Comme on passe d’une vie de trader à celle de moine ?
Henry Quinson : C’est tout sauf un coup de tête. Déjà à 20 ans, avant de devenir trader, je me posais la question. Mais la vie monastique me faisait peur. Il m’a fallu attendre huit ans pour me lancer. Et je n’ai jamais regretté.
Vous êtes d’une famille très catholique ?
Oui, la religion a toujours été très importante chez nous. Ma mère était engagée dans des associations religieuses, on allait à la messe tous les dimanches, on priait à la maison... Et j’ai pour ancêtre Pauline Jaricot, une figure lyonnaise qui a fondé au XIXe siècle la Propagation de la foi.
Pourquoi alors devenir trader ?
Mon père étant banquier, j’ai suivi la voie familiale. Et comme j’étais très bon élève, je suis devenu trader. Après des études d'économie à la Sorbonne et à Sciences Po, j’ai commencé à Wall Street à New York, puis à la City à Londres. Et enfin, à Paris dans la salle des marchés de la banque d’affaires Indosuez. Bref, à 28 ans, j’avais réussi.
Quel genre de vie vous meniez ?
J’habitais un bel appartement situé près de la tour Eiffel à Paris, je gagnais énormément d’argent, je fréquentais les élites politiques et économiques du pays... Mais, j’avais déjà beaucoup de recul sur ma vie. D’ailleurs, je n’étais pas du tout un flambeur. Je n’ai jamais roulé en Ferrari, ni collectionné les femmes !
Pourquoi alors tout quitter pour devenir moine ?
J’ai eu un déclic en 1989 quand la banque d’affaires Merryl Lynch a voulu me débaucher en me proposant un salaire démesuré. Je me suis alors posé la question du sens que je voulais donner à ma vie. Et ma foi en Dieu s’est imposée comme une évidence. Je voulais devenir moine pour être en accord avec moi-même.
Qu’est-ce qui vous choquait dans votre vie de trader ?
Rien. Je ne suis pas parti pour des raisons négatives. D’ailleurs, je ne renie pas mon ancien métier. Mais je voulais vivre pleinement ma foi. Du coup, j’ai décidé d’aller vivre au monastère de Tamié près d’Annecy, une abbaye dirigée par des moines cisterciens. Un endroit que je connaissais bien, car enfant, je passais mes vacances dans le chalet de mes grands-parents, situé juste à côté.
La vie était dure dans ce monastère ?
Oui, je me levais tous les matins à 3h30 pour prier, j’ai fait vœux de pauvreté, de chasteté... Et j’ai été ordonné prêtre, Pendant six ans, j’ai mené la même vie que les autres moines. Une vie faite de prières, d’études, mais aussi de travail puisqu’on fabriquait notre propre fromage, le tamié, un reblochon local, pour faire vivre la communauté.
Vous n’avez jamais douté ?
J’avoue que la première semaine, je me suis posé des questions. Surtout quand je me suis retrouvé dans la cave à retourner des fromages toute la journée ! Alors que quelques semaines avant, je gérais un portefeuille d’actions de 15 milliards de dollars, soit le budget de la Tunisie !
Pourquoi avoir quitté le monastère ?
Mes nuits étaient trop courtes ! Mais au fond, c’était peut-être une excuse. Car j’avais envie de me rendre utile aux autres. Et surtout d’aider les gens défavorisés des banlieues. D’ailleurs je n’ai jamais compris pourquoi l’Eglise était absente dans ces quartiers. C’est trop facile de dire qu’on aime les pauvres quand on vit au Vatican ou dans un beau monastère. Si on veut vraiment aider son prochain, il faut aller vivre avec lui. Et l’aider à s’en sortir. C’est ce que j’ai fait en créant en 1997 la Fraternité Saint-Paul, dans un quartier difficile de Marseille.
Pourquoi s’installer à Marseille ?
Avant de rentrer au monastère, j’ai eu une vision. Je me suis vu dans une cité à Marseille entouré d’enfants à qui je faisais classe ! Alors que je n’avais jamais mis les pieds dans cette ville ! Et curieusement, huit ans plus tard, on m’a proposé de fonder une communauté de prières à la cité Saint-Paul, un quartier d’immigrés. Bref, pour moi, c’était un signe.
Quel est le rôle de cette Fraternité ?
On est une petite communauté de quatre frères, qui prient, étudient... Mais notre objectif, c’est surtout d’aider les habitants de ce quartier défavorisé, même si la majorité ne sont pas catholiques ! On a donc monté un groupe de bénévoles qui font du soutien scolaire aux enfants, on aide les gens dans leurs démarches administratives...
Et ça marche ?
Quand je vois que certains enfants issus de l’immigration à qui on a donné des cours font de études prestigieuses, je me dis qu’on est utiles. Et que tout est possible quand on a la foi.
Comment vous voyez votre avenir ?
Je ne sais pas ! Aujourd’hui, je suis également prof d’anglais dans un lycée, j’écris des livres sur la religion, je donne des conférences sur l’Islam, les immigrés... Bref, je n’arrête pas. Mais une chose est sûre, je ne redeviendrai jamais trader !
Propos recueillis par Stéphanie Pioud
s.pioud@lyonmag.com
“Moine des cités, de Wall Street aux quartiers nord de Marseille”, Henry Quinson, éditions Nouvelle Cité, 221 pages, 22 euros.
Proche de Barre
Né d’une mère lyonnaise et d’un père américain, issu d’une grande famille de soyeux lyonnais, Henry Quinson a passé une grande partie de son enfance à New York. Mais aussi à Bruxelles et Paris, où travaillait son père, banquier. Enfant, il passera souvent ses vacances chez ses grands-parents à Lyon. Une ville à laquelle il reste encore très attaché. D’autant plus qu’il était un proche de la famille de Raymond Barre. D’ailleurs, il va soutenir activement l’ancien maire de Lyon en 1988 pendant la campagne présidentielle. Puisqu’il sera le coordinateur du réseau des jeunes militants barristes en France. Dans son livre, “Moine des cités “, Henry Quinson fait une révélation étonnante : huit ans avant de mourir, Raymond Barre, qui était déjà très malade, avait refusé une greffe de reins qui aurait pu lui permettre de vivre plus longtemps. Car l’ancien Premier ministre avait préféré que
J'ai asssisté à une conférence d'Henri Quinson, à l'école de la 2ème chance à Marseille. Je tenais à le remercier pour toutes les recherches spirituelles, qu'il a entrepris, tout le long de sa vie et qu'il dispense à ce jour, avec un précieux joyeux. Sa vie et un exemple pour nous tous, qui cherchons un sens à notre vie. Merci
Signaler Répondrehenry quinson est mon professeur d'anglais en 4B a saint marie blancarde et au lycée l-olivier si vou venez le lundi ou le mardi vou le verrez surement il est super sympa c'est un professeur vraiment geniel et exptionnel !!!! VIVE M.QUINSON
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