Il sera suivi par d'autres actions similaires telles que le mouvement suivi par 3000 étudiants lyonnais le 7, ou l'occupation des ouvriers de l'usine Rhodiaceta et Brandt le 20. Tout le mois durant, Lyon a été le lieu d'évènements marquants pour ses habitants. A l'occasion des 50 ans de mai 68, nous avons décidé de revenir, par épisode sur ces évènements.
Le 13 mai 1968, entre 35 000 et 60 000 personnes défilent de la Bourse du Travail à la Place des Terreaux pour clamer leurs revendications. Cette manifestation met en scène le ralliement des syndicats et des étudiants. Ces derniers partent, eux, du campus de la Doua et du Quai Claude Bernard avant de rejoindre leurs camarades place Guichard. Les mouvements contestataires ont commencé à Paris mais sont rapidement suivis par Lyon, et les autres provinces.
Mais tout a démarré en réalité en 1967 lorsque les employés de l'usine Rhodiaceta (de soies artificielles) ont déclaré la grève. Les Lyonnais ont donc été confrontés, du jour au lendemain dans les rues, à de jeunes ouvriers de plus en plus violents, à des syndicats un peu dépassés par les évènements et une extrême gauche qui a profité de la situation pour faire passer ses messages.
"C'est un révélateur, je crois, de ce sentiment qu'on attendait autre chose"
"A l'époque il n'y avait que quelques élèves de tranches d'âges diverses. Et on a assisté en quelques années à l'explosion du nombre d'étudiants. On est aussi à la fin d'une période historique, "les trente glorieuses", dans lequel il y eu un développement économique et social qui se sont conjugués. Et il y a un sentiment qui s'est créer dans la jeunesse de l'époque, et notamment chez les étudiants, celle d'une insatisfaction, d'une situation qui semblait figée", se rappelle Pierre Bauby, qui a pris la parole devant la foule ce jour-là, en tant que président de l'Agel (Association générale des étudiants de Lyon).
"Certes il n'y avait pas de chômage, on fait des études et il y a des possibilités de travail. Mais où est l'utilité, où est la qualité, est-ce qu'il y a d'autres aspiration ?", se remémore Pierre Bauby.
A l'époque les étudiants disposaient d'une cité universitaire à proximité de Grange Blanche. Mais elle était exclusivement réservée aux filles. "Il y avait un règlement strict : interdiction aux garçons d'y accéder. C'est apparu à l'époque complétement en décalage par rapport au développement de la jeunesse. C'est un révélateur, je crois, de ce sentiment qu'on attendait autre chose", ajoute Pierre Bauby.
C'est en 1907, soit six ans après que l'Agel soit créée, que différentes associations d'étudiants françaises décident de fédérer entre elles et de fonder l'Union nationale des étudiants de France, plus connue sous le nom de l'UNEF.
Et en 1968, cette fédération était l'association de référence. "C'était l'équivalent du syndicaliste étudiant du moment, et il n'avait pas de concurrent. Tout le monde fait référence à l'UNEF", explique l'ancien président de l'Agel.
L'association était donc porteuse de la coordination du mouvement de la jeunesse. Elle cherchait à améliorer l'enseignement, la qualité de vie des étudiants. C''était un "cristallisateur" des aspirations de la jeunesse de l'époque qui va jouer un rôle, quand début mai 68 intervient à Paris, la répression violente des étudiants. Un sentiment de solidarité se développe très rapidement, générant des manifestations importantes partout en France et qui progressivement s'était étendues au mouvement syndical.
La manifestation du 13 mai était la plus importante manifestation populaire à Lyon depuis la Libération. Avec près de 60 000 personnes, ce mouvement était un réel évènement puisque manifestaient ce jour-là, avec les étudiants, la CGT, les syndicats ouvriers, les syndicats enseignants, et l'UNEF.
Un mois de contestation mais aussi de bonne humeur
Après avoir défilé dans le tout Lyon, à leur arrivée Place des Terreaux, Pierre Bauby est désigné pour prendre la parole et représenter tous les mobilisés. Il se souvient "d'une forte solidarité avec le mouvement des étudiants contre la répression et l'aspiration des mouvements de la jeunesse de l'époque".
L'ancien président de l'Agel précise que même s'il y avait une forte mobilisation, l'ambiance était cependant festive. "On était au mois de mai, au printemps, il faisait beau. C'était le printemps dans tous les sens du terme, le printemps politique, culturel et même au niveau du climat. C'est cette convergence là qui m'a particulièrement marqué", ajoute l'ancien président de l'Agel.
Les manifestants n'avaient pas de hantise de trouver du travail. En 1968, "ils attendaient autre chose que l'emploi, ils voulaient pouvoir s'exprimer, exprimer leurs valeurs, et attentes dans leur travail. Ils aspirer pouvoir créer et participer à la société", explique Pierre Bauby.
Lors de notre prochain épisode nous reviendrons sur la manifestation du 24 mai 1968, où dans la nuit, le colonel René Lacroix a perdu la vie.
ah le bon vieux temps !!!
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