Il est environ 8 heures, ce mardi matin, lorsqu'un incendie se déclare dans une pièce contenant des armoires électriques et des serveurs. Problème : cette salle se situe à près de 125 mètres sous terre, au cœur de l'ouvrage enterré de la base aérienne 942, dans les Monts d'Or, au nord de Lyon. C'est en substance le scénario retenu pour l'ELMOS 2018, l'Exercice local majeur d'organisation des secours.
Ce rendez-vous, organisé tous les quatre à cinq ans, s'est tenu pour la dernière fois en 2013. Il vise en priorité à assurer "une coordination interservices, car il y a de nombreux acteurs, rappelle le colonel Chabert, du SDMIS 69 et qui joue le rôle de commandant des opérations de secours. Il y a d'abord les acteurs de la base, les militaires, qui sont les primo-intervenants et qui ont leur propre service de pompiers. Ensuite, il y a les services de secours extérieurs : les sapeurs-pompiers du Rhône (le SDMIS 69, ndlr.), le SAMU, la cellule d'urgence médico-psychologique et puis les gendarmes qui vont sécuriser les abords." Il est donc primordial de coodonner tout ce petit monde, une tâche dévolue au plan ORSEC (Organisation de la réponse de sécruité civile) déployé et que l'ELMOS vise à valider pour la BA 942.
L'hôpital improvisé sur le site - LyonMag
Un site hautement sensible et en partie confiné
Au total, plus de 300 unités militaires et civiles sont mobilisées pour l'exercice et plusieurs dizaines de véhicules. Car l'intervention simulée demande des moyens très spécifiques à plusieurs égards. Déjà parce qu'elle a lieu au cœur d'une installation militaire hautement sensible qui "a un rôle clé dans le commandement et la conduite de toutes les opérations aériennes de l'armée de l'air et dans la protection du territoire national, puisque la mission dite de police du ciel est menée depuis ce lieu", détaille le colonel Arnaud Bourguignon, commandant de la base aérienne.
La BA 942 Lyon Mont-Verdun est en effet le centre névralgique de la sécurité aérienne nationale. C'est ici que tous les objets qui volent dans l'espace aérien français sont identifiés et où les éventuelles décisions, notamment d'interception, sont prises.
Mais ce qui rend l'exercice particulier, c'est également le caractère sous-terrain du lieu. Près de huit kilomètres de galeries ont été creusés à même la montagne dès les années 50, afin de protéger le site. Et si cela représente un avantage certain en termes de sécurité et de contrôle, c'est également un casse-tête en cas d'intervention massive des secours.
D'où l'intérêt de ces "répétitions générales" pour maîtriser ce type d'intervention en milieu confiné. "La difficulté d'un tel ouvrage, c'est avant tout l'incendie, les fumées et les problèmes de visibilité, explique le colonel Chabert. L'un des points également très importants, c'est par rapport aux personnes qui entrent dans l'ouvrage. Il faut pouvoir toutes les tracer à la sortie et n'oublier personne, puisque l'objectif numéro 1, ce sont les vies humaines." L'aspect matériel passe en effet en second plan, les missions vitales du site étant assurées par une autre base en cas de besoin.
L'un des hélicoptères utilisés pour l'exercice - LyonMag
Pour pousser le réalisme de l'exercice, certaines victimes ont été maquillées avec un réalisme saisissant par un studio spécialisé situé à Genève, "pour que les secours aient la surprise", explique-t-on. Ces derniers n'ont en effet pas la moindre idée de ce qu'ils vont trouver sur place. Quatre hélicoptères (deux militaires, un du SAMU et un de la Sécurité civile) ont également été mobilisés pour effectuer des allers-retours avec l'hôpital militaire de Desgenettes, situé dans le 3e arrondissement de Lyon.
Un militaire fausse victime des flammes - LyonMag
L'exercice est impressionnant. Six mois de préparation auront été nécessaires, afin de parfaire la préparation des équipes à ce genre de risque. Si l'incendie est la principale crainte, le risque terroriste ou d'intrusion malveillante est lui aussi pris au sérieux. "On s'entraine régulièrement à mettre en place des mesures de protection particulières de la base. On a notamment un exercice qui s'appelle BASEX et que l'on réalise deux fois par an pendant une semaine", précise le commandant de la BA 942.