Lyon Mag.com : Quelle était l'image de Roger Planchon auprès de ses collaborateurs ?
Murielle Poulard : Roger était quelqu’un de particulièrement abordable et chaleureux. C’était un autodidacte, doté une culture impressionnante, mais il était aussi très modeste, il disait par exemple que Tchekov était trop difficile pour lui. Il entretenait des relations cordiales avec les artistes. Il pouvait se montrer parfois un peu despote, mais c’était toujours pour la bonne cause, il poussait chacun à dépasser ses limites et à donner le meilleur. Le plus déconcertant était sa gigantesque capacité à travailler, il pouvait revenir sur un texte et creuser son sens très longtemps jusqu’à ce qu’il soit satisfait.
Qu’a-t-il apporté au Théâtre National Populaire de Villeurbanne?
Pendant ses 30 ans à la tête du TNP, Roger a toujours insisté sur l’idée d’un théâtre accessible au plus grand nombre et subventionné par l’Etat. Pour lui, les théâtres de province devaient être publics, afin de garantir la qualité. Quand il réalisait une pièce, il imaginait que ses parents viendraient la voir et qu’il ne faudrait pas les décevoir. Il voulait que les spectateurs en aient pour leur argent. Il a également toujours poussé l’Etat et le ministère de la culture à soutenir le TNP afin de garantir son développement, c’est ce qui a permis d’en faire ce qu’il est aujourd’hui.
Quel souvenir Roger Planchon laisse-t-il derrière lui ?
Robert Planchon laisse surtout le goût d’approfondir chaque chose, de se surpasser. Il a su montrer à tous que le théâtre était un moyen de penser. Pour Roger, le théâtre était très encré dans la réalité. D’ailleurs, il répétait souvent que « le théâtre est une brèche ouverte sur le monde ». Enfin, il soulignait l’importance de l’humour et de la féérie au théâtre et c’est ce que nous tentons de poursuivre aujourd’hui avec Christian Schiarietti, le directeur actuel du TNP.
Propos recueillis par Elodie Fereyre