A Lyon, on n’a comptabilisé que 13 réunions publiques. Convenons que c’est peu pour la 3e ville de France, surtout en comptant celle du 10 février qui n’a réuni que 8 participants. Tout le monde a crié contre le fait que les thèmes étaient choisis par Macron, que le rétablissement de l’ISF n’était pas possible, que c’était un faux débat, etc. etc. En vérité, le problème posé par ce GDN était ailleurs, et nous l’avons découvert par hasard.
Parce que nous voulions vraiment participer à ce grand débat. Bien sûr que nous aurions pu simplement contribuer en ligne sur la plateforme granddebat.fr, sur un ou tous les 4 thèmes proposés. Mais ce site ne permet pas la confrontation d’idées, seulement d’exprimer ses revendications “brutes” sans possibilité de réponse. Le cadre que fournit le site est très restreint, les questionnaires sont orientés, les réponses toutes prêtes. L’organisation en ligne est confiée à “Etalab”, une mission interministérielle qui a pour but d’améliorer et de promouvoir l’ouverture des données.
La déconvenue est cependant rapide, suivre le beta du kit de cadrage proposé ainsi que l’ensemble de la démarche s’adresse en réalité aux décideurs publics, pas aux citoyens.
Nous voulions participer à une vraie réunion, entre vrais citoyens, sans responsables politiques, sans professionnels dont la présence bride souvent l’expression d’idées nouvelles. Les élus sont dévoués à leur idée du bien public, mais ils sont pris dans leurs contraintes. D’ailleurs, des élus nous en avons vu à l’occasion de ce GDN. Nous étions tous sur le plateau de TLM, lundi 11 février, en compagnie d’Hélène Geoffroy (Maire de Vaulx-en-Velin), Annie Guillemot (sénatrice PS du Rhône), Thomas Gassilloud (député LREM du Rhône) et Jérôme Moroge (maire LR de Pierre-Bénite et conseiller régional Rhône-Alpes Auvergne).
Même eux ne débattaient pas. Certain(e)s défendaient des dispositifs de réunions d’initiative locale, d’autres souhaitaient la suppression des avantages des anciens Présidents de la République. Des idées sans lien entre elles, sans relief, ni précisions sur leur application. Les étiquettes politiques disparaissaient comme si chaque élu pouvait reprendre et défendre chaque proposition. Dans ce temps restreint, aucun n’est revenu sur les propositions d’un autre. Ce n’est pas cela, l’idée que l’on se fait d’un vrai débat.
Il est vrai qu’organiser un débat n’est pas facile. Là encore, quand on parvient à en trouver un (celui dont nous parlons s’est déroulé à Grenoble) on assiste plus à une juxtaposition d’idées sans lien les unes avec les autres. Là, en une demi-heure, pas moins de 48 propositions ont été faites, sans qu’aucune ne trouve d’échos dans la salle. La parole est passée dans l’ordre dans laquelle elle avait été demandée, tout le monde donnant un avis sans que personne ne se réponde.
Ce débat-là, comme tous les autres, était un débat organisé par des élus. Que se passerait-il si nous en organisions un sans eux ? Pour avoir un vrai débat de citoyens, il fallait réserver une salle. La Bourse du travail (Lyon 3ème) en a plusieurs. Mais il faut être syndiqué pour s’en voir prêter. Nous ne sommes pas un syndicat. Alors les mairies d’arrondissements, par exemple le 4e ? Nous avons envoyé un mail à David Kimelfeld, président de la métropole : “Pourrions-nous, s’il vous plaît, avoir une salle pour une centaine de personnes dans le cadre du Grand Débat National ?”
Sept jours plus tard, réponse négative : il faut être une personne morale pour pouvoir réserver. Essayant alors l'échelon municipal et nous obtînmes la même réponse, dans le même délai. Donc pas de salle sans être une association avec un service de sécurité et une assurance. Voilà de quoi décourager même les plus motivés des citoyens engagés.
Le Grand Débat National est une Grande Déroute Notoire, non pas parce que les thèmes sont définis en dehors de la communauté des citoyens, mais parce qu’à part dans ces miettes de démocratie qu’il nous reste : les PMU en fumant dehors, à la sortie des écoles avec les papas, les mamans et les autres baby-sitters et parfois en bas des immeubles, nous ne pouvons avoir de lieux pour débattre.
La Grande Déroute Notoire
Rencontrez le nouveau chef/Le même que l'ancien chef.
Signaler Répondre-- The Who, 1971
Grand débat national : la montagne va accoucher d'une souris!
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