispositifs innovants sont à l’étude comme des portiques de lecture des plaques d’immatriculation en entrée et sortie afin de différencier les trafics et de verbaliser le cas échéant. Tout est envisagé pour que ce contournement en soit vraiment un dans les faits, et c’est tant mieux !
Il faut aller plus loin et demander dès à présent une mesure absolument essentielle : l’interdiction pure et simple des poids-lourds en transit sur la rocade Est. À eux seuls, ils sont plus de 10 000 par jour à transiter par la Rocade Est. En plus de congestionner le trafic, ils font peser de grands risques pour la sécurité des automobilistes. Ceux qui utilisent régulièrement cette voirie savent de quoi je parle ici ! De plus, la plupart des zones logistiques sont accessibles depuis l’A432, dont le tracé a en partie été pensé pour cela, à proximité immédiate de l’aéroport et la gare TGV de Saint-Exupéry.
Les transports en commun doivent aussi être évoqués et, à terme, le prolongement du métro à l’Est devra être abordé. Sûrement que la question du fret ferroviaire et fluvial mériterait également d’être approfondie.
Ce projet doit être considéré pour ce qu’il est : une réelle opportunité d’équilibre en infrastructures routières pour l’Est lyonnais qui améliorera la circulation et la mobilité de la Rocade Est. C’est bon pour la descente de Sermenaz, pour le Nœud des Îles, pour les communes riveraines de la Rocade Est. Les élus de l’Est lyonnais doivent donc sortir des postures politiciennes et contribuer aux réflexions qui sont menées en adressant des propositions concrètes au Président de la Métropole de Lyon.
Qu’ils soient forces de proposition plutôt que de s’enfermer dans cette position d’attentisme ou pire encore pour des élus, la politique du ni oui ni non. Cet enjeu nécessite un engagement fort et visible de leur part. Ce projet est une opportunité pour les élus d’inscrire ce territoire dans un nouvel équilibre profitable à sa population et à son tissu économique.
Alors faisons-le intelligemment. Il est dommage que certains élus traitent le dossier sous le seul angle de l’opposition politique. Il faut accompagner ce projet de bon sens et non point attendre sa réalisation dans l’expectative et la critique stérile. Ayons une vision ambitieuse et rassembleuse autour de ce projet. En cette période des vœux, je n’en demande pas plus, mais je sais que cette ambition est forte. Il en va de l’intérêt de nos concitoyens.
Issam Benzeghiba
Elu à Meyzieu, Professeur Agrégé d’Economie
* Fournisseur d'informations routières "Inrix", Le Parisien Octobre 2014
C'est l'histoire d'un idiot à qui on montre la lune et qui regarde le doigt...
Signaler RépondreC'est un édito, pas une thèse sur les transports.
Signaler RépondrePour info, globale il n'y a pas de "e" ici et incompétence s'écrit par contre avec un "e". Merci
Ce problème est un problème "globale" vu qu'il concerne TOUTE la France.
Signaler RépondreOr, le seul passage qui l'évoque est à mon sens :
"Sûrement que la question du fret ferroviaire et fluvial mériterait également d’être approfondie."
Et c'est tout.
Vous vous pensez économiste Monsieur ?
Le ferroutage se limite donc à un mot dans un phrase perdue dans un long article ?
Votre contribution est là pour flatter les ego, et jamais pour apporter des solutions concrètes, chiffrées, qui ne détruisent pas les terres agricoles.
BIEN VRAI !!!! Arrêtons les postures et travaillons dans l'intérêt collectif
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