Il sera soutenu par d'autres actions similaires telles que le mouvement suivi par 3000 étudiants lyonnais le 7, ou l'occupation des ouvriers de l'usine de soie artificielle Rhodiaceta et Brandt le 20. Tout le mois durant, Lyon a été le lieu d'évènements marquants pour ses habitants. A l'occasion des 50 ans de mai 68, nous avons décidé de revenir, par épisode sur ces évènements.
Le 24 mai 1968, marquera un tournant dans les événements qui ont touché Lyon cette année-là. Durant la nuit du 24 au 25 mai, la manifestation des contestataires fera sa première victime, le commissaire René Lacroix.
Une journée de contestation violente qui engendre une mort en fin de soirée
L'appel à la mobilisation lancé par l'UNEF (l'Union national des étudiants de France) rassemble dans la rue étudiants et grévistes. Partant de la Place des Terreaux pour rejoindre la préfecture, les manifestants font face à un barrage au niveau de l'entrée du pont Lafayette. Des émeutes éclatent. Vers 23h40, un camion chargé de pierres est lancé en direction du barrage des forces de l'ordre, par les contestataires. Le commissaire René Lacroix, qui tentait apparemment de monter dans la cabine pour arrêter le véhicule, sera alors touché et succombera des suites de ses blessures à l'hôpital. Les émeutes ont engendré près de 200 arrestations et quelques hospitalisations.
"J'étais sur place, j'ai vu le camion partir avec personne au volant. La manifestation a démarré des Terreaux. L'objectif était d'aller jusqu'aux théâtres des Célestins. Après il y a eu détournement de parcours et l'objectif était d'atteindre la préfecture. Les CRS bloquaient le pont pour empêcher d'approcher la préfecture. Sauf qu'il y a une autre section de la manifestation qui était partie sur le pont plus en aval (Pont Wilson). Je me trouvais sur le pont côté Galeries Lafayette*. C'est là que j'ai vu le camion s'en aller. Après il y a eu un mouvement de panique dans l'assistance, puisqu'on a appris à la radio dans une déclaration du préfet du Rhône qu'il y avait un commissaire qui avait été écrasé par un camion fou contre le parapet du pont et que le camion avait fini sa course sur un lampadaire", témoigne Jean Kergrist, ancien journaliste pour Témoignage Chrétien et auteur du livre "Libérez Raton !".
Les circonstances de la mort du commissaire resteront floues pendant des années. A l'époque les autorités affirmaient que René Lacroix était mort des suites de ses blessures infligées lors du choc par le dit camion tandis que d'autres expliquaient ses contusions par le massage cardiaque pratiqué par les médecins.
A cause des gaz lacrymogènes lancés ce soir-là, une vision nette de ce qui se passait sur le pont était presque impossible, comme le montre la vidéo de l'INA. Il était donc difficile de voir comment le camion a percuté René Lacroix.
Raton et Munch : "des boucs-émissaires"
Ce n'est qu'en 1970, soit deux ans après les faits, qu'un coup de théâtre intervient dans l'affaire. Aux assises du Rhône, ont été jugés pour homicide volontaire, deux trimards Michel Raton et Marcel Munch. Tous deux ont été accusés d'avoir lancé le véhicule fou sur le commissaire. L'hypothèse d'une mort différente est évoquée. Selon l'interne qui avait pris en charge René Lacroix, le commissaire serait mort d'une crise cardiaque. Il semblerait que le policier était détenteur ce jour-là de médicaments pour des problèmes de cœur. D'après l'interne, les contusions et l'écrasement de sa cage thoracique pouvaient s'expliquer par le massage cardiaque et n'était pas dû au choc du camion, comme l'avait annoncé les légistes à l'époque.
"Le docteur Grammont, qui avait témoigné spontanément au procès, était l'interne qui a pris en charge le commissaire Lacroix. Il a été le témoin à décharge lors du procès Raton-Munch. Parce que très vite on avait trouvé deux boucs-émissaires, deux trimards qui avaient le profil idéal pour être des coupables. C'était Raton et Munch, qui auraient soi-disant lancé le camion fou avec une pierre sur l'accélérateur", indique Jean Kergrist.
Le procès a très vite été expédié par manque de preuve. Entre 1968 et le procès en 1970, les deux individus vont être incarcérés. Ce n'est qu'après le témoignage de l'interne, qui a pris en charge René Lacroix, que Raton et Munch seront acquittés.
L'éventuelle permutation des Lacroix
Ce qui a également grossi l'affaire cette année-là, c'est la publication du Canard Enchainé annonçant la mort d'un deuxième Lacroix, le soir de l'accident.
"Le Canard enchaîné avait affirmé que les deux corps avaient, à un moment, été intervertis à la morgue. A partir des photos que j'ai trouvé, j'ai la preuve que c'est le bon Lacroix qui a été autopsié. Les photos de cette autopsie pour moi ne font aucun doute. Ce n'est pas non plus, simplement un urgentiste, qui lui a cassé les côtes en pratiquant la respiration artificielle. Il a bien des contusions multiples sur le tout corps comme s'il avait été plus que frôlé. Sur toute la cuisse il y avait des fractures évidentes. A mon avis, il a bien été touché par le camion même s'il n'est pas mort tout de suite", témoigne Jean Kergrist.
Une mort qui aurait servi politiquement
"Cette mort du commissaire Lacroix a été exploitée par le préfet du Rhône ce soir-là, qui a fait une déclaration disant qu'il avait été écrasé sur le pont. Et Georges Pompidou, le lendemain, en avait fait une également. Il pouvait enfoncer un clou, en montrant que la violence avait fait une victime côté police. Ce qui permettait de convoquer tout le monde aux accords de Grenelle en disant 'il faut arrêter le carnage' ", ajoute Jean Kergrist.
Les accords de Grenelle résultent d'une discussion collective engagée par le gouvernement en mai 1968, avec les syndicats de salariés et des organisations patronales. Aucune des parties n'a signé ou reconnu le document comme tel, toutefois le gouvernement de Georges Pompidou en a appliqué ses mesures.
Lors de notre prochain épisode nous reviendrons sur la manifestation du 31 mai 1968, qui avait rassemblé près de 100 000 personnes. Un record seulement battu par le rassemblement pour Charlie Hebdo à Lyon.
"Libérez Raton !", Jean Kergrist, édition Montagnes Noires, 12 euros.
NB : *Les Galeries Lafayette se situaient à l'époque à Cordeliers dans l'actuel bâtiment de l'enseigne Boulanger.
en mai 1968 ma compagnie fut appelée en renfort dans Lyon ,nous étions censé surveiller et empêcher les émeutiers ayant envoyé des tracs comme quoi ils allaient détruire les antennes de relais de diffusion de radio et télévision ,trois antennes de 80 m de haut haubanées et reposant sur un roulement gros comme un ballon de handball dans un terrain clôturé et entouré d'un ruisseau ,nous étions hébergés dans les bureaux du personnel de radio diffusion ,nous couchions sur des lits de camps ,avec dessous des caisses de munitions et des grenades !au plus chaud de la manifestation ,nous nous sommes retrouvés sur une place où régnait une grande confusion le capitaine d'une autre compagnie avait pris le commandement de notre compagnie car sa voix était très forte !nos fusils étaient chargés à balles réelles ,nous étions derrière une compagnie de CRS ,et les pierres et autres objets volaient bas ,le capitaine avait ouvert son holster et s'était ébraillé : le premier qui ferme sa culasse prend une balle dans la gueule ,nous nous étions consulté du regard ( qui sont éloquents dans ces moments là ) nous ne tirerions pas quoi qu'il arrive !c'est ce jour là qu'un commissaire de gendarmerie s'est fait écraser par un camion fou ! très mauvais souvenir !
Signaler RépondreC’est devenue consanguin et de tout bords puisque c’est Les memes qui bossent pour les marchés financiers. L’aristocratie mais sans les peuples.
Signaler RépondreC'est drôle : il y avait déjà des véhicules fous à l'époque.
Signaler RépondrePas de délinquant, pas de voyou, pas de musulman, pas de terroriste, pas d'islamiste, pas d'assassin... juste des véhicules fous.
Quelle belle époque !
Et la violence de l'Etat est un bon exemple ?
Signaler RépondreLe jour où vous serez victime d'une "erreur sur la personne", vous comprendrez le problème.
Si en face il y a ce que vous dites, c'est uniquement parce qu'en face c'est ultra violent puissance 10.
En 1968 les Enarques ont pris le pouvoir et depuis ils ne l'ont pas lâché.
Signaler RépondreQuand je pense que la police c'est fait avoir a Marsseille il n'ont pas eux le courage de tirer sur les salopards qui les. Tenaient en joux.la cause le monistre de l'intérieur sui. E les soutient pas.Par contre arreter un un jeune en. Vouture qui a fumé in joinla on voit leur. Bravour
Signaler RépondreLes images de l'arsenal des zadistes, on le connait bien, et il n'y a rien inoffensif. Quand tu as en face de toi un groupe de sauvages qui te balancent des cocktails molotov, de l'acide, des produits explosifs, des boules de pétanque, des objets cloutés, des armes léthales finalement, tu te défends avec quoi? des bouquets de fleurs?
Signaler RépondreLa lacrymo seule elle sert à quoi face à des gens équipés de masques à gaz?
Et pourquoi ramasser une grenade? Le jour ou un gars se jettera sous les roues d'un car de CRS, on interdira les car de CRS?
qui utilise des grenades explosives alors qu'ils sont censés ne plus les utiliser car ça cause trop de mort ?
Signaler RépondreQui amène la violence avec de tels explosifs ?
Vous voulez reprocher à cette personne de renvoyer à l'expéditeur ?
Qui "ont fait le malheur de notre France, aujourd'hui au bord de la ruine et de la guerre civile!"
Signaler RépondrePrétendre cela alors que des millions d personnes aimeraient vivent en France et pas seulement ceux des pays du tiers monde .
Et oui c'est plus comme avant et c'est tant mieux parce qu'avant c'était tarte.
un peu facile
Signaler Répondreétrange pas d'images de l'évacuation de la ZAD. Des journalistes confinés et un gouvernement qui a horreur du collectif...
Qui tenait la grenade qui a arraché une main?
Signaler RépondreFin de l'histoire, merci.
Un camion fou qui s'est mis à avancer tout seul... vous nous prenez pour des imbéciles? Raton et Munch n'étaient peut-être pas coupables de meurtre, mais peut-être l'était-il d'avoir lancé ce camion fou?...
Signaler Répondre68 est une date funeste de notre calendrier... et les soixante-huitard qui nous gouvernent depuis des décennies ont fait le malheur de notre France, aujourd'hui au bord de la ruine et de la guerre civile!
Et oui, utiliser la mort de quelqu'un qui est apparemment mort d'une crise cardiaque alors qu'il ne devait pas être là (journée de repos), les photos d'un journaliste qui "disparaissent"...
Signaler RépondreEt il y a deux jours, une main arrachée à un manifestant à Notre dame des Landes, et les journalistes ? Interdits de présence.
La vidéo des CRS ?
Mystère...
Notre société n'a finalement pas avancé d'un pouce depuis 68 dans de nombreux domaines.
Sinon vous saviez que le gouvernement à décidé de ne plus interdire les poules en cage?
Signaler RépondreQue le glyphosate ne sera finalement pas interdit dans 3 ans?
Fascinant
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