Dix ans c’est un bel anniversaire ! En forme de pari gagnant dès la première édition car l’adhésion populaire à ce nouveau festival de cinéma, original dans son contenu (pas de compétition et une redécouverte en salle d’un panorama particulièrement vaste des films du passé) avait été immédiate.
Le Festival Lumière a grandi et s’arroge désormais le titre de plus grand festival de patrimoine du monde. Il se double d’un marché du film classique qui accueillera les professionnels dans un second village dédié exclusivement à cette activité économique moins connue mais importante.
Que de beaux souvenirs en une décade ! Clint Eastwood, Quentin Tarantino, Michael Cimino, Martin Scorsese, Roman Polanski les plus grands sont venus séjourner à Lyon et il est impossible de citer tous les autres tant la liste est impressionnante et fait rivaliser Lumière avec le casting de Cannes !
Le festival offrira à ses spectateurs (plus de 100 000 en une huitaine de jours), un montage de Thomas Valette qui égrène une foule de cinéastes, scénaristes, producteurs, acteurs et comédiennes, célèbres et talentueux, qui ont ces dix dernières années présenté des films en salles ou échangé en master class avec un public de cinéphiles ou de curieux dans une ambiance joyeuse et bienveillante. Parmi cette légion de visages connus on reconnaît celui de Jean Michel Aulas dont on peine à se souvenir de ses derniers rôles ou d’un lointain long métrage ! Mais il est vrai qu’à Lyon si on aime le cinéma, on n’en reste pas moins supporter !
Cette dixième édition honorera la grande Jane Fonda, actrice récompensée par deux Oscars mais aussi militante politique très engagée dans les années 60/70. Les fidèles du festival seront également privilégiés par le fait de visionner en salle et non sur leurs écrans de télé ou d’ordinateur, deux productions de Netflix, Roma d’Alfonso Cuaron qui vient d’obtenir le Lion d’or à Venise et The Other Side of the Wind, dernier film d’Orson Welles que la planète cinéma attend de voir depuis cinquante ans ! Un évènement !
Thierry Frémaux qui s’était fait censurer à Cannes la diffusion des productions Netflix par la majorité du conseil d’administration (et en particulier les exploitants) fait acte de liberté en accueillant dans son festival l’un désormais des plus gros producteurs du monde, tourné vers les auteurs, tel que le futur film de Scorsese.
Ceci pour alimenter ce débat très ouvert, qui le passionne et sur lequel il écrit un essai, sur la façon dont les spectateurs décideront de s’approprier aujourd’hui comme demain de nouveaux supports pour découvrir les films et ainsi faire vivre le cinéma.
Dans la foison de projections, de conférences, de dédicaces, de concerts et de rencontres diverses qui nourrira ce dixième Festival Lumière, on commencera à tracer des plans de cette une nouvelle Cité du cinéma qui pourrait s’élever sur des terrains limitrophes au Hangar du premier film.
L’architecte Renzo Piano se positionne mais le financement public sera sans nul doute difficile à trouver. Le mécénat de nos grandes sociétés locales serait-il envisageable ? Une chose est certaine, la ville fondatrice du cinéma, qui préserve ce patrimoine inédit par l’Institut Lumière et le popularise par son Festival ne peut passer à côté d’un aussi beau chantier culturel dont le futur maire de Lyon sera en charge sur la prochaine décennie.
Eric Pelet