“Ces trois scrutins ont été grevés de très graves irrégularités indignes d’un parti démocrate”. C’est ce qu’affirme Richard Morales, le leader du Modem à Villeurbanne en préambule du recours qu’il vient de déposer pour demander l’annulation des élections du président et du conseil départemental mais aussi des délégués à la conférence nationale du Modem. Ce qu’il considère comme une “injure faite à la démocratie” aurait selon lui fait fuir les principaux soutiens de Bayrou. Ainsi, Richard Morales affirme que seulement deux des 45 élus qui ont parrainé François Bayrou à l’élection présidentielle de 2007 seraient prêts à rééditer ce soutien. Un document d’une vingtaine de pages, pièces à l’appui.
Cible de son recours : Cyrille Isaac-Sibille, élu président mais aussi le principal animateur de sa campagne, Eric Lafond, tête de liste Modem aux dernières élections municipales qu’il accuse d’avoir réalisé une véritable “prise de contrôle du Modem” via son mouvement “Participation citoyenne”.
Première irrégularité selon Morales : ses concurrents, à la tête de la liste RModem, auraient démarré leur campagne le 5 août 2008 alors que le début était officiellement fixé au 1er septembre. De plus, la première liste déposée a été déclarée irrecevable car elle ne respectait pas la parité, entraînant le dépôt d’une seconde mouture enregistrée hors-délais.
“Abus de faiblesse”
Mais au-delà de ces histoires de date, Morales affirme que des militants auraient été inscrits sur les listes d’Isaac-Sibille “contre leur gré” et que ses rivaux auraient même obtenu des procurations de centristes villeurbannais en se réclamant abusivement de son soutien. Et ils auraient ensuite accompagnés “jusque dans l’isoloir” certains votants. Ce que Morales considère comme des “abus de faiblesse”. Enfin, 36 électeurs issus du mouvement écologiste de Corinne Lepage, rallié au Modem, auraient été autorisés à voter sans que les proches de Morales en soient informés. Certains proche d’Isaac-Sibille auraient enfin multiplié les adhésions bidons, jusqu’à 25 payées par la même personne. Pour Morales, toutes ces manipulations s’intégreraient dans une stratégie de “prise de contrôle” du Modem par Eric Lafond et son mouvement “Participation citoyenne” qui a rejoint François Bayrou à la dernière élection municipale.
Que ces accusations soient validées ou non par la commission nationale du Modem chargée des litiges internes, il parait acquis que les premiers mois de présidence de Cyrille Isaac-Sibille secondé par Eric Lafond, sont particulièrement agités et leurs méthodes très contestées. Du coup, certains centristes qui avaient été dans un premier temps choqués par les déclarations très dures de Richard Morales au sujet d’Eric Lafond, commencent à l'écouter. Enfin, les divisions du Modem affaiblissent ce parti. “L’éparpillement du centre fait le jeu de nos adversaires politiques”, insiste Morales qui se prononce pour un rassemblement des différents élus qui s’étaient dispersés sur les listes de gauche et de droite aux dernières élections, affirmant que la "pérénité" de nouveau parti centriste est désormais en jeu.
Retrouver dans le Lyon Mag de décembre un portrait d’Eric Lafond.