Jean-Jack Queyranne - DR
Cette alliance avait provoqué un véritable raz-de-marée politico-médiatique et fait réagir une bonne partie de la classe politique. Retour, avec quelques acteurs, sur un épisode qui a marqué la politique régionale et nationale.
Mars 1998, la France est dirigée depuis près de trois ans par Jacques Chirac. Charles Millon, lui, est à la tête du conseil régional de Rhône-Alpes depuis 1988 et vient de quitter son poste de ministre de la Défense. Il se présente à sa propre succession en 1998. Son principal opposant se nomme Jean-Jack Queyranne, élu du Parti Socialiste (PS) et secrétaire d'État à l'Outre-mer. C’est donc un duel droite-gauche en bonne et due forme.
Égalité parfaite entre la droite et la gauche
Le 15 mars, la population française est appelée aux urnes à l’occasion des élections régionales. En Rhône-Alpes, le résultat du scrutin offre une égalité parfaite entre les partis de centre-droit et de gauche : 60 sièges chacun. Le Front National, dont Bruno Gollnisch est le secrétaire général, obtient 35 sièges. Le parti Chasse, Pêche, Nature et Traditions (CPNT), représenté par Alain Roure, en récolte une, tout comme Pascal Abeille, un pro-indépendantiste de la Savoie. Les voix de ces deux partis s'annoncent donc décisif dans l'élection du président de conseil régional. Jean-Jack Queyranne, son adversaire à l’occasion de ce scrutin, garde le souvenir d’un homme qui ne se voyait surtout pas céder sa place : "à l’époque, Charles Million sentait le soufre. Surtout, il voulait à tout prix conserver la présidence", nous affirme aujourd’hui celui qui lui avait succédé six ans plus tard à la tête du conseil régional.
À trois jours du vote final, Alain Roure accorde sa confiance à Charles Millon. Ce dernier essaye alors d'obtenir la voix de Patrice Abeille afin d'assurer son succès. Mais le Savoyard annonce finalement donner son vote en faveur de Jean-Jack Queyranne, ce qui amènerait à une nouvelle égalité et laisserait le FN arbitre de l'élection. Charles Millon se sent désarmé et voit la défaite pointer le bout de son nez. Alors membre du conseil régional sous l’étiquette de la gauche plurielle, Thierry Braillard se souvient d’une tendance de certains membres de l’alliance RPR-UDF à faire tomber la barrière idéologique avec le parti alors dirigé par Jean-Marie Le Pen : "Il y avait déjà un fort courant à droite qui était d’accord pour travailler avec le Front National", estime l’ancien secrétaire d’Etat aux Sports.
Un rendez-vous décisif
C'est à ce moment là que le tournant de l'élection a lieu. Le mercredi 18 mars, deux jours avant le scrutin, Bruno Gollnisch, représentant le Front National, se déplace à Lyon depuis Paris à la demande de Charles Millon pour le rencontrer.
Des accusations d’alliance entre les deux partis surgissent de tous les côtés de la classe politique.
Charles Millon se justifie en invoquant un simple rendez-vous concernant les modalités matérielles de la séance inaugurale, et ses partenaires sont de leur côté certains qu'une entente n'a pu voir le jour entre les deux hommes. Thierry Braillard se souvient que du côté de la gauche : "on se méfiait beaucoup de la gouaille et de la mauvaise foi de Bruno Gollnisch. Quant à Charles Millon, on n’osait pas penser, de par son parcours, que cela était possible. Mais après, il y a eu un faisceau de faits qui nous ont amené à nous dire qu’il y avait bel et bien eu un accord".
Le secrétaire du FN affirmait "qu'il n'a pas été un seul instant question de l'organisation matérielle" et que la réunion concernait bien les modalités d'une alliance entre les partis de centre-droit et du FN.
“Il n'était pas chargé de cela, et en plus il est bien évident que je n'aurais pas fait spécialement l'aller retour depuis Paris pour discuter de ce genre de choses”, nous explique Bruno Gollnisch aujourd’hui. “Millon n'a tenu aucun des engagements solennels qu'il avait pris avec moi, et je passais pour un menteur en les rappelant. Comme c'était sa parole contre la mienne, c’était facile pour lui puisque j’avais une réputation de provocateur, j'aurais fait ca pour le compromettre etc… Fort heureusement, j'avais pris pour témoin Robert Marmoz car je savais que personne ne le récuserait, un journaliste de gauche à Libération. L’accord était un soutien de ma part, mais sous la réserve qu'il rende public l'entretien qu'il avait eu avec moi, qu'il nomme mon collègue et ami Hugues Petit rapporteur général du budget, et qu'il accepte environ 9 points politiques. Je ne sais pas pourquoi il s’est dégonflé, mais c'est extraordinaire, ce garçon je l'ai revu il n'y a pas longtemps dans le TGV et il est dans le déni le plus total, il a fini par se persuader de ce qu'il a raconté.”
Le vendredi 20 mars, c'est le grand jour à l'Hôtel de Région de Charbonnières-les-Bains. À l'issue de cette journée, Charles Millon est définitivement élu président de la région Rhône-Alpes. Patrice Abeille et Alain Roure ne changent pas leur ligne directrice et accordent leur voix respectivement à Jean-Jack Queyranne et Charles Millon. À l'issue du premier tour, les deux hommes sont à égalité avec 61 suffrages. Bruno Gollnisch obtient lui ses 35 voix du parti FN, son parti fera office de juge-arbitre dans cette élection.
Alors que les trois candidats sont encore en lice pour le second tour, Bruno Gollnisch prend alors la parole en pleine séance pour souligner les similitudes entre son programme et celui de Charles Millon. Il invite ensuite tous ses élus à le suivre et à voter en faveur du président sortant. Il n'y a alors plus aucun suspense et Charles Millon se dirige vers un nouveau mandat en tant que président du conseil régional de Rhône-Alpes. Les élus de gauche s'indignent et réclament une suspension du vote. Une requête aussitôt refusée, mais la séance est toutefois suspendue pendant 40 minutes.
Jacques Chirac : "Tu fais une connerie"
Les membres de la droite se retrouvent en compagnie de Charles Millon. Thierry Cornillet, président du Parti radical valoisien, refuse de s'allier au FN, mais il n'est pas suivi par les autres élus de droite. Le Président de la République, Jacques Chirac, est lui averti de l'alliance en cours entre le FN et les membres de droite. Il appelle son ancien ministre de la Défense et lui indique qu'il est en train de faire "une connerie". Charles Millon tente de le rassurer, il promet être en train de réfléchir. Il sera finalement élu au second tour avec 35 voix de plus que son adversaire. 35 voix qui émanent mathématiquement de Bruno Gollnisch et des autres élus du Front National.
Les réactions à cette élection ne se font pas attendre : "L'acceptation des voix du Front national est une faute politique grave", fait part Raymond Barre. Jean-Jack Queyranne indique lui que la droite est "l'otage du FN". A Belley où Charles Millon est maire, plusieurs habitants manifestent pour obtenir sa démission. Le jeudi suivant l'élection, le nouveau président du conseil régional rencontre Valéry Giscard d'Estaing qui n'a "rien à [lui] reprocher". Or l’UDF, craignant les conséquences d’une alliance perçue comme dangereuse, décide de séparer de Charles Millon, qui tentera néanmoins de subsister dans le paysage politique avec la création d’un mouvement baptisé "La droite". Mais cette tentative se solde par un échec.
“S'il avait complètement assumé, ce serait bien mieux passé, affirme Bruno Gollnisch. Ca lui a aliéné une partie de ses troupes, car cette hypocrisie était assez déplaisante, c'était une sorte d’aveu de faiblesse, et l'odeur du sang a attiré les fauves.”
Moins d’un an après le scandale, l’élection de Charles Millon à la tête de la région Rhône-Alpes est finalement invalidée par le Conseil d’Etat. C’est Anne-Marie Comparini, alors adjointe de Raymond Barre à la mairie de Lyon, qui lui succède.
Aujourd’hui, il existe un véritable héritage de cette affaire, qui se matérialise à travers certains comportements politiques. C’est du moins ce qu’avance Thierry Braillard : "Dans une région profondément marquée par la résistance, cette alliance a marqué les esprits. Cette affaire a laissé une teinture nationale et même régionale, on le voit aujourd’hui avec la posture de Laurent Wauquiez vis-à-vis du Front National".
20 ans après Charles Millon
Signaler Répondren'a pas changé. C'est toujours un allié et complice du Front National
://www.memorial98.org/article-22495156.html
Wauquiez ne pourra pas refaire comme Sarkozy.sa ne marche qu’une fois. Quand la grande finance en aura finit avec La France et que tous sera perdu .alors ,elle passera la main aux extrêmes en leur faisant porter le chapeau.
Signaler RépondreComme ce qui s'est passé à Décines ?
Signaler RépondreMais à Décines, ce sont les socialistes ou plutôt les menteurs et imposteurs qui se disaient socialistes qui se sont acoquiner avec l'argent et la finance privé au détriment des territoires publics.
Et si le FN est présent maintenant, c'est justement à cause de tes actions passées, tu en as dégoûté plus d'un, d'électeur, sur l’honnêteté morale et intellectuelle d'un élu de la république.
Wauquiez veut les voix du FN, sans alliance ... et celles du Centre!.. Les cocus comptez-vous!
Signaler RépondreToujours prêt à se vendre et à se renier ce Wauquiez!
Bémol : Wauquiez et Millon sont des libéraux... donc finalement...c'est l'argent qui compte... on a pu le constater lors des revirements de Wauquiez...
Signaler RépondreQuant à la guerre civile...à une date indéterminée, plus ou moins proche... et la tête des traîtres de Droite et du Centre, au bout d'une pique comme lors de la Révolution française... tôt ou tard
Signaler RépondreLe rapprochement LR/FN/DLF est la solution pour contrer l'union des libéraux mondialistes multiculturalistes européïstes derrière EM!
Signaler Répondresi vous n'avez que Thierry Braillard à citer.......
Signaler RépondreMr Millon au final était un visionnaire , la gauche a détruit ces 20 dernières années ce que mla droite a construit! au final tous les citoyens français sont perdants ! dégoutté!
Signaler RépondrePutain de béniouiouisme destructeur
Et dans 5 ans c'est les assistés de la life qui détruiront ceux qui bossent? ..et dans 10 ans ça sera l'anarchie ?
Etre de gauche en 2018 c'est dire tout haut je chie sur le système des non assistés ?
Apparement on peut raconter ce qu on veut, alors moi je veux le retour de qui veut gagner des millions, et si il faut l aide de l extrême droite: je dis oui.
Signaler RépondrePas contre la gauche avec les communistes... là c'est bien !
Signaler RépondreVisionnaire mal récompensé ce bon Charly, il avait raison avant tout le monde... Au diable les hypocrites qui ont « sauvé leur âme » ils ont avant tout voulu sauver leurs indemnités. Bravo Charles l l’histoire te donnera raison!
Signaler Répondrecomme ce qui se passe à Décines
Signaler Répondrecette acoquinage de la droite avec l'extrême peut engendrer des résultats terribles comme on l'a vu lors du match lyon cska moscou
Pas plus pourri que celui qu’on a aujourd’hui. Ils me font gerber tous les deux.
Signaler RépondreIl faut toujours un premier.. Merci Charles!
Signaler RépondreEt quand les socialistes s'acoquinent avec les cocos !!!
Signaler RépondreMonsieur Millon ancien mentor d'Etienne Blanc le vice président de la région AURA est la honte du département de l'Ain.
Signaler RépondreBattu aux sénatoriales grace à des grands électeurs de l'Ain conscients de ces néfastes idées, il continue de prôner un rapprochement LR / FN.
Le rapprochement entre Wauquiez et Le Pen sera facilité grace à ses actions.
Millon avant Wauquieze le symbole de la droite rassie et opportuniste ... mêmes maux, même peine ...
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