Dans cet épisode 3, il y a des choses qui ressemblent à l’épisode 2 (de Bron). Catherine Panassier, maire du 3e arrondissement de Lyon, fait toujours le même bide en comparant son activité d’élue de la Métropole (la prospective) avec le film Le 5ème élément (la science-fiction). Il y a toujours Michel le Faou, vice-président à l’Urbanisme, pour dire des choses complexe à base d’"arbre à haute tige pour architecture bio climatique" et de "rétro calendrier de modification du PLUH".
Il reste quelques élus locaux pour faire remonter des préoccupations qui les tenaillent (la disparition des bancs publics qui privent les personnes âgées de leurs lieux de rendez-vous, de Vénissieux à Mermoz).
Et il y a toujours des citoyens qui veulent qu’on les écoute, mélangeant vie personnelle et intérêt général : Christine défend la survie des maisons d’ouvriers du 8e arrondissement, menacées par les promoteurs qui les remplacent par des gros logements de 7 mètres de haut. Elle en sait quelque chose, son jardin s’est effondré dans les fondations du chantier voisin. Il y a aussi cette marcheuse "dans le 1er sens du terme" - rire de la salle - qui voudrait que la lumière de la ville reste forte la nuit pour ses balades insomniaques.
Le retour du fils prodigue
Tout ça est intéressant mais connu. Il y a une grande nouveauté : les scénaristes ont fait revenir l’acteur qui jouait le rôle principal dans les 17 saisons précédentes : Gérard Collomb. Sans spoiler l’épisode, le pitch est clair : qui aura le plus beau texte, de David Kimelfeld, président de la Métropole et inventeur des Belles Rencontres, ou de Gérard Collomb, acteur multi-récompensé pour l’instant dans le rôle de Maire de Lyon ?
Ce dernier prend l’avantage dès le début en prenant la parole en premier avec une déclaration qui survole la Métropole d’un coup (le nouvel Ikea vers Vénissieux, Mermoz-sud à réhabiliter, et la Fête des Lumières). On se dit que c’est plié, que le Maire de Lyon va régner. D’autant plus qu’il est parfois aidé par la salle : Marion explique qu’elle veut poser une question "qui s’adresse au maire de Lyon" sur les compétences économiques…. du ressort de la Métropole.
Et quand l’annonce des tragiques événements de Strasbourg s’immisce dans la soirée, Gérard Collomb est à la tribune : "J’ai été ministre de l’intérieur, j’ai eu à gérer des questions de sécurité. Quand vous devez prendre la responsabilité d’arrêter ou pas la Fête des Lumières ça vous engage".
De toute façon, qui pourrait arrêter un Gérard Collomb lancé sur le tissu industriel métropolitain ? Voici l’agrégé de Lettres Classiques métamorphosé en Responsable Chimie Organique de l’IUT Lyon 1 : "On a dans la tête que la chimie c’est polluant, mais c’est fini tout ça. Arkema à Pierre Bénite a construit un monocoque de 6 m en polymère entièrement réversible engagé sur la Route du Rhum. Quand il sera trop vieux on le retransformera en polymère".
Autant de sujets qui passionnent Gérard Collomb… et qui n’ont aucun rapport avec la Ville de Lyon. Alors si par malheur une question porte sur une compétence de la ville, personne ne peut plus répondre de rien : "Sur la lumière je voudrais dire quelque chose car c’est de ma compétence. J’ai eu une réunion tout à l’heure avec le Préfet de Région. Et j’ai rappelé combien la lumière est essentielle pour lutter contre la criminalité. Par exemple dans la rénovation de la place des Terreaux on va faire une lumière belle, douce mettant en valeur la beauté des monuments, et à partir de minuit on augmente l’intensité pour que le bas des pentes ne soit plus le lieu d’une grave criminalité", conclu fièrement le maire de Lyon.
Ce sont MES Belles Rencontres
L’énergie déployée par l’actuel maire de Lyon pour être sur toutes les balles n’empêche pourtant pas David Kimelfeld d’exister. Grand seigneur, il le fait parfois en rendant hommage à son prédécesseur : "Dès 2001, Gérard Collomb a donné l’autorisation d’extension des terrasses des restaurants sur le stationnement. Cela fait de l’animation et donc de la sécurité quand on rentre le soir seule(e) tard".
Mais il montre qu’il ne cédera rien sur les domaines qui sont ceux de la Métropole : "Rien qu’en 2018 c’est 20 000 entreprises créées sur le territoire, et mon travail c’est de faire que les chefs d’entreprises aient envie de venir chez nous".
Si le discours est nécessairement bien cadré, la touche Kimelfeld est perceptible. Heureux de dialoguer avec le public, parfois avec humour : "Comment avec vous eu cette info madame ? Dans le Met’ ? [le journal de la Métropole, ndlr] Ah ! C’est vous LA lectrice du Met’".
Car en public en tout cas, David Kimelfeld est beaucoup plus drôle que Gérard Collomb. A une habitante déclarant l’apprécier pour son humanité sans avoir compris où le situer politiquement, le président de la Métropole sourit : "Ah je vous comprends. Moi-même, certains jours, je ne sais pas où me situer politiquement".
Mais pas d’humour toujours. Une prise de parole de Jean-Paul Vilain, président de la Coordination Urgence Migrant qui estime que la Métropole ne fait pas assez pour accueillir les Mineurs Non Accompagnés (MNA) et qu’elle est donc hors la loi, va faire surgir un David Kimelfeld presque furieux. "Je ne vois pas l’intérêt de caricaturer notre action M. Vilain. Nous faisons beaucoup, à côté de l’engagement humanitaire des associations, peut-être pas assez face à l’ampleur du problème, mais beaucoup" réplique sèchement le président de la Métropole.
"Il est très engagé sur cette question", expliquera ensuite Pascal Isoard Thomas, son conseiller social.
Pourquoi justement sur cette question laisser transparaître une véhémence (qui ne l’empêchera pas de saluer cordialement le Jean-Paul Vilain en question autour d’un verre de jus d’orange après les Belles Rencontres) ? Peut-être justement parce qu’il sait qu’il fait beaucoup plus que le maire de Lyon à qui personne ne reprochait rien sur le sujet. Il reste encore quelques petites leçons sur l’injustice en politique à apprendre à David Kimelfeld.
Mais l’élève apprend vite. Il devrait être prêt pour 2020.
""""" "j'ai déjà vu des faux culs mais là c'est une synthèse...""""
Signaler RépondreAyant assisté à l'épisode 2 à Bron, vous avez bien raison ..... ....tous les épisodes se suivent et se ressemblent.
Ils devraient plutôt se renommer "le bal des faux-culs" :))
saluer l'écriture du papier...
Signaler RépondreLes belles rencontres :
Signaler RépondrePour paraphraser une réplique culte de Bernard Blier dans le film de Michel Audiard
"Elle boit pas, elle fume pas mais elle cause..."
"j'ai déjà vu des faux culs mais là c'est une synthèse..."
Quel beau feuilleton !
Signaler RépondreVivement le prochain épisode.
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