Il y en a qui ne se réjouissent pas du tout de l’inauguration du Grand Hôtel-Dieu. Ce sont les gens du collectif de promotion du feu Pôle Régional de Prévention de la Santé (PRPS), disparu après l’abandon du projet, réapparu subitement pour mieux re-mourir aussitôt. Ils demandent "des propositions concrètes", on croit comprendre que ce serait pour relancer un projet du même type.
Plus audacieux, ils réclament que le Grand Hôtel-Dieu soit carrément débaptisé. Supprimé, "Grand", car rien ne dit que la surface ait augmenté depuis qu’on l’a nettoyé. Supprimé "Dieu", car "Dieu n’est pour rien dans ce glissement sémantique scandaleux, qui voit sa maison de charité et de santé transformée en temple du luxe et de la consommation". Resterait "Hôtel", si on suit bien.
Ils ont des mots très durs contre ceux qui ont transformé ce "magnifique bâtiment historique de Lyon, symbole au coeur de la capitale des Gaules du christianisme social et de l’humanisme éclairé, (en) un temple du luxe et du commerce". Allant jusqu’à parler de "vol historique" et de "parjure".
Lors des élections municipales de 2008, Dominique Perben avait fait semblant de s’intéresser à la rénovation du lieu, poussé par Philippe Genin. Il parlait alors de conforter l’activité médicale, centrée sur l’enfance et l’adolescence, orientée vers la médecine de proximité. Du coup, son adversaire Gérard Collomb avait fait semblant de s’y intéresser aussi, envisageant déjà hôtels de luxe commerces et restaurants, mais tout en gardant une vocation médicale, pour respecter la tradition du lieu, créé en 1184 par les Lyonnais et financé par leurs dons. C’est dans ce contexte que le projet de PRPS avait vu le jour, soutenu à l’époque par 10 000 signataires.
Il s’agissait de regrouper les structures de prévention de la santé dans un espace de 2 000 m2. Et Gérard Collomb l’avait inscrit à son programme de 2008. L’élection passée, les choses devenaient moins urgentes. On engage en 2009 des études de faisabilité pour un montant de 200 000 euros. À l’automne 2010, on décide de confier la conduite du chantier au groupe Eiffage et là, bizarrement le projet de PRPS va s’acheminer tranquillement vers les oubliettes. Les discussions entre le maître d’oeuvre et les promoteurs du pôle n’aboutiront pas.
Qui est responsable ? En tout premier lieu le "parjure". Gérard Collomb allait répétant qu’il n’avait pas un sou d’argent public à mettre sur l’Hôtel-Dieu. Ce qui ne l’a pas empêché, font remarquer les pétitionnaires, de trouver 2 millions au titre de la Ville pour la Cité Internationale de la Gastronomie et 4 millions au titre de la métropole. Gérard Collomb encore, qui après avoir monté un comité de pilotage composé de Gilles Buna, Georges Képénékian, Denis Broliquier. Jean-Michel Daclin, David Kimelfeld, Jean-Pierre Calvel et de 7 représentants des HCL a fait ce qu’il savait faire de mieux : décider tout seul.
Autres responsables : les élus. De Perben à Broliquier en passant par Éric Lafond, tout le monde avait son mot à dire pendant la campagne de 2008 à propos de l’Hôtel-Dieu... et puis plus rien après.
Même Thierry Philip qui avait largement soutenu l’initiative en tant que conseiller régional chargé des questions sanitaires et sociales en 2010. Il démissionne en 2011 et on n’entend plus parler de lui sur ce dossier.
Également l’écologiste Alain Chabrolle, successeur de Philip à la région, qui aurait largement contribué à l’échec.
Troisième responsable, Eiffage lui-même. Le collectif du PRPS se plaint de n’avoir pas réussi à négocier un prix de loyer acceptable. Quelle surprise ! Ils auraient souhaité du 100 euros au mètre carré annuel quand le prix constaté sur le marché est de 300 pour les bâtiments rénovés. On ne peut pas oublier que Eiffage lui-même paie une redevance de 22,73 euros aux HCL et qu’il doit amortir les travaux.
Enfin, les associations porteuses du projet doivent bien être un peu responsables aussi de n’avoir pas trop réussi à se mettre d’accord sur un projet viable. Reste que la vocation humanitaire de l’Hôpital où exerçait Rabelais mais aussi Michel de Notre Dame dit Nostradamus, c’est bien fini.
Gérard Collomb risque-t-il les foudres de la malédiction ? La légende (fausse, selon les historiens de Lyon Capitale) prétend qu’un pape aurait maudit ceux qui oseraient détourner ce lieu de sa vocation.
Les foudres de Philippe Barbarin, c’est déjà fait. En référence au film Des Hommes et des Dieux, il avait adressé au maire de Lyon cette sentence "Tu n’as pas été élu pour décider tout seul". Ce qui prouve que l’archevêque n’est pas très familier de la politique.
Toujours à critiquer le bien fondé d’un si beau bâtiment qui partait en ruine. Aujourd’hui HD à retrouvé de sa splendeur. Et tant mieux il est en face de mon salon.
Signaler RépondreEssayer d'instruire les gueux est peine perdue.
Signaler RépondreNon, collomb n a jamais été élue par les lyonnais, mais par les « grands électeurs » qui profitent de ses largesses !!!!
Signaler RépondreLe maire de Lyon n est pas élus par les lyonnais... renseignez vous!
... c est pareil pour le président de la metropole et ... les sénateurs...
Tiens, encore des missions occupées par notre baron!!!
Très bien et alors ?
Signaler RépondreOn relève dans la prose de qui qualifie l’HD la volonté d’emblématisation du bâtiment, et l’utilisation d’épithètes empruntés à la joaillerie comme à la charité. Que l’HD soit un bâtiment emblématique nul ne le conteste. Mais il l’est devenu parce qu’il est le plus ancien hôpital de la ville, placé en son centre, construit en partie sur les plans d’un architecte célèbre, accueillant l’opulent, et le miséreux, la joie, et la douleur, la naissance et la mort. l’HD n’est pas l’aboutissement d’un programme architectural cohérent, mais le résultat d’une agrégation de morceaux d’architecture, répartis sur trois siècles, dessinés par des mains différentes, édifiés, restitués et restaurés par d’autres mains. Les programmes qui se sont succédés se sont opposés. Un système rayonnant (le cloître, autour de l’axe formé par le petit dôme), et un système linéaire fait d’adjonction de rameaux orthogonaux à partir d’une branche maîtresse (le bâtiment du quai). Les deux systèmes sont maladroitement raccordés au Nord où il a fallu réduire la galerie Est de la salle des quatre rangs. Depuis longtemps l'HD n’était plus xenodochium de jadis, point de départ et d’arrivée des hommes dans la ville des aumônes et la maison de Dieu. Autrefois repère cardinal, le flot de véhicules qui s’engouffrent et jaillissent alternativement de la trémie de l’axe Nord-Sud le reléguait en sombre décor théâtral flanqué d’une porte monumentale que nul voyageur ne franchissait. A l'Ouest l’ensemble s’achevait rue Bellecordière par les murs disparates d’une clôture sans charme. Dès 1905 l’hôpital ne répondait plus aux exigences d’hygiène et de salubrité. Tony Garnier alors architecte des HCL, à la demande du maire Victor Augagneur proposa sa destruction....
Signaler RépondrePrendre les lyonnais pour des guignols à des limites effectivement !
Signaler RépondreCombien as-tu touché, Gérard, pour transformer l'Hôtel-Dieu en centre commercial de luxe ?
Signaler RépondreÉlu 3 fois... Les électeurs ont choisi... Donc vous pouvez regretter mais c'est ainsi...
Signaler RépondreMais que disent les auspices ?
Signaler RépondreDe ces hospices hier xénodoques des pauvres hères et aujourd’hui amphitryon des gens d’argent…
Il n'est pas au service des puissants, il est au service de ce que vous avez dans la poche et que vous soutenez :
Signaler Répondrele fric.
Voilà, enfin les choses sont dites. Bravo pour cet article court et précis sur ce dossier.
Signaler RépondreCette affaire est symbolique de la politique française : au service des puissants, contre le peuple. Il était donc logique que Collomb rejoigne Macron-le-banquier.